Les apparences sont parfois trompeuses ☾ Mikkel

Raté ! Dommage. Ce moineau était fait une photo parfaite. Mikkel s'était approché à moitié accroupi au sol, tel un félin, vers cet arbuste où chantait le petit volatile nullement dérangé par l'hiver. Avec les couleurs du ciel crépusculaire, Mikkel avait tout de suite vu là un cliché parfait. Mais alors qu'il s'apprêtait à capturer l'instant, après avoir chercher millimètre par millimètre l'angle idéal, trop tard. L'oiseau s'envola, nonchalant, et ignorant de la déception qu'il venait de causer. Mikkel resta un moment immobile, dépité. Il fit la moue un moment, lâchant un petit soupire mais ne désespéra pas pour autant. Le soleil offrait une lumière magnifique dans le parc et il y avait de quoi faire des photos superbes, avec ou sans oiseau comme star.

Il reprit alors ses recherches de modèles, son appareil toujours en main, le regard à droite, à gauche, voulant absolument profiter de cette couleur unique qui caressait le parc de mille feu. C'est alors qu'il s'arrêta, ayant repérer deux silhouettes un peu plus loin. Elles étaient dans l'angle parfait. Les derniers rayons du doux soleil hivernal avaient l'air de les bénir, à l'aide d'arbre bien placé qui procuraient des ombres autour de ces deux personnes, les laissant dans un cercle dénué d'obstacles à l'astre du jour. Ca n'allait pas durer. Le soleil poursuivait mine de rien sa descendre à l'horizon et bientôt cette vision que Mikkel percevait disparaîtra.

Il ne faisait rien de mal après tout. Il prenait juste ces deux hommes de loin, on ne voyait même pas leur visage. Ce n'était pas trop grave s'il apparaissait sur ses photos, non ? Et puis...Ils étaient tellement mignons ensemble ! Mikkel ne savait pas si c'était parce qu'il était gay lui-même ou autre chose, mais ce qu'il voyait le touchait. Quoi qu'il en fallait pas beaucoup pour l'attendrir de base. Quoi qu'il en soit, il avait braqué son objectif sur ces deux là et...Oh ! Un baiser passionné échangé. La prise était excellente. Il avait appuyé sur le bouton pile au bon moment. Et il avait eut raison apparemment puisque les deux inconnus se séparèrent sitôt après. Plutôt satisfait, Mikkel jeta un oeil à son écran, voir ce qu'il venait tout juste de prendre, le sourire aux lèvres. Comment l’appellerait-il ? "Flâneries au crépuscle" ? "Amour hivernal" ?

Mais on l'interpella si soudainement que le jeune homme sursauta, relevant le regard vers un homme qui s'approchait à grands pas vers lui. Et il s'agissait vraisemblablement d'un des deux hommes qu'il venait de prendre. L'autre était déjà hors de vue. Mais celui-ci n'avait pas l'air commode. Quand il demanda ce qui avait été pris en photo, Mikkel se figea, incapable de répondre tout de suite. Venait-il de faire une grosse boulette ?

- Hm...Euh...Eh bien, je vous ai p-pris vous.

Mentir, c'était pas son fort de toute manière. Alors autant aller droit au but. Mais il ne faisait clairement pas le malin devant la carrure de l'autre qui n'aurait qu'à souffler dessus pour le casser en deux.

- Vous, ensemble, poursuivit-il d'une petite voix, mais c'était juste pour le...la vue du parc.

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Depuis son poste et bien que fin observateur, Mikkel avait fait l'erreur de mal comprendre la situation qui s'était déroulé devant son objectif. Pour lui, il n'avait vu que deux hommes échanger une preuve d'amour, rien de plus. Ca aurait pu en déranger certains, mais pas lui. Au contraire, il avait plutôt trouvé ça bien de se dévoiler ainsi malgré les préjugés encore trop ancrés dans l'époque actuelle. Des préjugés qui n'avaient jamais vraiment eut d'effets sur lui étant donné qu'il n'avait jamais eut de relations particulières avec qui que ce soit. Du coup, seuls ceux qui le connaissaient bien pouvaient savoir qu'il était homosexuel. Mais si quelqu'un dans la rue devait lui poser la question, il répondrait en toute honnêteté également.

Non, Mikkel avait bien d'autres problèmes peut-être même cent plus important que ce genre de choses. Comme celui qui venait de lui foncer dessus sans crier gare. Il ne s'attendait pas du tout à ce qu'on se mettre dans des états pareils pour une simple photo. Tout le monde pouvait se faire prendre en photo malencontreusement, par les caméras de surveillance dans les rues, par des gens qui prenaient leurs proches ou autre chose en photo et récupérant en arrière plan des passants qui n'avaient rien demander à personne. Et que dire des photos dans les magasines qui vantaient les bienfaits d'un bol d'air frais ? Les photographes demandaient-ils l'accord à la foule avant de se lancer ? Mikkel peina à trouver ce qu'il avait fait de mal mais peu importe. Il avait mal agit, c'était tout ce qu'il comprenait.

- Je suis désolé...marmonna t-il tout penaud tel un enfant qu'on grondait après une grosse bêtise, je ne pensais pas...On ne vous voit pas plus que ça...Pas votre visage en tout cas, alors je me suis dis...

Mais l'autre homme lui arracha l'appareil des mains et Mikkel fut tellement prit au dépourvu qu'il n'eut pas le temps de résister, laissant l'objet lui échapper.

- Oh non...! gémit-il, prit d'inquiétude en joignant ses mains devant sa bouche, ne le cassez pas, s'il vous plaît...!

Il n'osa pas tenter de le reprendre. Il se doutait bien que c'était peine perdue. L'autre, d'un simple regard, était beaucoup plus fort que lui, c'était évident. Et il avait l'air si remonté qu'il s'attendait désormais au pire. Il resta alors campé sur sa position, retenant son souffle en fixant l'inconnu qui avait le regard posé sur l'écran. Au bout d'un moment, et permettant enfin à Mikkel de respirer à nouveau, l'autre homme lui rendit l'appareil et le Norvégien s'empressant de le reprendre avant qu'il ne change d'avis. Il hocha timidement la tête à son ordre, pianotant maladroitement sur les touches et bien que l'autre l'intimidait énormément, il trouvait ça affreusement dommage de supprimer une photo aussi bien faite. La chasse n'aura décidément pas été bonne aujourd'hui.

- Je suis désolé...répéta t-il en supprimant la dite photo -ce qui lui permettait notamment de ne pas avoir à reporter son regard sur l'autre homme pour le moment-, je vous trouvais juste...mignons, dans le paysage...

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Mikkel ne savait pas du tout comment réagir pour calmer l'inconnu hargneux. Les conflits, ce n'était pas son truc. Il les fuyait comme la peste. Mais c'était clairement un événement qui allait lui servir de leçon à l'avenir. Enfin, ce n'était pas comme s'il pouvait toujours contrôler qui était sur ses clichés ou non. Quand il voulait prendre une rue particulière, à un angle particulier, des visages ou des silhouettes pouvaient toujours apparaître. C'était bien la première fois qu'on réagissait de cette manière à une photo qu'il prenait. Bon, certes, il n'y avait eut que deux personnes sur cette photo et elles avaient été le centre d'attention. Mais bon, tout de même. Il y avait sans doute des moyens plus courtois d'exiger quelque chose. A commencer par ne pas chiper les affaires des autres.

L'appareil dans les mains de cet être si agressif avait provoqué une poussée d'angoisse en Mikkel. Cet appareil valait une petite fortune. C'était son bijou, son outil de travail et il y avait encore tellement de clichés à l'intérieur qu'il n'avait pas eut le temps de classer, de ranger, de sauvegarder et d'ôter de là. Puis, c'était fragile ces trucs là. Et si l'autre l'envoyait valdinguer au sol ? S'il le cognait ou quoi que ce soit d'autre ? Il ne s'était pas gêné pour le prendre après tout, alors qui sait de quoi il était capable. Pétrifié, Mikkel attendait ce moment fatidique qu'il n'espérait jamais voir venir, son regard à tour de rôle sur l'appareil et sur le visage contrarié de son interlocuteur irrité.

Fort heureusement, rien de tel n'arriva. Mikkel eut un profond soulagement en voyant l'objet lui revenir et il l'avait récupéré comme si on venait de lui rendre un vase précieux qui avait manqué de peu de se briser. Peu désireux d'augmenter la colère de l'homme, il n'émit aucune réticence à faire ce qu'il lui demanda mais ne put s'empêcher de lui révéler le pourquoi il les avait choisi pour son modèle photo. Une réponse qui eut l'air de déconcerté l'inconnu.

- Hm ? fit timidement le Norvégien en daignant enfin relever les yeux vers celui qui lui faisait face.

Quoi ? Il avait dit quelque chose de travers ? Ce n'était pourtant que son ressenti pur et sincère. L'inconnu n'eut pas l'air de comprendre où il voulait en venir. Et Mikkel ne comprenait pas l'incompréhension de l'homme !

- Ben...

L'autre avait toutefois renchérit, ajoutant qu'il ne connaissait même pas la personne qui venait de l'embrasser il y a quelques minutes à peine. Ce qui coupa Mikkel dans sa réponse. A son tour d'être confus.

- Euh...

Il jeta de bref coup d'oeil aux alentours comme s'il allait apercevoir un indice qui l'aiderait à comprendre les faits. Mais ses prunelles revinrent aussitôt sur l'autre homme.

- Ben je croyais que...Ben je savais pas. Comment...?

Drôle d'histoire tout ça. Il baissa le regard sur son appareil.

- De loin, vous aviez l'air d'être bien ensemble...Je ne me doutais pas que...Je me suis trompé.

Il glissa une main dans sa nuque, terriblement embarrassé par ce malentendu.

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Mikkel ne voyait pourtant pas faire autre chose que s'excuser pour ce qu'il ne cessait d'enchaîner avec cet homme. La prise de photo, le malentendu sur ses relations avec l'autre...Et surtout, étant donné la colère suscité, il ne pouvait pas faire mieux que de s'excuser en se faisant tout petit. Il n'avait pas envie que l'on prenne mal ses intentions et il n'avait jamais eut envie de mal prendre une relation vue de loin. Qu'était-il pour considérer telle ou telle personne après tout ? Il ne connaissait rien de la vie de cet homme et s'en était déjà fait toute une histoire en un seule cliché.

- Mais...

Il n'ajouta rien à sa phrase, devant l'attitude soudaine penaude de l'homme face à lui. Il ne le lâchait pas des yeux tandis que l'inconnu avait rivé les siens vers le sol. Les rôles s'étaient étrangement inversés en matière de regard mais Mikkel demeurait préoccupé par le ressenti de son interlocuteur. Il respecta néanmoins le silence subitement émit. Devrait-il partir ? Mais alors que l'idée lui traversa l'esprit, l'inconnu reprit la parole, étonnant le Norvégien.

- ...Ah bon ?

Il parvint enfin a à nouveau croiser son regard. La tension fut soudainement en chute libre. L'inconnu mentionna son comportement déplacé. En soi, Mikkel se sentit rassuré sur ce point. Mais ce fut des paroles qu'il balaya nerveusement d'un signe de la main.

- Oh...Ce n'est pas grave.

Non, il n'en voulait pas à cet homme de s'être énervé de la sorte. Il avait sans doute de bonnes raisons d'avoir agit de cette manière. Ce qui comptait pour Mikkel était que la tempête soit enfin passée.

- Ca va, ajouta t-il aux excuses de l'autre homme.

Le Norvégien n'était pas mécontent de la tournure de la situation. Ca aurait pu être pire. Les choses se tassaient doucement. Plus de peur que de mal finalement même s'il se sentait toujours coupable de ce qu'il avait provoqué. Aux aveux de l'homme, Mikkel releva un regard soucieux vers lui.

- Oh vraiment ?

Cet homme se cachait-il de sa sexualité ? C'était plus que probable. Il aurait pu se cacher de la personne avec qui il flirtait mais il prétendait lui-même ne pas le connaître. Il n'y avait donc pas beaucoup d'hypothèses pour comprendre les mots de l'inconnu. Mikkel en fut désolé pour lui et d'avantage dépité de son erreur. Lui qui pensait voir l'amour parfait était tombée sur une scène interdite. Mikkel n'était pas inculte et savait que c'était encore difficile pour les gens comme lui de s'assumer, ou pour le monde d'accepter ce genre de chose. Il pouvait comprendre le secret, mais il s'en attristait également. Il savait que ça existait mais n'y avait jamais été confronté. Il avait toujours tendance à vivre sur son petit nuage rose à croire que le monde était beau et gentil, à supposer que le mépris était exagéré quand on en parlait. Mais la gifle était monumentale. Cet homme se cachait de sa propre identité. Comment pouvait-on vivre comme ça ? Il sortit de ses pensées aux nouvelles excuses de l'inconnu et nia d'un signe de tête en haussant les épaules.

- Il n'y a pas de mal, c'est mieux comme ça je suppose, répondit-il en éteignant l'appareil et le fourguant dans sa sacoche à sa ceinture.

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Le jour où Mikkel pensera du mal de qui que ce soit, une météorite s'abattra sur la Terre la seconde suivante. Et ce moment, fort heureusement, était pas prêt d'arriver -enfin on l'espère-. Même si cet homme avait haussé le ton sur lui, même s'il s'était montré agressif dans son comportement, ce n'était pas ça qui ferait que Mikkel le perçoive mal. Il avait eut peur au départ, forcément, de voir débarquer cette furie d'un coup. Mais maintenant que la tension était au plus bas, ce n'était plus le cas. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il était en pleine confiance non plus mais ça, c'était le cas avec bon nombre de personnes de cette ville. Plus encore, il partageait avant tout désormais la confusion de son interlocuteur et, par la suite, son angoisse.

- Non, pas du tout, assura t-il alors.

Il l'avait pris pour une brute, nuance. Mais c'était passé. Il ne lâchait plus des yeux l'individu qui avait choisi de mieux s'expliquer. N'était-ce pas par ça qu'il aurait dû commencer ? Mais que pouvait-on faire contre un vent de panique ? La définition même de la panique était le fait d'être incontrôlable. Mikkel hocha alors la tête d'un air entendu.

- Je comprends.

Tristement, mais il comprenait malgré tout.

- Tu es pardonné.

Vraiment triste. Oui ça l'était et il avait du mal à sortir cette idée de sa tête. Il était embarrassé d'avoir plongé l'inconnu dans cet état de panique. Et s'il ne l'avait pas vu ? S'il ne l'avait pas rattrapé et si la photo avait été diffusée et en était venu à lui causer de gros ennuis ? Bon sang, qu'est-ce qui avait été évité là au juste ? Mikkel déglutit en y songeant. Est-ce qu'il aurait pu ruiner la vie d'un autre humain par une simple pression sur un bouton ? C'était effroyable ! Il en eut la chair de poule.

- Ca ne fait rien...fit-il en baissant le regard, mal à l'aise.

Non, il ne lui en voulait vraiment pas et l'homme n'avait pas trop à se blâmer, il n'en fallait vraiment pas beaucoup pour lui faire peur de toute manière. Mikkel espérait qu'en pardonnant son comportement, l'inconnu pourrait également se sentir mieux dans toute cette histoire. Parce qu'il était, lui aussi, vraiment pas bien en se rendant compte de ses propres actes. Heureusement qu'il n'y avait pas eut de violence, de casse, ou de coups. Agitant sa main en guise d'éventail, il ajouta :

- C'est passé maintenant.

Puis, il reprit :

- Je pense qu'on a juste tous les deux fais une erreur.

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Mikkel n'était pas rancunier pour un sou. Surtout pour quelque chose qui, de toute évidence, embarrassait tout autant son interlocuteur. Et puis, il considérait qu'il avait sa part de responsabilité dans cette histoire aussi. En gros, il était quitte avec l'autre homme. C'était ainsi qu'il voyait les choses. Mais il était surtout bien content que les choses n'aient pas dégénéré d'avantage. Certes, l'histoire de se faire embrasser sans riposter par un inconnu était un peu étrange. Mais bon, Mikkel n'allait tout de même pas se mettre à traiter les gens de menteurs. Comme s'il lisait dans ses pensées, l'inconnu déclara qu'ils étaient quittes. A nouveau, le Norvégien opina du chef.

La neige avait profité de cet échange pour se mettre à tomber. Mikkel observait les alentours. Il n'y avait pas un chat et les ombres si prometteuses pour les photos avaient disparu en même temps que le soleil sous une couche nuageuse. Tant pis. De toute façon, le soleil aurait disparu à l'horizon rapidement pour laisser place à la nuit alors bon. Demain sera un autre jour. Le froid se levait déjà, soulevé par un vent un peu fort et Mikkel resserra un peu plus son col autour du cou. Il n'avait pas envie de traîner dehors à la nuit tombée et il ne pouvait être on ne peut plus d'accord avec le brun.

- Oui, c'est préférable.

S'en aller oui, mais visiblement pas sans une dernière excuse de la part de l'inconnu.

- Tout va bien, je t'assure, rassura Mikkel, désireux de calmer les inquiétudes de l'autre homme.

Il avait eut la peur de sa vie, certes, mais il avait connu bien pire. Alors que l'homme s'en alla, Mikkel le salua d'un signe avant de glisser ses mains dans ses poches pour les protéger du froid naissant, et partir de son côté. Il rejoignit alors le portail qui marquait la sortie du parc mais ce dernier se révéla fermé. Un coup de vent sans doute. Pourtant, lorsque Mikkel tenta de l'ouvrir, rien ne se produisit. Bizarre ! Et le vent qui se levait de plus en plus fort. Le jeune homme retenta sa chance mais à pas des sons métalliques, il ne se produisit rien de plus.

- Mais pourquoi ça ne s'ouvre pas ? s'interrogea t-il lui-même avant d'abandonner dans un soupire.

Bon, relax. Il y avait un autre portail de l'autre côté. Mais quand Mikkel se détourna, il se surprit à retrouver l'autre homme qui le guettait et, à sa question, il devina le pire.

- Quoi ? Là-bas aussi ? s'inquiéta t-il.

Depuis quand on fermait le parc à clef au coucher du soleil ? A moins que ce ne soit une sécurité à cause de la météo ? C'est vrai qu'elle s'agitait de plus en plus mais ils auraient pu vérifier au moins qu'il n'y ai plus personne avant de fermer !

- Oui, il y a des gardiens...fit-il d'une voix mal assurée, ce sont peut-être eux qui ont fermé les portes...

Diable, pourvu que non ! Ces derniers ne se risqueraient plus à l'intérieur du parc qu'ils savaient que les portes étaient fermées.

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Il avait été hors de question pour Mikkel de quitter cet homme dans de mauvaises circonstances. Bien qu'il se serait peut-être enfui s'il s'était montré plus agressif encore ! Mais outre cela, le Norvégien voulait repartir sur des bases saines -plus ou moins- et veiller à ce que lui et l'autre puissent rentrer chez eux ce soir avec la conscience tranquille. Au mieux en tout cas. Et ça commençait naturellement par le pardon. Après tout, l'inconnu lui avait pardonné non ? Non ? Bon, il ne l'avait pas dit mais il s'était excusé à son tour en reconnaissant ses fautes. Ca devrait pouvoir compter pour ! Il avait fait cet effort en plus de s'expliquer alors il aurait été injuste que Mikkel n'en fasse pas de même.

Cette histoire d'être coincé dans un parc ne plaisait pas du tout à Mikkel. Enfin, en d'autres circonstances, qui sait. Mais là, avec ce vent qui soufflait de plus en plus fort, cette neige qui s'épaississait et surtout en prime la nuit qui arrivait. Ca faisait un combo qui n'avait rien pour plaire au Norvégien. Alors certes, il connaissait ce parc, mais jamais encore il n'avait été coincé dedans et il n'y passait pas sa vie entière non plus. Surtout pas avec un temps pareil. Il suivit alors l'autre homme qui avait repéré un plan un peu plus loin. Il y jeta un oeil en même temps que lui dans un moment de silence, si on ne comptait pas les hurlements du vent.

- ...On est là, finit-il par dire en pointant un endroit sur la carte.

Au moins une chose qu'il avait su repérer malgré son regard plissé par les flocons qui semblaient n'avoir qu'une envie : lui rentrer dedans. L'autre homme fit le reste du travail, jugeant le meilleur chemin à prendre pour...Pourquoi faire au juste ? Il suggéra un cabanon qu'il avait repéré. Mikkel acquiesça. C'était une bonne idée, autant pour trouver peut-être quelqu'un, ou un numéro, ou ne serait-ce qu'un abri. Pourvu qu'il y ai ce qu'il faut étant donné la chance inexistante qui le hantait depuis quelques minutes. Preuve à l'appuie avec le numéro incomplet qui se trouvait affiché au niveau du cabanon.

- Hm...se contenta de faire le jeune homme sur un ton dépité.

Le blizzard se levait pour de bon. Mikkel se ratatinait un peu plus sur lui-même pour se réchauffer au mieux. Il approcha alors la porte du cabanon.

- Est-ce que c'est ouvert ? songeait-il à voix haute, peut-être qu'on peut...Oh ? Oh ! Ca s'ouvre.

Effectivement, bien que la porte s'avérait être grinçante et un peu réticente, elle s'ouvrit sur du matériel d'entretien lorsque le Norvégien poussa la poignée.

- Oh wow, c'est petit là-dedans...commenta t-il en observant l'intérieur.

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Mikkel tourna le regard vers le brun quand ce dernier lui barra le passage. Aucun soucis, il n'avait pas été prêt à rentrer là-dedans de toute manière. C'était un petit peu trop restreint à son goût. Aussi, la bonne nouvelle d'avoir trouvé cette porte ouverte s'évapora aussitôt en lui. Il n'y avait pas fait attention mais il était vrai que ce cabanon...n'était qu'un cabanon après tout. Pas une grange. C'était juste assez grand pour garder le matériel nécessaire à l'entretien du parc et ça réduisait grandement l'espace à l'intérieur.

- Qu'est-ce que tu fais ?? s'étonna t-il en voyant l'inconnu vider carrément le cabanon.

Ouh là, c'était sans doute pas autorisé tout ça ! Ils allaient se faire méchamment tapé sur les doigts pour avoir mis le boxon dans le cabanon des gardiens. Et ces derniers allaient regretter de ne pas avoir fermer celui-ci à clef. Déconcerté, Mikkel regardait chaque objet atterrir lourdement au sol, priant pour que ce dernier ne se soit pas abîmé dans la manœuvre. L'homme voulait effectivement s'abriter à l'intérieur et Mikkel n'était pas non plus contre un abri mais tout de même...

- Est-ce qu'on peut quand même laisser la porte ouverte...?

Ce combo était vraiment atroce : la nuit, le blizzard, ce placard à balai en guise d'abri avec un type qui lui était parfaitement inconnu avec tendances brutales en bonus. Cette soirée tournait décidément au cauchemar et il se demandait s'il y avait moyen de faire pire. L'inconnu cependant eut une autre idée et appela un autre numéro marqué sur l'affiche. Mikkel ne se fit pas attendre lorsqu'il lui demanda un coup de main pour noter le numéro qui lui transmis.

- Espérons que quelqu'un réponde.

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Mikkel n'allait pas reprocher l'homme pour ce qu'il faisait même s'il ne trouvait pas ça très bien d'agir ainsi. Mais d'un autre côté, fallait bien que quelqu'un prenne un peu les devants et une chance pour Mikkel, c'était dans les cordes de ce gars là. Son côté "brute" avant au moins l'avantage de la spontanéité dans les moments critiques où il fallait passer outre les bonnes manières pour survivre. Le brun accepta par la suite que la porte demeure ouverte malgré le fait que ça ne ferait que permettre au vent et à la neige de rentrer et de gâcher quelque peu leur abri. C'était pourtant plus rassurant aux yeux du Norvégien et il préférait avoir un peu plus froid que d'être bel et bien enfermé avec cet homme entre ses quatre murs trop rapprochés. Et si la porte ne s'ouvrait plus par la suite ? Certes, c'était une réflexion stupide mais c'était le genre de pensée qui avait tendance à lui parcourir l'esprit dans de telles situations.

- Tu veux que je te prête ma veste...?

Aux paroles de l'autre homme, Mikkel se rendit compte que ce dernier avait l'air assez frileux. C'était sans doute normal d'avoir froid avec la tempête au dehors mais si le jeune homme devait comparer leur ressenti à tous les deux, l'inconnu donnait vraiment l'impression de souffrir des basses températures. Bien plus que lui en tout cas. L'homme passa un nouveau coup de fil pour attraper un gardien et espérer que ce dernier résolve le problème des deux malchanceux. Par chance, il y eut une réponse et Mikkel dévorait l'inconnu des yeux, plein d'espoir. Il s'inquiéta quelque peu en voyant sur le visage de l'autre homme l'irritation naître. "Surtout restes calme !", priait intérieurement le Norvégien. Faudrait pas qu'ils se retrouvent abandonnés à leur sort sous prétexte qu'il avait pris la mouche avec le gardien. Il soupira de soulagement lorsqu'il apprit le résultat de cet appel.

- Dieu merci.

Enfin, ça restait tout de même une demi-heure d'attente. Mais c'était mieux qu'une nuit entière. A la remarque du brun, Mikkel eut un sourire timide, se passant une main dans la nuque.

- En effet, reconnut-il, et ce n'est pas contre toi mais je m'en serais bien passé.

Il s'adossa au mur du cabanon, resserrant les bras autour de son corps et observant le blizzard qui faisait rage à l'extérieur. Par moment, un coup de vent de travers faisait rentrer quelques flocons sur le seuil de la cabane.

- Au fait, je m'appelle Mikkel...

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Mikkel s'en voulait un peu d'imposer à l'autre homme cette porte ouverte qui n'arrangeait pas leur situation actuelle. Mais il n'avait jamais été confiant avec les lieux clos. Avec ou sans inconnu à ses côtés. Peut-être qu'au fond, le fait d'avoir cet individu avec lui arrangeait un peu ce sentiment d'angoisse. Tout seul, il ne se voyait pas du tout gérer une telle situation avec autant de sang-froid que son malheureux partenaire du jour. Aussi, histoire de compenser le battant qui s'agitait légèrement sous le vent, le Norvégien était prêt à passer sa veste à celui qui semblait le plus en avoir besoin. Mikkel n'était pas bien large, mais le vêtement devait lui convenir malgré tout. Ce serait toujours mieux que de voir l'inconnu grelotter comme un chaton sous la pluie. Enfin, ça serait une aide supplémentaire tout du moins. Il lui avait fait cette proposition alors que l'autre était déjà en charge de passer un nouveau coup de fil, l'arrêtant dans sa démarche. Mikkel l'observait alors, croisant son regard et guettant simplement sa réponse.

- Oh oui, assura t-il en hochant la tête avec inquiétude, tu es tout tremblotant !

Et ça faisait assez peine à voir. Le climat ne jouait vraiment pas en leur faveur ce soir. L'homme refusa et Mikkel lui décrocha un regard entendu, priant intérieurement que c'était effectivement le cas, que le gardien allait pouvoir les récupérer le plus rapidement possible. Il haussa un sourcil, considérant la remarque du brun une fois le coup de fil passé. Il n'avait pas tort. Dans tout les cas, Mikkel se serait passé de tout ce qui venait de lui tomber dessus en quelques minutes à peine. Que ce soit le conflit avec lui, le blocage dans le parc ou le blizzard apparu soudainement.

L'inconnu opta pour se poser à même le sol qui devait être aussi froid que tout le reste. Mikkel demeura le mur contre son dos, bien trop anxieux face à l'obscurité qui prenait place peu à peu. Bientôt, il ne pourrait sans doute plus voir cet homme tellement il ferait sombre et l'angoisse serait à son comble. Malgré sa crainte, il se força un sourire lorsque l'autre homme se présenta à son tour, pas mécontent de pouvoir enfin poser un nom sur ce visage. A son geste, Mikkel baissa un rapide coup d'oeil vers sa sacoche. Il posa sa main sur cette dernière comme si ça pouvait lui donner du courage.

- Oui, répondit-il dans un souffle, un léger sourire aux lèvres dès qu'il s'agissait de parler de ce qu'il aimait, mais même pour le loisir, j'aime prendre des photos.

Cette passion était plus ou moins née soudainement lors de ses études. Après les soucis de son enfance, il avait gagné un regard neuf pour contempler les merveilles de la vie et s'en était servi pour nourrir cette nouvelle passion. Depuis, il prenait un vrai plaisir à immortaliser les plus belles choses à ses yeux, de ce que le monde avait à lui offrir. Ce que malheureusement la majorité des personnes prenaient déjà pour acquis et ne pouvaient plus réellement se rendre compte de la beauté de la chose.

- Encore désolé pour la photo, se souvint-il en reposant son regard sur le dénommé Orel, c'est triste que tu dois...

Il leva les yeux vers le plafond en cherchant ses mots. Il n'avait pas très envie de brusquer le brun sur un sujet aussi délicat mais il était vrai que lorsque ce dernier lui en avait parlé, ça l'avait pas mal touché. Finalement, ses prunelles retombant sur l'homme recroquevillé au sol, il poursuivit :

- ...cacher ce que tu es.

Il déglutit. Il espérait ne pas le froisser, ou toucher un sujet douloureux mais sa compassion l'empêchait de se taire.

- Tu le fais parce que tu as peur qu'on te fasse du mal...? interrogea t-il d'une voix mal assurée.

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Tout le monde n'était pas sensible de la même manière aux températures. Il devait même sans doute y avoir des Norvégiens plus frileux que d'autres. Mikkel n'avait pas ce problème là. A vrai dire, il était plutôt bien à l'aise de ce côté là et il ne savait pas s'il le devait à un coup de chance ou à ses trois années jadis de séquestration en lieu tout sauf bien chaud et douillet. Aussi, il ne devina pas que la sensibilité d'Orel était dû à ses origines non nordiques.

- Je dirais...cinq ou six ans peut-être.

Cela faisait un moment qu'il ne comptait plus les années depuis qu'il avait emménagé dans cette ville pour redémarrer la vie d'une meilleure façon. Désormais, il vivait au jour le jour, laissant le temps suivre son cours et c'était plutôt plaisant.

- Je n'ai pas vraiment de studio, juste quelques installations chez moi. Mais je fais aussi sur le terrain.

Décidément, Orel s'intéressait au sujet. Etait-ce de la simple curiosité ou bien le domaine lui évoquait quelque chose de plus profond ? En parlant de photo, Mikkel repensa bien malgré lui à ce qui avait généré leur rencontre à tout les deux. En soi, rien de bien glorieux. Et il savait que l'autre homme n'avait pas envie qu'il s'excuse d'avantage mais il ne put s'en empêcher une nouvelle fois. Ce ne sera jamais une excuse de trop selon lui. Il fut soulagé de voir que Orel n'émit aucune réticence à en parler. Mikkel ne fut nullement repoussé pour son intrusion dans les ressentis du jeune homme alors autant dire que c'était avec une attention certaine qu'il écouta son début d'explication. Rien que le ton employé serra doucement l'estomac du Norvégien. Ne pas pouvoir compter sur sa propre famille devait être affreux à vivre. Sur le moment, il se demanda un temps ce qu'aurait pensé ses propres parents s'ils avaient su ? Oh sa mère n'y aurait vu aucun mal, pour sûr ! Son père en revanche, c'était un cas à part. Difficile de prévoir quelle aurait pu être sa réaction. Mikkel se retint de répondre, sachant une suite à venir bientôt, et elle ne tarda pas en effet.

- Ooh...fit-il, complétement ému, rien j'en suis sûr.

Ou pas. Qu'est-ce qu'il en savait ? Il ne connaissait rien de cet homme ni de sa famille ! Pourtant, il ne pu s'empêcher de vouloir le rassurer.

- Entre un père et son fils, il ne devrait rien se passer de mal.

Il était très mal placé pour dire ce genre de chose, même si son père ne lui avait jamais rien fait. Plus ou moins. Le Norvégien finit par s'accroupir doucement au sol sans lâcher Orel d'un regard compatissant.

- Peut-être parce que tu en avais besoin...? reprit-il pour lui répondre.

Il marqua une pause, contemplant les tombées de neige au dehors. Il sentait à quel point son compagnon d'infortune était dépité et c'était à fendre le coeur. Mikkel rabattit ses jambes contre lui, de la même façon que son comparse, histoire de conserver un maximum de chaleur même si le froid n'était pas sa priorité première. Il sentait plutôt l'oppression des ombres autour de lui et la conversation avec le brun restait encore le meilleur moyen de les ignorer au mieux. Son regard revint alors sur lui.

- Pourquoi tu te caches encore aujourd'hui ?

Vivait-il toujours chez son père ? Quand bien même, il n'était plus un jeune facilement intimidable et avait même l'air d'être capable de se défendre. N'avait-il pas de vivre libre à mener enfin ? Si Mikkel avait put le faire, pourquoi pas lui ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Mikkel confirma les paroles de l'homme d'un signe de tête. C'était d'autant plus enrichissant qu'il touchait un peu à tous les domaines et ne se limitait pas sur tel ou tel sujet comme certains photographes faisaient. Les entreprises pouvaient faire appel à lui, mais les simples particuliers également. Il avait déjà eut l'occasion par exemple d'immortaliser des mariages ou des anniversaires.

- C'est vrai et jusqu'à aujourd'hui, je ne pensais pas que c'était également risqué.

Son sourire timide et discret revint pour marquer la petite plaisanterie dû à leur délicate rencontre. Qui, toutefois, avait sans doute fait naître en lui plus de retenu la prochaine fois que l'envie lui prendra d'attraper un instant entre deux personnes au milieu d'un parc désert ! La conversation vira que quelque chose d'un peu plus intime cependant et Mikkel prenait constamment soin de choisir correctement les mots à employer, bien conscient qu'il venait de pénétrer un thème délicat à aborder. Orel n'avait pas l'air de le croire quand il lui assura qu'il n'aurait rien risqué et le Norvégien ne pouvait le blâmer pour ça. Il connaissait mieux son père que lui après tout. En revanche, il avait bien deviné le fait que l'homme face à lui avait besoin de parler à quelqu'un. C'était juste terriblement ironique que le quelqu'un en question soit celui qu'il avait grondé dans un parc. Les circonstances de cette soirée étaient décidément étrange et les plus spirituels diraient probablement que c'était un signe du destin avec pour preuve le fait que l'un d'eux puisse enfin se confier sur ce qui lui pesait sur le coeur.

Mikkel se raidit aux propos de l'homme. S'il savait ? Oui, il le savait. Pas pour les mêmes raisons que lui sans doute mais il savait ce que c'était que d'avoir un père exigeant. Très exigeant même et ça lui avait coûté. Le simple fait d'avoir eut cet homme en guise de père lui avait volé trois années de liberté et la vie de sa jeune soeur. Mais l'influence de son paternel n'avait jamais fonctionné sur lui malgré tout. Mikkel se laissait faire mais n'avait jamais été d'accord et n'avait jamais assimilé ce que son père voulait faire de lui. Il en était soulagé d'ailleurs. Jamais il n'aurait souhaité être comme lui.

- Oui, je sais ce que c'est, reconnut-il, alors...je pense pouvoir comprendre ce que tu ressens.

Ce qui n'était pas difficile pour lui. Mikkel avait toujours été doué pour percevoir les émotions des autres. Pour deviner leurs peines, leurs frustrations, leurs émois. Percevoir ce qui était humain.

- Mais il n'y a rien de mal à être ce que tu es pourtant, assura t-il.

Il n'irait pas jusqu'à dire que faire face à son père serait une mauvaise idée mais ça restait une idée inquiétante malgré tout. Cependant, lui seul avait pu espérer tirer un trait sur le passé en collant son propre père derrière les barreaux. Ca ne lui avait absolument pas plus du tout. Mais sans doute que c'était quelque chose de nécessaire pour avancer. Orel annonçant que l'heure dite était dépassée n'aida pas Mikkel à se rassurer. Ca y est...Le gardien les avait oublié ? Avait-il laissé tomber ? Etait-il bloqué quelque part ? Ils allaient rester ici toute la nuit ? Rien ne se passait bien depuis qu'ils s'étaient rencontrés alors blague du destin ou non, le karma pouvait tout de même les laisser souffler deux minutes non ? Même si cela avait permis une conversation non négligeable néanmoins. La lumière vive du téléphone d'Orel s'accentua soudain et Mikkel suivit du regard sa silhouette bercée d'ombre se mouvoir. A sa question, il nia d'un signe de tête.

- Non, je...

Il ne l'était pas vraiment, sinon la panique se serait emparé de lui depuis longtemps. Il devait l'être un peu, assez pour le laisser s'angoisser dans son coin. Il ne serait jamais rentrer là-dedans si ça avait été le cas, même si la porte ouverte restait d'une grande aide. Il lâcha un soupire dépité.

- Je n'aime juste pas ça, poursuivit-il, et il fait si...sombre maintenant.

Il n'était pas fier du tout. Côté virilité, Orel n'avait plus trop à craindre de son propre cas avec celui de Mikkel près de lui. Et le Norvégien, incapable ou presque de mentir, ne pouvait nier l'évidence face au brun.

- J'ai peur, d'accord ? fit-il alors en dressant son regard vers lui.

Il n'avait aucune once d'agressivité en disant cela, mais il n'était juste pas satisfait du tout de l'avoir avouer. Aussi peu satisfait sans doute que ne l'avait été Orel en racontant les tourments qui le hantaient concernant son orientation sexuelle. Ce dernier se mit à chercher dans le cabanon. Comment faisaient les gardiens ? Eh bien...Ils ne travaillaient pas au beau milieu de la nuit par exemple, songeait le Norvégien angoissé. Dénichant une lampe qui avait miraculeusement survécu au vidage imposé par le brun avant de pénétrer la cabane, ce dernier parvint à l'allumer. Mikkel plissa les yeux face à la lueur nouvelle qui éclaira d'avantage l'intérieur que ne l'avait fait le téléphone d'Orel jusqu'à présent. Le Norvégien observa un moment la lampe avant de reposer son regard vers son compagnon d'infortune.

- Mieux, oui. Merci... fit-il d'un sourire léger mais soulagé.

C'était pas Byzance mais c'était toujours mieux que rien. Mikkel n'allait pas cracher sur le peu de moyens qu'ils avaient à leur disposition.

- Et s'il ne venait pas finalement...? ajouta t-il avec inquiétude.

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