{ INTRIGUE : Will you be my Valentine ? }

— Ton rire résonne pour se mêler au sien ; c’est sur que finir par ne même pas se souvenir de la soirée ou pire, se retrouver à se tenir respectivement les cheveux en vomissant dans les toilettes, ça ne vend pas de rêve. Décidément, tu n’en attendais rien et au final tu passes un plutôt bon moment avec quelqu’un qui semble te correspondre – ou au moins, te compléter.
C’est un peu tôt pour les conclusions hâtives, alors tu ravales tes pensées en te souvenant de la façon dont s’est terminé ta dernière expérience dans ce domaine. Tu souris doucement quand elle fait référence à votre repas de ce soir par rapport à ton métier. « Mais non, t’inquiète pas ! Ça fait du bien parfois de manger n’importe quoi. » Hochant vivement la tête, tu t’accordes même régulièrement ce genre de petits plaisirs – même une cuisinière peut apprécier la malbouffe de temps en temps. Tu te retrouves touchée à la fois par sa curiosité et par son enthousiasme alors tu réponds sans hésiter. « Des spécialités cubaines ! Si ça te plaît, t’es la bienvenue en tout cas. Le restaurant est dans le quartier de Fredelig, du côté Festive Gate. » C’est peut-être trop ou pas assez ; elle pourrait ne pas trouver avec si peu d’informations mais tu pourrais passer pour lourde en lui donnant l’adresse exacte. Tant pis, les restaurants comme les tiens ça ne court pas les rues de toute façon… ça devrait aller, non ?
Dans l’attente du résultat face à son expression surprise, tu déglutis difficilement en te rendant compte de secondes en secondes que cette devinette était une terrible erreur. Le visage sérieux et concentré quand elle t’annonce enfin la vérité, tu finis par concéder la défaite en hochant doucement la tête. « Oh… j’ai visé très à côté, mais c’est vrai qu’entre s’occuper des chiens et des enfants… j’imagine qu’il faut autant d’énergie et de bonne volonté. » Tu te détends et finis par sourire. « J’adorerais adopter un chien, un jour. » Maintenant que tu as la place et les moyens, c’est le moment.
Impressionnée par son parcours, tu te sens soudain toute petite. C’est vrai que Bergen est une grande ville, les gens viennent de partout et ont tous des expériences différentes. « J’ai jamais fait d’études, j’ai travaillé dès que j’ai pu parce que j’étais pas très bonne à l’école mais… je peux comprendre la peur du grand saut. » Bon, dans ton cas, il y avait aussi une famille à nourrir et ton travail n’était pas toujours très légal. Passant sous silence tes années en prison – pas très glamour pour une soirée comme celle-ci – tu finis par poser un regard doux sur elle. « Mh… je dirais que tant que tu peux te le permettre financièrement, c’est toujours bien de prendre son temps. » Tu te redresses sur ta chaise, polie, quand les frites arrivent et lui fais un mouvement de tête pour l’encourager à commencer.

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Will you be my Valentine ?

Amusée, je ne peux que hocher la tête lorsqu’elle plaide en faveur de la malbouffe. C’est la meilleure amie de tout le monde de temps en temps, dans des moments de joie comme de tristesse, et plus encore quand une soirée touche à sa fin. « – Disons qu’avec une année de plus de célibat, ça s’excuse vite ! On a carrément le droit de se péter le bide. » Il y a un petit moment que je ne me suis pas changé les idées de la sorte. Sortir, faire des soirées, rencontrer de nouvelles personnes et aller danser, c’est toujours cool, mais le faire aussi tout en restant tranquille, ça l’est aussi. Au moins, ça me rassure dans le fait que les gens peuvent m’apprécier pour ce que j’ai à dire, et pas seulement parce que je fais la pitre ou parce que j’essaie de sociabiliser au maximum avec tout le monde.

En attendant que nos fameuses frites arrivent, j’ai envie de m’ouvrir l’appétit en découvrant ce qu’elle fait, puisque j’ai une cheffe à ma table, et je souris un peu plus à sa réponse. « – Avec plaisir ! En général je ne suis pas franchement difficile, alors je pense que je pourrais venir y manger facilement, je suis souvent de ce côté-là ! Une fois j’ai goûté des… empañadas, est-ce que c’est Cubain ? » Je grimace, incertaine et un peu inquiète de l’offenser. Que ce soit pour mon accent, ou bien par le risque de tomber à côté de la plaque. Mais au moins, si je me suis trompée, je ne ferai pas l’erreur une seconde fois. « – Le chien, c’est vraiment le meilleur animal du monde. Les chats ne sont pas loin derrière, et les félins aussi, mais les chiens… Des machines à câlins. » Je ne suis pas certaine de lui apprendre grand-chose à ce sujet, alors je me reprends bien vite, pour lui proposer à mon tour :

« – Est-ce que tu as une idée de race en particulier ? Je pourrais peut-être te conseiller ! » La légèreté part un peu lorsque je me confie sur les doutes qui m’envahissent sur l’avenir, et je souris doucement quand je crois deviner qu’elle essaie de me rassurer. Elle m’invite d’ailleurs à goûter les frites en premier, comme si j’avais besoin de cette chaleur salée pour me réconforter un peu. « – Je crois que j'ai aussi peur de ce que je pourrais vivre. C'est pas franchement un métier facile, et l'école ne nous prépare pas à toutes les situations, mais bon. Je sais pour quoi j'ai signé, et personne ne va venir me chercher si je ne me bouge pas. »

J'attrape une petite poignée de frites et j'en enfourne une dans ma bouche pour éviter de trop parler, levant ensuite mon pouce en l'air pour indiquer à Stella qu'elles sont bonnes. « – Je trouve qu'on a encore plus de mérite quand on ne passe pas par la case études. J'imagine que tu as dû bosser deux fois plus dur pour te faire une place et une réputation, alors c'est cool !  »

— Riant avec elle derrière ta main, tu apprécies d’être tombée sur quelqu’un de si compréhensive et surtout, de si naturelle. Ça aurait pu être bizarre et déprimant, mais au final, c’est plutôt amusant. Après lui avoir expliqué la spécialité de ton restaurant, tu lui souris légèrement en entendant son accent espagnol. « C’est pas spécialement cubain, mais on en fait aussi ! » Tu vois bien qu’elle a peur de se tromper, mais en réalité, la cuisine d’Amérique latine est assez vaste et beaucoup de plats sont repris un peu différemment selon les régions.
Attendrie, tu l’écoutes parler des chiens et des chats avec un petit sourire. Quand elle te demande quel genre de chien tu voudrais, tu réalises alors que tu n’y as pas vraiment pensé. « Ah, je sais pas encore ! J’aime bien les gros chiens… mais je crois que ce qu’il va se passer, c’est plutôt que je vais aller au refuge et voir avec lequel je m’entends bien. » Tu ris encore une fois d’un air léger parce que tu n’y connais vraiment rien, et qu’il faudrait que tu te penches sur la question avant de craquer.
Sur un sujet plus sérieux qu’est l’entrée dans le monde du travail, tu réalises que tu es plus âgée qu’elle – et dedans depuis bien plus longtemps aussi. Sans pouvoir lui donner de réel conseil, tu comprends ce qu’elle te dit sur le décalage entre l’école et le terrain. A la fois gênée et flattée par ce compliment qu’elle te fait, tu entreprends de goûter les frites pour reprendre une contenance. « Ouah, c’était… surtout beaucoup de plonge et un peu de chance ! » Haussant les épaules, tu ne sais pas trop quoi en dire. Tu as surtout enchaîné les petits boulots merdiques dans des restaurants, fait des mauvais choix qui t’ont menée là où tu n’aurais jamais du être. Mais ce n’est pas le genre de choses dont on parle pendant la saint Valentin.
Finalement, tu observes l’assiette vide et réalises que ce rendez-vous arrangé va toucher à sa fin. Avec un sourire, tu t’adresses à elle en espérant ne pas avoir ce ton très professionnel de d’habitude. « Est-ce que tu prends un dessert ? » En tout cas, toi, tu as clairement assez mangé pour les trois prochains jours alors tu vas t’arrêter là.

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« – Oh, c’est cool ! Je risque bien de venir que pour ça et pour enrichir ma culture gastronomique alors. » L’une de mes principales motivations pour voyager est bien sûr la découverte de paysages différents, mais aussi la dégustation de plats locaux. Certes, c’est toujours mieux de se rendre directement sur place pour mieux en profiter, mais si ça me plaît, ça me fera toujours une bonne excuse pour avoir une prochaine destination de vacances. Je me rends bien compte que je parle sans doute trop de nos amis à quatre pattes, et j’avale d’ailleurs quelques frites supplémentaires pour lui laisser davantage la parole. Je souris un peu plus quand elle me suit dans cette voie, et je hoche la tête à son idée.

« – Ils s’occupent bien d’eux, c’est là-bas aussi que j’ai adopté ma petite chienne. Je crois qu’ils ont pas mal de huskys et de bergers, on dirait des nounours sur pattes. » Ma petite Frida ne ferait pas vraiment le poids face à eux, même pas à la course, mais bon, ce n’est pas vraiment ce qu’on lui demande. Elle vit pour être mignonne, manger et recevoir des papouilles, quel paradis. Je termine petit à petit mon assiette moi aussi, et je lâche un petit rire quand elle semble faire preuve d’humilité sur son parcours. Je ne sais pas si c’est par pudeur ou simplement car elle n’a pas envie de parler travail un soir de repos, ce qui serait logique. « – J’espère avoir de la chance aussi ! »

Il est aussi probable que je me mette beaucoup trop de pression toute seule, mais je sais que la situation actuelle ne pourra durer indéfiniment. J’attrape ma coupe de champagne pour faire passer le tout, et étrange, le combo vin pétillant/frites n’est pas si dégoûtant qu’il n’y paraît. « – Oh, je crois que tous les petits chocolats ont bien fait l’affaire… Et toi ? »

— Tu souris, hochant la tête pour l’encourager. « J’espère t’y voir alors ! » Évidemment, c’est toujours un peu de pression de devoir se conformer aux attentes et ne décevoir personne avec ta cuisine, mais tu ne t’en fais pas trop. Suite aux détails sur le refuge et l’adoption de chiens, tu te mets un peu à rêver d’un gros nounours sur pattes, comme elle dit. « Oh, je devrais vraiment y faire un tour alors… » Tu as toujours voulu un compagnon sans jamais trop avoir le temps pour t’en occuper, c’est peut-être l’occasion. Quand la conversation tourne un peu plus autour des études et du passage dans le monde du travail, tu te retrouves à être un peu mal à l’aise qu’elle te félicite ; toute ta vie est bien loin d’avoir été rose ou du bon côté de la loi. « Je croiserais les doigts pour toi. » Mais tant que tu peux la pousser dans la bonne direction ou faire partie des gens qui croient en elle, alors tu ne t’en prives pas.
La fin du repas et de l’événement arrive à grand pas. Étouffant un petit soupir amusé à sa réponse pour le dessert, tu ne peux qu’approuver ça. « Oh non, moi aussi ça va aller ! » Entre ce que tu t’es enfilé avant qu’elle n’arrive et les chocolats, puis les frites que tu lui as piquées… tu crois qu’il vaut mieux que tu t’arrêtes pour ne pas exploser. Avec un sourire reconnaissant, tu te permets quand même quelques mots. « J’attendais vraiment rien de cette soirée à part pleurer et boire du champagne jusqu’à plus soif alors… merci d’avoir rendu ça agréable à la place. » Doucement derrière ta main, tu n’as pas peur d’admettre que tu as frôlé la catastrophe, ce soir.

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Will you be my Valentine ?

Mon sourire se fait un peu plus large lorsque ma description de la SPA et de ses pensionnaires a l’air de la convaincre d’y faire un tour. Je ne peux qu’hocher la tête pour l’y encourager, et je termine mon assiette de frites avec le cœur plus léger que lorsque je suis entrée ici. Je ne cherche pas spécialement à me mettre en couple et je crois que je vis plutôt bien le fait d’être seule pour le moment, mais c’est toujours agréable de se sentir comprise ce soir, et plus encore dans un décor comme celui-là. Finalement, moi qui avais une petite appréhension face à ce système de date arrangé, je suis plutôt contente de m’être jetée à l’eau. Au moins, ça m’a permis de faire connaissance avec quelqu’un. Sinon, je me connais, je ne serais pas restée seule bien longtemps, et j’aurais avalé une ou deux coupes de champagne avant de rentrer dans mon appartement vide, à regarder une série débile pour me changer malgré tout les idées.

« – C’est gentil ! Je pourrai toujours passer de temps en temps à ton restaurant pour te dire comment ça se passe. » Enfin, si elle est d’accord bien sûr, mais ça me plairait bien de garder contact avec elle. J’ai l’impression qu’on s’entend plutôt bien, et que ce n’est pas uniquement grâce au hasard qui nous a placées ensemble. D’ailleurs, on dirait qu’on pense à la même chose au même moment, puisque sa phrase reflète assez ce que je me disais à l’instant. « – Je trouve ça chouette, moi aussi ! Et pour être honnête, j’aurais sans doute été dans le même état… Quitte à balancer quelques emballages de chocolat sur les couples un peu trop entreprenants en public. »

Je pouffe un peu bêtement, probablement portée par l’euphorie du moment et les coupes de champagne, que je ne compte plus vraiment. D’ailleurs, je termine la dernière avant de me redresser lentement, essayant de ne pas faire de bruit trop grinçant. C’est comme si la moindre fausse note pourrait troubler l’atmosphère, et je n’ai pas spécialement envie d’attirer l’attention sur moi. « – Je crois que je vais rentrer… Si tu y vas aussi, on pourrait faire la route avec plaisir ! Enfin, je pense surtout à commander un taxi. » Amusée, j’attrape ma veste et mon sac en attendant sa réponse, contente d’être venue.

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