Lovely little talks (Nora)

 Nora avait passé la journée dans ses plans et ses croquis, à préparer la refonte d’un jardin qu’on lui avait demandé un peu en abord de la ville, du côté de la rive gauche. C’était un couple de jeune qui avaient acheté une maison pour pas trop chère et qui voulaient un bel espace pour pouvoir accueillir leurs jeunes enfants à venir, dont le premier était déjà en route. Un challenge en soit puisque qui disait enfants en bas âge disait créer un jardin qui soit sécurisé, avec le moins possible de risque pour les petits. C’était la première fois que Nora s’essayait à ce genre de contraintes, et elle qui prenait rarement en compte la question enfants dans tout ce qui venait à elle avait un peu de mal à prendre ce facteur dans l’équation. Elle avait travaillé dessous toute la journée et le message qu’elle reçut sur son téléphone réussit à la décrocher de sa tâche.

Le message mit le sourire aux lèvres de la rousse. Elle a l’impression que cela fait des lustres qu’elle n’a pas vu Heidi pour simplement parler seule à seule avec elle. C’est avec joie qu’elle répond donc positivement à la proposition avant de filer sous la douche, ranger ses plans qui encombre le bureau et sortir les quelques snacks qu’elle avait déjà prévu il y a quelques temps. Elle ne prend pas l’effort de s’habiller correctement, Heidi est son amie et pas une cliente. Elle peut bien voir une Nora en jogging d’avoir travaillé depuis chez elle toute la journée. Elle ouvre quand même les fenêtres pour laisser entrer un peu d’air frais, juste au cas où.

Le petit toquement caractéristique à la porte de son appartement donne immédiatement le sourire à Nora. La jeune femme a mis du temps à réaliser les bienfaits d’une bonne amitié, mais maintenant qu’elle l’a compris, elle savoure chacune de ses relations. Celles du “Scooby Gang” plus particulièrement. Elle ne sait pas ce qu’il en est pour les autres, elle sait très bien qu’ils connaissent beaucoup d’autres personnes et ceci depuis très longtemps, mais Nora considère chacun d’entre eux comme comme ses meilleurs amis, tous au même niveau. Elle ouvre la porte et vient tout de suite serrer Heidi contre elle. Elle réalise maintenant qu’elle s’est peut-être un peu trop enfermée dans son travail, voilà plusieurs jours qu’elle n’a pas eu de contact humain.

- Heidi mon dieu, tu m’as manquée ! Ca ne fait qu’une semaine mais j’ai l’impression que ça en fait dix.

Elle la lâche pour la laisser entrer dans la pièce principale, son bureau pour le travail, agrémenté de toutes ses plantes et ses fleurs. Sa propre chambre sert de salon, même si pour le coup le canapé-lit est resté un lit. Heidi a l’habitude de toute façon. Ca fait un petit moment déjà qu’elles se retrouvent régulièrement.

- Comment ça va, ma belle ? Ca n’a pas été trop dur le travail aujourd’hui ?

Pas qu’elle s’inquiète que Heidi tout particulièrement puisse avoir du mal avec son travail, mais elle aime s’assurer que chacun de ses amis a un bon environnement professionnel où ils peuvent s’épanouir. Toujours à s’assurer que les autres vont bien, au final. Nora aide Heidi à sortir les snacks supplémentaires de son sac. Il n’y en a pas mal, mais c’est assez habituel.

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 C’est en ayant Heidi avec elle que Nora se rend vraiment compte qu’elle a besoin de s’arrêter un peu de bosser. Le lendemain, il faudrait qu’elle prenne du repos. Tant pis pour le plan, elle le finirait plus tard. Peut-être qu’elle pourrait même utiliser enfin son matériel de peinture. Elle n’en a pour le moment jamais eu l’occasion. Ce n’est pas comme cela qu’elle va s’améliorer en peinture et atteindre son rêve. Oui, clairement la visite de son amie marque l’arrivée d’un véritable week-end pour Nora, tel qu’elle ne s’en est pas permis depuis un moment. Elle avait annoncé une semaine de travail aux clients, et ça rendait l’échéance au mercredi. Elle avait le temps.

Nora est quelqu’un de bosseuse et Heidi le sait, c’est même sûrement pour cela qu’elle s’inquiète d’avoir interrompue son travail. Mais Nora lui fait immédiatement un sourire rassurant, et désigne les plans rangés sur l’étagère prévue pour ça.

- J’avais un plan en cours, mais honnêtement tu m’as plus sauvé de lui qu’autre chose. Ca fait quelques jours que je suis dessus sans rien faire d’autre, il était plus que temps de faire une pause.

Quand Heidi répond ensuite à la question de Nora, celle-ci en est quelque part satisfaite. Pas qu’elle refuse absolument la moindre chose négative dans la vie de Heidi. Premièrement, elle est arrivée trop tard pour ça. Deuxièmement, si ce n’est pas grave, il n’y a rien du mal à une journée plutôt bof. Mais elle est satisfaite de voir que son amie aime réellement ce qu’elle fait, qu’elle ne s’est pas enfermée dans quelque chose qu’elle n’aime pas. Peut-être, quelque part, une projection d’elle-même. Nora aime ce qu’elle fait bien sûr, mais ce n’est pas non plus son rêve.

- L’endroit est vraiment cool en soit, il faut dire. Il va vraiment falloir qu’on y aille bientôt avec toute la bande, en tant que clients. Ca fait un bon moment que je n’ai pas enchainé les boules dans la gouttière, ça me manque.

Il faut dire que ce n’est pas vraiment le genre d’activité auxquelles elle s’adonnait lorsqu’elle était plus jeune, encore dans sa famille. Nora, avec le bowling, a découvert un domaine dans lequel elle enchaînait les échecs. Et elle adorait ça. C’était son propre résultat, influencé par aucun facteur quelqu’un soit.

Nora attrape les snacks dans ses bras, pour partir vers la chambre où elle accueille ses amis la plupart du temps. Elle dépose les snacks sur son lit qui a l’habitude, un drap spécial “C’est pas grave s’il y a des morceaux de chips je l’utilise pas pour dormir” posé dessus. Nora se laisse ensuite tomber sur le lit.

- En ce moment, j’ai un plan à faire pour le jardin d’une famille qui planifie d’avoir des enfants. Ca veut dire un truc super sécurisé et c’est hyper compliqué. A chaque fois que j’imagine quelque chose, je me rend compte que ce que j’ai ajouté pourrait être un danger dans certaines situations et je dois recommencer. Tout est vite tellement dangereux, juste de l’imaginer ça me fatigue.

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