We're all chained to the rythm (Benjamin)

15.08.20 21:53

We're all chained to the rythm

La croisière approche, et mon nombre d’heures de travail a augmenté au Moro Center. Ça ne me dérange pas vraiment, j’aime cet endroit, et puis j’ai terminé mes études, alors j’ai tout mon temps libre pour rentrer chez moi et me reposer si j’en ai envie. M’occuper là-bas, ça me permet aussi d’éviter de trop penser à la rentrée. Je vais faire mon grand bain dans le monde des adultes, et c’est angoissant, même si je suis déjà autonome avec mon appartement. Si la soirée est plutôt tranquille, le bar se remplit petit à petit, et les fêtards se laissent souvent tenter par notre karaoké ou le bowling, au fond de la salle. On pourrait croire que la Norvège est toujours tranquille, mais l’été, il peut y avoir autant d’effervescence que dans d’autres pays, la preuve. Ce n’est pas parce qu’on dépasse rarement la barre des 30 degrés qu’on ne sort pas pour s’aérer l’esprit.

Occupée à servir plusieurs clients, j’en profite pour nettoyer le zinc aussi vite que possible dès que mes collègues prennent le relai, histoire de prendre un peu d’avance sur la fin de la soirée, même si je ne pense pas que le bar restera propre bien longtemps, pour l’instant. D’ailleurs, au moment je relève la tête pour vérifier si on accueille toujours autant de monde, ou si ça commence à se calmer, je souris en apercevant un visage familier se détacher de la foule. « = Hey, salut ! »

Je lance en direction de Benjamin, forçant sur ma petite voix pour qu’il puisse m’entendre. On ne s’est pas vus depuis un petit moment, alors je suis contente qu’on puisse parler quelques instants, même si ce n’est que l’histoire de petites minutes. Je n’ai pas encore eu ma pause de toute façon, alors je pourrai sans doute la prendre pour qu’on puisse discuter plus longuement. J’espère qu’il commence à aller mieux et qu’il ne se noie pas dans le travail pour oublier, parce que ça ne serait pas vraiment une solution. « = Qu'est-ce que je te sers ? »

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20.08.20 17:59

We're all chained to the rythm

Benjamin & Heidi

C’était presque un calvaire de se réveiller tous les jours depuis qu’elle n’était plus là, certainement un plus grand calvaire pour sa mère tout autant. D’habitude, pendant son adolescence, il était réveillé par les cris de rire de ses mères dans le salon parce qu’elles étaient encore en train de se chamailler, et le plus souvent Benjamin avait pour habitude de les rejoindre pour passer un moment avec elles, parce que les deux femmes étaient son univers, un univers qui avait pris fin le 15 Mars quand il avait vu sa mère Runi partir du monde dans lequel son fils et sa femme vivaient encore. Tous les matins, c’était avec elle qu’il se réveillait pour aller derrière les fourneaux du restaurant qu’elles avaient ouvert dans cette nouvelle ville, et chaque jour il avait appris à aimer de plus en plus ce qu’il faisait avec elle, mais maintenant il ne ressentait plus la même saveur que d’habitude. On pouvait dire que ça lui arrivait d’avoir le sourire, plus souvent qu’au début, mais c’était rare de le voir sourire quand il était en cuisine, comme s’il était obligé de faire tout de manière parfaite sinon sa mère allait criser et sa deuxième mère serait encore plus déprimée parce qu’elle aurait l’impression de ne pas réaliser le rêve de la femme de sa vie. Il se mettait une pression énorme sur les épaules et il n’avait jamais craqué, pas une seule larme, pas un seul cri, comme s’il attendait certainement le bon moment pour tout faire exploser et se dire qu’il devait accepter la chose. Il passait son temps à faire le plat préféré de sa mère pour lui remonter le moral, mais parfois c’était certainement lui qui en avait besoin, incapable de vouloir de l’aide.

Il coupa le moteur de sa moto devant le bâtiment, faisant en sorte de tout bien calé et protégé pour ne pas laisser un malin faire n’importe quoi avec son véhicule. Il passa une main dans ses cheveux en enlevant le casque et en ouvrant sa veste avant de rentrer à l’intérieur. Il se mit à chercher une petite tête blonde qui lui était familière, elle y travaillait, c’était une bonne amie qui était certainement l’une des seuls à rire à ses blagues parfois à côté de la plaque, mais c’était aussi certainement l’une des personnes avec qui il pouvait discuter, surtout après une longue journée de travail où sa mère l’avait forcé à partir du restaurant pour souffler un peu aussi. La cuisine était le seul moyen pour lui d’oublier ce qu’il s’était passé en début d’année, et s’il devait se fatiguer pour ça il serait capable de le faire. Il posa son regard sur Heidi en entendant sa petite voix parmi toutes les personnes présentes avant qu’il ne se fraye un chemin jusqu’au bar pour aller la voir, ça lui faisait du bien à vrai dire, de voir cette petite blonde devant lui, au moins il avait un autre moyen de penser à autre chose pendant que tout le monde se préparait pour cette fameuse croisière qu’il avait refusé pour ne pas laisser sa mère toute seule.

« Salut Heidi. Je veux bien que tu me sers un soda, j’ai eu une trop grosse dose de caféine aujourd’hui et une bière c’est une mauvaise idée pour un motard. Prend toi aussi quelque chose, je te le paye si tu veux. »

Il posa ses fesses sur un des tabourets, mettant son casque à ses pieds histoire de ne pas gêner quelqu’un alors qu’il regardait la jeune femme derrière son bar faire ce qu’elle devait faire. Il regardait aussi tout le monde autour de lui, il entendait les gens sur cette croisière, le laissant soupirer doucement sur le coup, il était vraiment le seul à rester, il avait l’impression.

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23.08.20 17:36

We're all chained to the rythm

@Benjamin Stamnes

Il y a toujours eu du monde au Moro Center, mais c’est vrai qu’en cette saison estivale, le bar m’a l’air encore plus bondé que lors d’une soirée populaire. C’est sans doute dû à l’arrivée des nouveaux arrivants, ou peut-être même que des touristes ont commencé à y passer quelques jours, histoire de voir d’eux-mêmes quelle est cette ville toute proche qui va bientôt fêter son premier anniversaire. Quoi qu’il en soit, c’est bien pour les affaires, et donc pour mon salaire, alors je me contente de travailler sans trop me plaindre. Il me faut de l’argent de côté, et ce n’est pas avec les quelques couronnes laissées en guise de pourboire que je risque d’aller bien loin.

Quand je relève les yeux en tendant une bière, je croise aussi le regard de Benjamin, et cette vision suffit pour me faire sourire. On ne s’est plus vus depuis un moment déjà, entre les cours et le boulot, et je m’en veux assez pour ça. Je sais qu’il s’est aussi enfoncé dans son travail pour ne plus avoir à penser au drame qu’il a vécu, mais agir comme ça n’est jamais bon. J’ai l’impression qu’il peut exploser à tout moment, et même si ça devrait arriver, pour son propre bien, je redoute malgré tout le jour où ça sera le cas. Mais si on a choisi de former cette bande d’amis, c’est bien pour se soutenir dans les bons comme dans les pires moments, alors on fera tous bloc autour de lui pour l’aider.

Quand il me passe sa commande, je hoche la tête avec un petit sourire, et j’informe les autres que je prends donc ma pause, même si je resterai derrière le comptoir. Je lui sers alors son soda, et je me prends aussi un verre de menthe, avant de faire glisser son verre jusqu’à lui. On n’a pas idée de boire de l’alcool quand on est en service, et puis, si je faisais ça, je crois que je me ferais soit réprimander, soit virer. Et je n’ai besoin ni de l’un ni de l’autre.

« = Dure journée ? » Je lui demande avec un petit sourire, même s’il m’a bien fait comprendre que c’était le cas, il y a quelques secondes. C’est une manière comme une autre de lancer la conversation. J’ai un peu peur de le brusquer ou d’être maladroite, alors je me dis que pour l’instant, me contenter de simples banalités, c'est plus sécurisant pour tout le monde.

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29.08.20 21:41

We're all chained to the rythm

Benjamin & Heidi

Il savait que c’était une mauvaise idée, mais c’était certainement la seule chose qui allait le rapprocher d’elle maintenant qu’il n’était plus là, il avait du mal, il n’avait même pas osé poser un pied dans les cuisines les premiers jours parce que ça lui faisait trop mal de ne pas la voir avec le sourire aux lèvres derrière son plat en train de lui hurler dessus qu’il était encore en retard pour ce qu’il devait faire depuis quelques minutes déjà. Même juste une simple pensée et il avait l’impression que son cœur était encore en train de s’arracher, ça faisait plusieurs mois maintenant mais c’était impossible à oublier, c’était impossible de savoir comment oublier cette douleur qui le levait maintenant chaque matin et qui le mettait sur ses pieds pour pouvoir le faire tenir sur ses jambes, être là pour sa deuxième mère qui avait perdu la femme de sa vie. Il aurait pu faire comme certains gens, ne faire que d’enchainer les fêtes ou même vider des bouteilles d’alcool jusqu’à ne plus savoir tenir debout ou même prononcer son prénom sans avoir l’air complètement détruit de l’intérieur comme de l’extérieur. Il avait tenté de prendre des jours à la montagne comme il avait l’habitude de faire, juste être tranquille avec la nature, mais c’était aussi impossible pour lui, elle n’était plus là et il n’était plus capable d’être le même jeune homme au grand rêve de suivre les traces de celle qui l’avait mise au monde avec les étoiles plein les yeux.

Il se devait d’arrêter d’y penser quand son amie était là et qu’il était venu la voir pour se changer les idées de sa longue journée, et même de la sienne s’il pouvait l’aider tout autant. Il n’attendit pas quelques secondes avant de prendre le verre qu’elle venait de lui mettre devant les yeux pour le prendre et l’approcher de ses lèvres, prenant une gorgée avec une certaine satisfaction, il n’avait pas eu sa dose de sucre et de caféine mélangé de la journée, il ne faisait que de tourner à l’eau dans les cuisines, alors avoir quelque chose dans la bouche et dans la gorge était vraiment quelque chose qui lui faisait un bien fou.

« Dure journée, on peut dire ça oui, on a eu beaucoup de clients aujourd’hui, presque salle complète, visiblement cette ville accueille de plus en plus de monde pour y vivre ou juste c’est devenu un truc touristique. Toi aussi tu as l’air d’avoir un paquet de monde ici, ça devient quelque chose ce petit bled tranquille visiblement. »

Il fit un signe de tête en montrant alors toutes les personnes qui avaient l’air d’être là, et bien heureux que son amie avait pris sa pause, sinon il aurait certainement fait semblant de bouder pour qu’elle vienne passer du temps avec lui, chacun ne pouvait pas toujours se libérer au même moment pour passer du temps entre amis sans aucun problème quelconque entre temps. Il n’avait pas trop participé à ce genre de soirée ses derniers temps, il essayait de se faire à l’idée qu’il devait avancer, petit à petit, à son rythme et qu’ils étaient tous compréhensible par rapport à tout ce qui pouvait se passer dans sa tête en ce moment. Il avait de la chance de les avoir.

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31.08.20 22:15

We're all chained to the rythm

@Benjamin Stamnes

Je suis consciente que tout est encore difficile pour Benjamin, mais je suis contente de le voir sortir un peu de sa cuisine. Je ne sais pas s’il a prévu de rester longtemps, mais même s’il décide de s’en aller une fois son verre terminé, je suis persuadée que s’aérer l’esprit lui fait du bien. Je ne m’attends pas à le voir se déhancher sur la piste de danse évidemment. Je sais que sortir de son restaurant, ça représente aussi un sacré effort pour lui, et je suis contente qu’il ait choisit le Moro Center pour se changer un peu les idées. J’aurais probablement pu en parler au reste de notre groupe, attraper mon téléphone et leur proposer de passer, mais je ne veux pas non plus le braquer ou lui donner l’impression que c’est un guet-apens.

Une fois que je l’ai servi, je fais trinquer mon verre avec le sien, et je lui offre un petit sourire avant de boire moi aussi quelques gorgées de ma boisson. Et ça serait mentir que de dire que ça ne me fait pas du bien, à moi aussi. Je regarde mes collègues servir les clients, et le reste du bar s’animer, que ce soit du côté bowling ou du côté karaoké. On entend même quelques fausses notes d’ici, mais on s’y habitue vite, tant que ce n’est pas atroce – c’est même amusant et au moins, il y a assez d’ambiance. Je ne me souviens pas d’un service ennuyeux depuis que j’ai commencé mon boulot ici, il y a bientôt un an déjà.

Je n’ose pas demander à mon ami comment il va, parce que ce serait malvenu, et surtout, je me doute déjà de la réponse. Alors, je préfère lui demander comment s’est passé sa journée. Il est toujours passionné, c’est l’occasion de le voir sourire et c’est bien ce qui compte. « = C’est cool si votre restaurant est apprécié, on y mange bien », je réponds sincèrement, avant de regarder à nouveau autour de nous avec une pointe de fierté. Ce n’est pas mon bar, et pourtant j’ai l’impression de l’avoir vu croître petit à petit, et ça me fait plaisir comme si c’était mon affaire. Le reste de l’équipe et le patron sont cools, alors c’est mérité.

« = Il y a de plus de plus de monde oui, c’est cool. Je crois que c’est surtout dû au bouche-à-oreille, et puis y’a pas forcément que des jeunes. Et pendant la période scolaire, c’est un peu le QG des étudiants », je confie avec un nouveau sourire, avant de jouer avec la paille de mon verre. « = Il y a de plus de plus de monde oui, c’est cool. Je crois que c’est surtout dû au bouche-à-oreille, et puis y’a pas forcément que des jeunes. Hm, je sais pas vraiment si on peut parler de petit bled. Certes c’est moins grand que Bergen, mais il y a quand même pas mal d’ambitions et de volonté de bouger les choses ici. Je pense qu'on peut peut-être parler de microcosmos, à la place ? En plus, on est plus mignons que des insectes », je réfléchis à voix haute, avant de lâcher un pouffement.

code by FRIMELDA

05.09.20 15:25

We're all chained to the rythm

Benjamin & Heidi

Il lui arrivait de sourire, un peu plus que le début de tout ce qu’il avait vécu dernièrement, peut-être qu’il était enfin en train de se remettre de tout ça et qu’il se donnait une chance de poursuivre sa vie comme sa mère l’aurait souhaité, mais c’était quand même quelque chose de difficile. Lui qui était le premier à faire l’abruti, à s’amuser pour faire rire la galerie, c’était lui qu’on devait faire rire à présent, comme si les rôles s’étaient clairement inversés et qu’ils se devaient de tenir comme ça pendant quelques temps. Être dans le restaurant pouvait lui faire du bien, un bien fou même, lui qui n’avait clairement pas la tête du cuisiner, il passait sa vie à faire des petits plats en dehors de son endroit de travail, mais aussi quand il y était, c’était lui qui faisait le max, c’était lui qui faisait les spécialités de sa mère parce qu’il était hors de question que la cuisinière fasse ce que le second pouvait faire encore mieux qu’elle. Ou peut-être qu’il voulait juste garder ce lien avec sa mère juste pour lui et que les autres n’auraient pas la chance d’y toucher sans qu’il donne son autorisation. Il avait encore du chemin à faire dans son deuil, c’était sûr même, mais il essayait, et il aimait faire plaisir à ses amis en leur montrant qu’il faisait tout pour revenir sur le devant de la scène et revenir encore plus fort de tout ça.

Il était heureux que le restaurant marche, c’était sûr, mais il n’avait pas trop envie que des gens se ramènent et détruisent ce petit coin de paradis à ses yeux, parce que tout marchait bien, tout était sur un chemin où la tolérance, l’égalité et tout ce qui pouvait rendre la société stupide et morose, tout était bien ici et il n’avait pas envie que ça change surtout quand il était le seul homme dans le restaurant de ses mères et qu’il n’avait pas envie que des gens se ramènent et critiquent le manque de masculin dans un restaurant qui tenait bon sans l’aide de testostérone à chaque coin. Mais d’un autre côté, il était vrai que c’était bien de voir que ça marchait, même si c’était petit et nouveau, tout marchait bien et ils allaient tous pouvoir avoir des notes d’enfer avec tous les retours, surtout dans son restaurant, peut-être une étoile de plus pour le plus grand bonheur de celle qui le regardait d’en haut maintenant ? Il écoutait ce que la blonde disait alors qu’il regardait autour de lui toutes les nouvelles têtes qu’on pouvait voir avant de lâcher un petit rire en entendant les paroles de son amie.

« Heureusement qu’on est plus mignon que des insectes Heidi, sinon j’aurai peur pour mon futur et mes futurs enfants, impossible de trouver une femme si j’ai des antennes partout je pense, ce n’est pas trop dans leur fantasme aux femmes. »

Il leva les yeux au ciel en y repensant, et puis elle n’avait pas tort, c’était un microcosmos qui était en train de grandir de plus en plus, il avait fait la tronche quand ils étaient partis de Bergen, mais venir ici n’était plus une si mauvaise idée à présent, il était même bien heureux d’être là, dans un coin tranquille, avec son nouveau chien, son restaurant et sa mère qui était toujours après lui.

« Tant que ses nouveaux gens ne font pas n’importe quoi, c’est parfait pour faire grandir cet endroit et remplir toutes les ambitions qu’ils se sont fixés pour ici. »

code by bat'phanie

07.09.20 21:55

We're all chained to the rythm

@Benjamin Stamnes

Les gens continuent d’affluer au fur et à mesure, et je les suis des yeux, mais ils sont rapidement pris en charge par mes collègues, alors je ne m’en fais pas et je continue à profiter de ma pause. En général, je suis plutôt active quand je travaille, surtout un soir comme ceux-là, alors je ne pense pas que mon absence gêne vraiment le service – et puis même si c’est le cas, je pourrais toujours accélérer la cadence ensuite pour me faire pardonner et rattraper mon léger retard. C’est dommage que le reste du Scooby gang ne soit pas là pour célébrer ce que je pense être une première sortie pour Ben, après ce que sa famille a traversé, mais je suis contente qu’il ait choisi le Moro Center pour le faire. Je suis même touchée, mais quand on y pense, ça se comprend malgré tout facilement.

Je dois être la plus calme et la plus posée du reste du groupe, et c’est sans doute ce qu’il est venu chercher ici, même s’il est loin d’être notre seul client. Je suis aussi celle qui a toujours du mal à trouver les bons mots pour ou me sortir d’une situation –même si j’ai fait des progrès depuis septembre dernier– : c’est peut-être l’assurance de ne pas parler de tout ce qu’il a vécu qui lui a donné envie de venir. Je l’écoute me faire part de ce qu’il pense de la population de Fredelig ; c’est vrai qu’elle grandit de mois en mois, comme les clients qui s’engouffrent ici depuis quelques minutes. Bon, on n’est pas le seul bar de la rive droite, mais on croise suffisamment de gens différents pour se rendre compte que la ville attire, de tous les horizons.

Je lâche un petit rire quand il rebondit sur ma blague, et je l’imagine un instant avec des antennes avant de poser une main contre ma bouche. « = Oh, est-ce que je dois comprendre que tu as quelqu’un dans le viseur ? » Je hausse les sourcils, mais bientôt, c’est plutôt la question qui sort de ma propre bouche qui me surprend. On dirait bien que traîner à nouveau avec Sól me fait reprendre quelques habitudes ; cela ressemble bien à une phrase qu’elle pourrait dire. Je ne sais pas si ça me rend confuse ou contente. Apparemment, même mon subconscient est content d’avoir retrouvé mon ancienne amie, même si j’ignore encore jusqu’où ce climat apaisé va nous mener, ou même s’il va durer entre nous. Je ne sais pas si je devrais reparler de cette réconciliation avec Ben. Il a d’autres chats à fouetter, et cette révélation pourrait bien provoquer une nouvelle réunion du Scooby gang. Ils ont entendu parler de Sól à de nombreuses reprises, ces dernières années.

« = Désolée, t’es pas obligé de répondre », je secoue la tête avec un petit sourire, malgré tout gênée. J’ai envie de lui demander comment il va évidemment, comment il va vraiment, mais je ne sais pas si la situation est vraiment adéquate pour cela. Le connaissant, je pense qu’il préférerait qu’on soit seul ou dans un lieu plus calme pour aborder ce sujet. Alors, quand il remet sur la table la bonne décision que c’était de venir s’installer ici, je hoche la tête avec un nouveau sourire. « = Ça mérité qu’on trinque à ça ! » Je reprends une gorgée de ma boisson, et j’appuie mes coudes contre le comptoir.

« = Tu penses qu’on pourrait se faire une soirée tous ensemble, bientôt ? » Je ne sais pas si les autres vont faire partie de la croisière, et ça me fait quand même de la peine de ne pas les voir pendant un mois entier. D’ailleurs, je crois bien que ce sera la période la plus longue sans les voir. Bien sûr, il reste les messages et les appels vidéos, mais ce n’est pas la même chose. Et puis, cette question, c’est aussi une manière implicite de lui demander comment il se sent.

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12.09.20 23:44

We're all chained to the rythm

Benjamin & Heidi

Il était vrai qu’il était sorti rarement dans des endroits comme celui-ci depuis le décès de l’une de ses mères, il partait souvent seul pour se promener et ne pas être dérangé, ou surtout pour ne pas qu’on voit ce qu’il pouvait être en train de traverser sur le coup. Mais il avait quand même besoin de ce monde en dehors du restaurant, de voir ce que les gens pouvaient faire et ce qu’il devait faire lui pour se remettre sur les rails une bonne fois pour toute. Peut-être que c’était ce côté tranquille de la jeune femme qui avait fait que Ben était là, assis sur cette chaise, en train de boire un soda tranquillement tandis qu’il parlait de tout et de rien avec la jeune femme qui était juste à côté d’elle, cette fille qui était quelqu’un de très important dans sa vie mais surtout quelqu’un qui était néanmoins en train de l’aider à se sortir de cette petite sphère de deuil. Peut-être qu’il aurait du prévenir les autres pour passer du temps avec tout le monde histoire de faire les choses bien et de fêter le fait qu’il était un eu sorti, même si ce n’était pas clairement la meilleure sortie du monde à son sens. C’était comme si son cœur était en train de se réchauffer petit à petit, peut-être que la prochaine étape était de le voir sortir de mauvaises blagues comme il pouvait le faire avant ? C’était certainement ça qui allait marquer le fait qu’il avait repris le cours de sa vie… Ou juste le fait qu’il voyait peut-être quelqu’un ? C’est en entendant la question aussi soudaine sortir de la bouche de Heidi qu’il faillit recracher le soda qu’il avait dans la bouche et qu’il se mit à tousser fortement sur le coup en se tapant la poitrine pour passer tout ça, il était terriblement surpris par ce qu’elle venait de dire, depuis quand Heidi était du genre à sortir ce genre de phrase d’un seul coup juste à cause d’une réponse de sa petite blague ?

Il ne s’y attendait pas, on ne pouvait pas cacher le contraire quand il était en train de se remettre après que son ami lui dit qu’il n’avait pas besoin d’y répondre, parce que pour être honnête, lui-même ne savait pas ce qui était en train de se faire sur le coup. Depuis quelques jours, il parlait avec cette brune qui avait failli l’agresser avec sa lampe, c’était juste des messages on pourrait se dire, mais ça pouvait avoir un quelconque sens quand on savait que Benjamin n’était clairement pas le meilleur en drague et qu’il voulait faire en sorte de ne pas être lourd, parce que tous les mecs pouvaient paraître lourd même sans se rendre compte des choses. Il était tranquille dans ses messages, mais il ne pouvait pas non plus cacher le fait qu’elle pouvait lui plaire cette petite douceur. Sa toux s’était calmée sur le coup avant qu’il puisse prendre une gorge tranquillement avant qu’elle ne pose une nouvelle question, esquivant presque la première qui avait été remarqué sur le coup, peut-être qu’elle allait comprendre le contraire ce qu’il pouvait bien prouver… Ou est-ce que c’était lui-même qui n’était pas capable de comprendre qu’il avait réellement quelqu’un dans le viseur ?

« Alors… Hum hum… Si tu veux, moi ça m’irait de les voir une soirée avant cette croisière peut-être ? Je ne compte pas y aller, alors il y a de fortes chances qu’on ne se voit pas pendant un moment non ? Autant faire quelque chose histoire de ne pas se manquer beaucoup trop, hein la petite fleur bleue ? »

C’était juste une manière de la taquiner, ou juste de la faire esquiver sa première question peut-être ? Il était à moitié perdu dans ses pensées depuis ça, même sa mère avait trouvé ça marrant de le voir sur son téléphone plus souvent que d’habitude. Il passa une main dans ses cheveux en soupirant puis en reposant son verre contre le comptoir. Peut-être que c’était une bonne idée de le dire directement à Heidi, c’était la plus calme et celle qui n’allait clairement pas tout répéter dans le groupe.

« Je ne sais pas si je peux dire que j’ai quelqu’un dans le viseur, je n’ai pas envie d’être lourd parce que je suis très nul dans ce genre de situation, je ne suis pas un gros dragueur donc on va éviter le pire. Mais il y a une fille que j’apprécie avec qui je parle depuis quelques jours après… bon je vais éviter de dire ce qui s’est passée, je lui ai en quelque sorte promis de garder son secret. Mais c’était plutôt marrant comme rencontre juste parce que je devais lui rendre sa carte étudiante. C'est une très jolie femme, marrante et aussi très gentille. »

code by bat'phanie

18.09.20 1:04

We're all chained to the rythm

@Benjamin Stamnes

Je le vois se dérider tout doucement depuis son arrivée au Moro Center, et ça me rend joyeuse. Je ne veux pas m’en attribuer tout le mérite (même si ça serait certainement bénéfique pour mon égo), mais je préfère me dire que l’ambiance y est aussi pour quelque chose. L’ambiance est toujours familiale et joyeuse : d’ailleurs, c’est bien ce qui amène toujours plus de gens à venir s’y installer pour manger ou boire un coup. L’atmosphère du bar, c’est aussi le critère qui revient le plus quand les gens en parlent en bien sur les réseaux sociaux, alors ceci explique cela. Néanmoins, je prends peut-être trop mes aises quand je lui demande s’il a quelqu’un dans sa vie. Je pense lui faire simplement la conversation, mais sa réaction me fait écarquiller les yeux, et je pose une main devant ma bouche pour cacher un sourire.

« = Mince, ça va ? Tu veux un verre d’eau ? De la mie de pain ? » Je lui demande, déjà prête à aller chercher tout ça, quand même soucieuse de son état. Ce serait vraiment dramatique s’il s’étouffait pour de vrai. Ma conscience me souffle que ce n’est peut-être pas la question en lui-même qui le gêne. Dans notre groupe, on a déjà eu l’occasion de parler de nos relations amoureuses respectives, et la plupart du temps, je suis toujours restée silencieuse, sauf quand on me demandait mon avis. D’une, parce que je suis trop timide pour parler spontanément d’un sujet si personnel, et de deux, parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire, pour être franche. Même parler de mes doutes et de mes questionnements me paraît être une montagne incapable à grimper.

Pourtant, ce soir, lui poser cette question en me disant que ce n’est que pour lui changer les idées, j’y arrive. Je ne sais pas si on peut appeler ça un succès vu la tournure des événements, mais au moins c’est fait. Au départ, je pense que Benjamin fait de son mieux pour éviter de répondre, vu qu’il enchaîne directement avec la croisière, mais je ne m’en formalise pas : c’est son droit de vouloir garder son jardin secret. Alors, rassurée de voir que tout rentre dans l’ordre (même s’il est devenu un peu rouge, tout à coup), je reprends une gorgée de ma boisson. L’idée d’une soirée tous ensemble fait battre mon cœur un peu plus vite.

« = Super ! J’enverrai un message demain sur notre groupe, alors. Je vais passer un mois sans vous voir, évidemment que vous allez me manquer. Il faut que je m’assure que vous n’allez pas m’oublier », je réponds avec un petit sourire taquin. Et contre toute attente, il s’ouvre de lui-même pour me parler d’une jeune fille qu’il a rencontré. Je suis surprise de l’entendre se confier, mais c’est une bonne nouvelle. Mon côté protectrice voudrait déjà savoir tout de celle qu’il me décrit. Je n’ai pas envie qu’il tombe sur quelqu’un qui pourrait profiter de lui ou le rendre malheureux.

Cependant, ça ne serait pas cool de lui faire une grande leçon de morale ou une mise en garde alors que je viens seulement de lui poser la question à l’instant. Qui plus est, d’ici mon retour, les autres auront peut-être déjà mené leur petite enquête s’il leur en fait également part. « = Contente que tu aies rencontré quelqu’un de nouveau. C’est une bonne chose si elle t’aide à avoir une autre occupation en dehors des fourneaux », je me contente alors de répondre, avec un nouveau sourire.

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