ujourd’hui, il y avait une offre exceptionnelle au zoo de Fredelig. Puisqu’il ouvrait ses portes, les places étaient à -50% ce qui valait le coup pour la majorité des gens, mais, ça ce n’était vraiment pas un souci je pouvais toujours compter sur papa pour ce qui était des dépenses. En plus, étant donné mes projets et le soutien qu’il m’apportait, ce n’était pas ce qui allait le déranger… Enfin bref, cessons nos bavardages inutiles et revenons en à nos moutons. Je faisais claquer la porte du frigo, ma bouteille d’eau à la main, quand miss Elizabeth me coupa la route sans même regarder où elle allait. « Hey, tu pourrais faire attention non ?! » hurlais-je alors dans toute la villa des Wintley, réveillant à coup sûr maman. De toute manière elle est tout le temps énervée, alors ce n’était pas ça qui allait y changer grand-chose… Je posais ma bouteille sur le comptoir de la cuisine avant d’admirer ma chevelure ainsi que mon nouveau short en jeans grâce au reflet produit par la vitre du four. On fait avec ce qu’on a n’est-ce pas ? Finalement, je saluais papa et les autres avant de prendre une paire de clé de voiture et de grimper dedans. J’aurais pu aussi bien appeler un chauffeur, mais pour une fois, j’avais envie de me balader et de rouler un peu.
Un pas après l’autre, j’étais en voiture et profitais d’être à l’arrêt pour mettre lunettes de soleil, clim et bien sur, ouvrir les fenêtres. J’attendrais d’être une rue plus loin pour mettre la musique en route, sinon, j’allais m’attirer les foudres d’un Wintley au hasard et j’avais pas envie de ça… Bref, je vous épargne la route, ce n’est pas ce qu’il y a de plus fun que je sache. Se garer en revanche, certains trouvent cela compliqué, d’autres auraient bien envie que je dise que c’était une véritable galère mais non, rien de tout ça : se garer, c’est se garer, point. A mon arrivée, je n’étais pas étonnée du monde qui était présent, il fallait s’y attendre. Je ne me souvenais pas que c’était aussi chiant d’attendre en revanche… Je m’installais sagement dans la file d’attente et espérais de tout cœur entrer le plus rapidement possible dans ce qui ressemble le plus à un havre de paix pour moi : le zoo.
« Mais qu’est-ce que j’ai fais au bon dieu pour être accablé comme ça par le destin ? », Louis de Funès. Parfois, il arrive que ce que l’on veut bien appeler destin n’est pas le fruit du simple hasard, ni le résultat du destin comme on l’entend. Si j’avais choisi de me rendre au zoo de Fredelig, c’était bien pour profiter de l’offre du jour parce qu’on va pas se mentir, être un magicien entrepreneur, ça ne rapporte pas gros… Enfin si, ça amène au moins un peu de bonne humeur et le dialogue se fait un peu plus facilement que pour quelqu’un d’autre, enfin j’imagine ? Toujours muni d’un paquet de 32 cartes dans la poche, un briquet dans l’autre poche, je me rendais non sans joie au zoo. Seul. Pas de sœur dans les pattes, pas de pote, pas de clope –ça va pas tarder, n’y croyez pas- et pas de femme en cloque ! Ouais non, c’était juste pour la rime, on est d’accord, je vous ai fais peur ? Mieux encore, je vous ai choqué ? Tant mieux alors, parce que j’aime ça !
Une fois arrivé aux abords du zoo, je me suis vite rendu compte qu’il y avait un monde fou, et je regrettais presque d’avoir eu cette idée folle - ..mais qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer l’école ! .. Vous l’avez dans l’crâne ? C’était gratuit, bisou !. C’est à ce moment précis que je me suis rendu compte aussi qu’il était temps de s’en allumer une. Ni une, ni deux, clope au bec, briquet en patte, le drame était fait. Mais c’est trop bon, désolé ! J’observais les gens autour de moi, essayant tout de même de ne pas faire chier avec cette foutue drogue qu’on ose appeler « cigarette ». Inutile de se faire des ennemis, les gens n’avaient pas à payer mon addiction. En fait, observer les gens, ça permet d’en apprendre beaucoup en très peu de temps. Il y avait un petit gars pas loin qui me regardait, intrigué, de manière persistante. Je ne voulais pas me laisser démonter, et pour lui faire plaisir, j’ai commencé à aspirer une longue bouffée. Je rouvris la bouche et commencer à dessiner des cercles et d’autres trucs plus ou moins fun. Ah le tabagisme, tout un art…
Puis, clope terminée, je reprend ma position initiale. A ma droite, un couple. Mauvais public, le mec pourrait me sauter dessus. Derrière ? Personne. Droit devant, un groupe de filles un peu fangirl sur les bords… Mauvais genre. A ma gauche ? Une rousse, seule. Bingo ! Je me racle la gorge et parle en sa direction tout en lui tapotant sur l’épaule, au cas où elle ne me calculerait pas. « Eh, excuses-moi. » Je la vois me regarder d’un mauvais air. Pas bon, mauvais signe. « Je crois que tu as quelque chose derrière ton oreille. » Le tour que tout le monde connaît, le tour qui permet d’établir un contact très facilement.
’attendais sagement que mon tour vienne, ce moment où j’allais pouvoir rejoindre le parc animalier et gambader dans celui-ci. Pour autant, le destin, et un mec d’un genre nouveau en avaient décidé autrement. Je remontais une mèche de cheveux quand un jeune homme vient me demander pardon, en me touchant l’épaule. Une chance que mon père n’était pas là, je crois qu’il l’aurait allumé sur place ! Je le regardai l’air sévère, prête à le foudroyer des yeux mais écoutais ce qu’il avait à me dire. Quelque chose derrière l’oreille ? Moi ? Mais qu’est-ce que… qu’on appelle l’asile, en v’la un qui s’est échappé Nom Didiou ! Je m’apprêtais à l’incendier sur place quand ma mémoire a reprit ses droits. En effet, ce regard franc, cette casquette et ces tatouages, je me souvenais de lui sans pour autant avoir été grande amie avec lui. « Matthew ? », étais-je vraiment à Fredelig ou étais-je restée aux USA ? La question se posait presque ! C’était carrément bizarre qu’il soit lui aussi présent. On était ensemble dans nos classes précédentes je crois, mais on a jamais vraiment échangé… Je me demandais ce qu’il était devenu depuis ces quelques mois, années même. « Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Ca fait longtemps ! ».
Je n’étais pas vraiment contente de le voir, ni même contente, j’étais plutôt neutre en fait. Je m’étais jamais vraiment intéressée à lui ou à ce qu’il pouvait bien faire. J’en avais presque oublié ma présence ici, ou même son espèce de tour de passe passe qu’il avait tenté de faire. Je consommais de l’eau, provenant de ma bouteille d’eau, tout en continuant de regarder le jeune homme. Finalement, quand j’y pensais, sa présence me rassurait en un sens. Je ne serai pas seule pour entrer dans le parc, voilà de quoi me faire plaisir car, avouons-le, se promener seule, dans un immense zoo… C’est la loose totale ! Puis bon, même si ce n’est pas un mec canon de ouf ou quoi, il avait au moins le privilège d’être sympathique. De mémoire, ce n’est pas quelqu’un qui avait beaucoup d’amis ou qui causait beaucoup… Enfin c’était peut-être une occasion de faire connaissance, de s’intéresser à lui par exemple. Un mec chelou commençait à arriver, sa démarche n’était guère rassurante, et la présence du jeune homme m’était d’autant plus rassurante.. Encore que, si il était grand, il n’était pas impressionnant… Mais soit ! « Dis, est-ce que tu as prévu de rejoindre quelqu’un ? Autrement, je serai vraiment ravie que tu m’accompagnes. » demandais-je avec un sourire léger mais sincère. Espérons juste que la parole lui soit venue avec les années, autrement, j’allais m’ennuyer.
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