Etudier la musicologie, c’est cool ! Surtout quand tu passes le plus clair de ton temps à ne pas écouter le cours, mais plutôt à faire ce que tu veux faire : de la musique. Un écouteur camoufflée par sa chevelure brune, Aty faisait mine d’écouter le cours alors qu’en réalité, si ses yeux regardaient le prof de temps en temps, son cœur et son esprit vagabondaient sur une mélodie qu’elle bidouillait alors en toute discrétion sur son ordinateur. Merci l’université, tu nous sauves la mise à accepter la présence de ce dernier ! Le PC portable, c’est toute ma vie ! Alors que le cours suivait son train, je plongeais ma main dans ma trousse, rien que pour picorer une céréale que j’avais planqué là, parmi tant d’autres. Qui n’a jamais fait ça dans sa vie ? Bande de mythomanes, je suis sûre et certaine que vous l’avez tous fait, vous ne me ferez pas croire le contraire. Partie dans mon élan, je tape dans mes mains et dandine sur ma chaise avant de réaliser occasionnellement ce qu’il se passe. Un, deux… Toute la classe se retourne vers moi, prof y compris. Quelques rires échappaient à certains élèves, partiellement la sororité qui commençait à connaître mon grain de folie par la force des choses. Je deviens alors toute rouge, mon sourire se dissipe et mes mains se calent sous la table. « Désolée » fis-je alors à celui qui était censé diriger cette classe. Je regarde à ma droite, les gens retournent leur attention sur le prof qui reprenait le cours. A ma gauche, la fenêtre me laissait voir le magnifique temps que la nature nous offrait. Je rêvais tellement de pouvoir sortir, boire une bière et continuer de composer mes conneries ! J’étais tellement de bonne humeur en fait ! Tellement, que j’allais maintenant continuer de perturber le cours. Un garçon situé devant moi, avait atteinte sur la poignée de la fenêtre. Je fais alors un « hey » soufflé mais visiblement, il n’a rien entendu. Je tapote alors son dos le plus discrètement possible avant de l’interroger avec un immense sourire : « diis, tu peux ouvrir la fenêtre s’teuplais ? Aller, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît… ».
Les études ce n’est vraiment pas une partie de plaisir pour Axl, même s’il adore apprendre des choses, qui plus est sur la musique. Mais il faut avouer que la musique médiévale, ce n’est pas ce qui le passionne le plus au monde. Au moins il est présent, et c’est déjà un effort presque surhumain qu’il a fait là. Il a du mal à rester en place en temps normal, alors quand le prof parle des heures sur un sujet un peu pourri, c’est pire que tout. Il se dandine sur sa chaise, il joue avec ses stylos, en les faisant tomber toutes les dix minutes et en prenant le plus de temps possible pour les ramasser, parce qu’au moins ça lui donne quelque chose à faire pendant 30 secondes. C’est vrai qu’il pourrait travailler sur son ordinateur, mais il préfère surfer sur le web, ses écouteurs dans les oreilles. Il est presque sûr que le prof le voit, mais tant qu’il ne dérange personne, ça n’a pas l’air d’être son problème, et tant mieux pour lui. Quand il sent du mouvement derrière lui, il fronce un peu les sourcils avant de se retourner et de regarder cette fille bouger sur sa chaise. Il pouffe un peu avec tout le monde, pas méchamment mais juste parce qu’il se rend compte qu’ils doivent être seulement deux ou trois à être concentré aujourd’hui. Il se replonge vite sur son écran, avant qu’un petit doigt tapote son dos. Il retire ses écouteurs et met sa vidéo sur pause, et il se retourne à nouveau, un sourcil haussé, avant de murmurer, « Tu comptes te défenestrer pour échapper au cours ? » Il se penche quand même pour atteindre la poignée, et ouvrir la fenêtre en grand. « Parce que si c’est le cas, je vais sauter avec toi. » Il se rassoit en travers de sa chaise, pour voir quand même ce qu’elle fait, et il fronce les sourcils en regardant l’intérieur de sa trousse. « Attend depuis le début t’a des céréales et tu m’a rien donné ? » Il attrape quelques céréales sans demander l’autorisation, et il lève son pouce pour la remercier. . Il reste adossé contre le mur, en faisant semblant d’être investi dans le cours quand le prof le regarde, mais ses habitudes reviennent vite, et il se penche un peu par la fenêtre, avant de s’exclamer, un peu trop fort, « Y’a un nid de pie juste là ! » quand il se tourne vers sa voisine, il se rend compte que tout le monde le regarde, alors il s’excuse en se rasseyant, les joues un peu rouges. Une seconde plus tard, il plonge ses doigts dans la trousse pour attraper une céréale, et il montre la fenêtre d’un coup de tête, « T’arriverais à viser le nid pour la nourrir? »
Me défenestrer pour échapper au cours ? Ouais, ça sonnait bien. Malheureusement, ce n’était pas dans mes plans, et après mures réflexions, ça ne l’était toujours pas car, je tenais à ma vie, et à mes os. Je souris toutefois à la bonne blague du jeune homme qui, je le reconnais, était pas mal, d’ailleurs, je pourrai bien la retenir un temps. Je le vois qui ouvre la fenêtre, pour mon plus grand bonheur ! « Ahhh merci, merci, merci, merci ! » disais-je toute joie. Oui, j’étais ravie de pouvoir sentir bientôt une brise, et même les rayons du soleil. Je reporte alors mon attention sur l’élève me précédent, celui qui disait vouloir se défenestrer en ma franche compagnie, si toutefois j’avais cette idée là. « Désolée, pour la défenestration, ça attendra. J’ai un morceau ou deux à finir. » avouais-je finalement. La musique avant la mort ! Ca aussi ça sonnait bien non ? Le garçon se met de biais, je l’avais définitivement perturbé et visiblement, ça l’arrangeait bien ! En tous cas, ce n’était pas pour me déplaire, j’allais enfin avoir un copain ! Enfin un pote on s’entend bien… Il guette ma trousse et tempête à la vue de mes céréales que je dévore toute seule depuis le début du cours. D’ailleurs il se sert et je suis hallucinée. « Heyy mes céréales !! T’es qui pour me juger d’abord ? Non puis t’es qui tout court ? ». La sympathie après la colère. Ca aussi, ça pourrait sonner sur un texte, non ? C’était de toute façon un combat que je n’avais pas l’intention de mener. Je sortais alors un paquet de céréales entier de mon sac à dos, l’air normal. Le cours était déjà cuit depuis longtemps, alors un peu plus ou un peu moins, ça ne sauverait pas mon honneur pour le prof ou sa musique des temps anciens… Quand Axl cria au nid de pie, tout le monde se tourna avec grand intérêt vers ce dernier. Placée juste derrière lui, j’avais la chance de la bonne place, enfin c’est ce que je croyais quand mes camarades se sont amassés comme des cochons autour de moi, m’empêchant de tout mouvement. Le prof regardait mon paquet de céréales, puis moi. Je le descendais alors l’air navrée, sous la table. Soudain, le calme est regagné, le cours est relancé. Le voisin de devant m’invite à un nouveau jeu : le tir à la pie ! « Le premier qui touche paye son verre à la sortie des cours ! ». Et comme toute bonne copine qui se respecte, j’attrape une céréale, regarde le prof pour attendre qu’il soit dos tourné, et hop je jette une céréale sur le nid. « mince… ». Etait-on encore en cours de musique ?
Quand elle le remercie autant de fois pour le simple le fait de lui avoir ouvert une fenêtre, il se dit qu’elle doit pas mal s’ennuyer quand même. Mais c’est vrai que sentir un petit vent frais c’est plutôt agréable ; et il s’ennuie tellement que si une mouche rentrait dans la salle, il trouverait le moyen de s’amuser avec. Il retient quand même dans un petit coin de sa tête que cette fille écrit des morceaux, ça pourrait toujours servir, on ne sait jamais. « Je te juge pas, je m’offusque c’est vraiment différent ! Et je suis Axl, sans ‘e’, c’est important. Et d’abord c’est plutôt à toi de te présenter, à cause de toi, tes céréales et ta demande j’écoute rien depuis dix minutes. » C’est absolument faux. Il aurait pu être seul dans une salle fermée a clé devant le prof, qu’il n’aurait pas écouter non plus. Mais c’est plus facile de rejeter la faute sur sa voisine, comme ça il a un peu l’impression que ce n’est pas sa faute. Ou un peu moins.
En moins de deux, il se retrouve tout contre la fenêtre à cause des gens agglutinés autour de lui, et il a du mal à ne pas pouffer. Qui aurait cru qu’un nid de pie pouvait intéresser autant de monde ? Surtout des étudiants qui sont sensés être passionnés par ce qu’on leurs raconte ? Il s’excuse encore auprès du prof, parce que c’est -encrore- de sa faute. Il est presque sûr que la prochaine fois il va se retrouver dehors, et c’est jamais bon dans un dossier, alors il se calme un peu, juste quelques minutes, le temps de se faire oublier. Quand il entend la proposition de la jeune fille, il accepte immédiatement en hochant la tête. « J’espère que t’a de la monnaie sur toi. » Qu’il gagne ou qu’il perdre, peu importe, il prendra un verre après les cours, et cette idée lui plait immédiatement. Il attrape une céréale en même temps qu’elle, et il la laisse essayer avant de lancer un petit « cheh » quand elle rate le nid. Quand c’est son tour, il se concentre en fermant un œil, et en tirant un peu la langue avant de tirer. Il rate le nid de quelques centimètres, alors il râle dans son coin, en espérant quand même réussir le prochain.
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