Heidi + Dear diary

Fredelig, 08.04.2020.
Cher journal,
C’est bizarre d’écrire ça. Je crois que la dernière fois que j’ai eu un journal intime, je devais avoir 17 ans. Je me souviens que ça m’a bien aidée à l’époque, alors j’essaie de retenter l’expérience, même si je ne sais pas vraiment si je serai assidue. Bon, alors il me semble qu’un petit récapitulatif est nécessaire. On ne sait jamais, je vais peut-être retomber sur ce carnet dans 5 et 10 ans, et le relire en secouant la tête. C’est plausible. D’ailleurs si c’est le cas, je te dis salut future Heidi, j’espère que tu es heureuse dans ta vie et que tu as su enfin panser tes plaies pour de bon. Je suis en plein travail sur moi-même pour le faire, je te promets, alors si tu as échoué, je te file un coup de pied aux fesses.

Je suis à Fredelig depuis la rentrée 2019. C’est une ville pilote en Norvège, pensée pour mettre en avant des solutions pour améliorer les relations hommes-femmes. Au début, j’étais vraiment sceptique, et puis, j’ai décidé de m’y installer pour y poursuivre mes études. Je souhaite être avocate pour défendre le droit des femmes, alors si je n’avais pas étudié dans cette ville, je n’aurais pu le faire nulle part ailleurs. La rentrée n’a pas été de tout repos. J’ai dû me forcer à me sociabiliser avec mes camarades, et ça n’a pas été facile. Je me suis fait quelques connaissances, des amis, aussi. J’ai recroisé Sól, et j’ai eu l’impression que le karma m’avait rattrapée pour de bon quand je l’ai aperçue après tant d’années.

J’ai l’impression que nos liens se sont améliorés depuis quelques temps, mais c’est un équilibre fragile. C’est bizarre, je n’ose presque pas aller vers elle pour conserver cet état instable. Au moins, il n’y a pas de disputes ni de remarques qui me tiennent éveillée une bonne partie de la nuit. Je sais bien que la situation ne va pas pouvoir rester comme ça indéfiniment, mais je redoute que tout se dégrade une fois de plus, alors je préfère faire l’autruche. La vie n’a pas manqué de nous remettre sur chemin l’une de l’autre à plusieurs reprises, alors je ne doute pas que ça ne va plus tarder à arriver à nouveau.

Il y a Sven aussi, avec qui tout a failli partir en cacahuète plusieurs fois, mais je crois que tout va mieux, maintenant. Du moins, je l’espère, même si on passe par quelques phases bizarres dans notre amitié. C’est la première personne que j’ai laissée m’approcher en arrivant ici, parce qu’on se ressemble quand même un peu, alors j’espère que ça va continuer comme ça. Je croise les doigts pour que les seuls soucis qui me préoccuperont pendant ces prochaines semaines ne soient que mes partiels de fin d’année.  
À suivre...