Am I wrong for thinking we could be alright? (Abigail)

Ft.@Abigail Brown

Am I wrong for thinking we could be alright? 

Je regarde les portes de l’ascenseur se fermer doucement sur Svein, et je conserve mon petit sourire, avant de pousser un long soupir quand je me retrouve seul. J’ai essayé de le rassurer comme je l’ai pu, mais je me doute bien qu’Abby va venir à l’appart ce soir. Il m’a proposé de nous laisser tous les deux, histoire de limiter la casse. Je suis soulagé à l’idée de ne pas les entendre se prendre le bec, ce soir encore, mais une partie de moi aurait préféré que mon petit ami soit là. D’un côté, je me sens mieux quand il est dans les parages, mais de l’autre, je ne peux pas prendre Svein pour un bouclier. Et il n’a pas non plus à supporter les changements d’humeur d’Abby. Je me doute qu’il va m’envoyer des messages pour savoir si tout va bien. Il doit aussi sans doute se faire du mouron dans son coin, mais accepter ce qu’il rentre, c’est aussi le protéger à ma manière. Il n’a pas signé pour ça en venant passer le début de soirée ici.

Une fois de retour au selon, je me penche vers la table basse pour récupérer nos bentos désormais vides, et je vais les jeter à la poubelle quand j’entends mon téléphone m’indiquer un SMS. Je m’approche de l’appareil quand j’ai terminé de nettoyer les traces de notre dîner, et je comprends que mon instinct ne m’a pas trompé quand je vois le nom d’Abigail s’afficher sur l’écran. En temps normal, ça m’aurait tendu, mais ça m’aurait fait plaisir. Seulement, depuis quelques semaines, ça me rend tout simplement nerveux.  

Ça promet une fin de soirée plutôt désagréable. J’en ai assez de la voir s’autodétruire, et de me sentir si impuissant. Je me suis dit plusieurs fois que je nous rendrais service si je lui avais que c’était moi, ce Français qui avait secoué tout ce monde, quitte à le laisser en cendres, mais je le sais, le soulagement ne serait que de courte durée. Et égoïstement, je ne suis pas sûr d’être prêt à en affronter toutes les conséquences. Est-ce que je devrais en parler à Paco ? Je sais qu’il est contre le fait de passer aux aveux, mais ça risque bien d’être la dernière option qu’il me reste, si les choses continuent de s’empirer à ce point-là. Au fond, je nous rendrais peut-être service à tous, au lieu de nous laisser nous épuiser petit à petit.

Je fais quand même un dernier tour de la maison pour repérer quelles sont les bouteilles que je n’ai pas encore cachées, et je suis occupé à les dissimuler dans ma chambre quand j’entends les portes de l’ascenseur s’ouvrir. Je souffle un coup, espérant que ça suffira pour me calmer, et je m’avance ensuite dans le couloir pour la rejoindre, et je colle un léger sourire sur mon visage. Ce sera peut-être moins triste, cette fois. « – Salut ! »