heartbreak hotel (ft. anastasia)

— Après l’hiver un peu brutal pour les affaires, le restaurant reprend un peu de vie – et heureusement. Il te semble que tu es déjà là depuis plusieurs années, mais non, ça ne fait encore que quelques mois. Tu aurais naïvement cru que le plus dur, ce serait les basses températures, mais ce n'est pas le cas. Les gens, c’est ça le plus difficile pour toi ici. Pourtant, les norvégiens ont été accueillants. Mais quoi que tu fasses, ta vie amoureuse semble être destinée à mal finir. Toujours pleine d’amertume et de remords corrosifs, tu contemples le désastre depuis le comptoir du bar. Il n’y a plus beaucoup de clients à ce moment-là, le service du midi est terminé et celui de la soirée ne commence pas avant quelques heures. Si ça te tenait qu’à toi, tu te serais laissée aller à pleurer devant une bouteille du meilleur rhum. Tu as perdu la personne avait qui tu passais le plus clair de ton temps libre et qui occupait la plupart de tes pensées ; le vide qu’elle laisse derrière elle est terrifiant comme un gouffre dont tu ne vois pas le fond.
Soudain, tu entends la porte d’entrée s’ouvrir sans pourtant oser poser tes yeux sur la personne qui se glisse dans le restaurant. Trop effrayée que ça puisse être Allan, tu préfères retarder au maximum le moment où ton cœur va rater un battement en reconnaissant son visage souriant et sa chevelure flamboyante. Ou peut-être que c’est aussi un moyen de maintenir l’illusion ; si tu ne vois pas qui c’est, alors il te reste un espoir que ça puisse être elle. Malgré tout le mal qu’elle t’a fait, tu restes bête et humaine. Prenant ton courage à deux mains et une longue inspiration, tu te décides enfin à terminer cette fraction de silence impoli qui flotte dans l’air et te redresses. « Bonjour, installez-vous où vous voulez. Je vous apporte la carte. » Ta voix presque assurée te surprend. Est-ce que c’est le temps qui a commencé à faire son œuvre, ou est-ce que tu es simplement trop habituée à ton travail pour pouvoir faire un faux pas en service ?

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Ft. @Stella Hernandez

Heartbreak hotel

Je ne sais pas trop quoi faire de ma journée de repos, et je passe la totalité de ma matinée à cogiter dans mon lit. Je ne remarque même pas à quel point le temps s’écoule vite. La seule chose qui me fait me reconnecter à la réalité, c’est mon ventre qui gargouille. Je me traîne péniblement jusqu’à mon frigo pour chercher de quoi me faire à manger, mais l’indécision semble bien me coller à la peau quand mes yeux voguent d’aliments en aliments. Indécision et une bonne dose de flemme, aussi. Décidément, c’est loin d’être ma journée. Et pourtant eurêka, la bonne idée qui arrive. Je me souviens (ou plutôt mon estomac le fait pour moi) de l’invitation de Stella, et je vais chercher mon téléphone pour m’assurer de l’heure qu’il est. Je ne suis pas certaine que ce soit encore ouvert vu que le déjeuner a l’air d’être passé, mais ça se tente.

Je fais quand même l’effort d’enfiler quelque chose d’autre pour sortir, mais toujours confortable. J’hésite un instant à inviter Axl, mais je me retiens au dernier moment. Je ne sais pas vraiment si ce silence radio indique quelque chose de bon ou non, et je ne suis pas certaine de vouloir le savoir. Difficile de lui en tenir vraiment rigueur, je ne sais pas comment j’aurais pu réagir en tant que madame-tout-le-monde si le garçon qui m’intéressait me confiait qu’il était issu de la mafia et qu’il risquait bien de disparaître du jour au lendemain. Au moins, cette stupide soirée de Saint-Valentin m'a permis de passer un peu de temps avec MJ. Une fois prête, je me mets en route jusqu’à la Crevette Tropicale, et un sourire se dessine tout seul lorsque je repense à ma première rencontre plutôt… musclée avec Stella. D’ailleurs, je ne sais pas franchement si on pourrait parvenir à bien s’entendre toutes les deux, mais notre dernier échange était plutôt positif. Sans doute parce que j’étais la seule personne à proximité pour lui apporter de l’aide.

Une fois à l’intérieur, je regarde tout autour de moi, trouvant quand même la décoration jolie. Or, je n’ai pas le temps de trop m’avancer, c’est plutôt la voix de Stella qui m’interpelle, et je relève les yeux vers elle avant de m’avancer vers une table. Je ne suis pas certaine qu’elle ait remarqué qu’il s’agissait bien de moi, et si j’arrive pile à la fin du service, je crains que cela ne donne encore lieu à une situation gênante. « – Salut ! Est-ce que j’arrive au bon moment… ? »

— Tu aurais aimé pouvoir repousser éternellement le moment où tu devras lever la tête et faire face à la personne qui vient de rentrer, mais tu es bien trop polie et trop professionnelle pour ça. Alors tu te résignes, avec un mal de cœur impossible à ignorer. Mais la voix qui s’élève dans la pièce n’est pas celle d’une certaine rousse qui te fait chavirer. Il se passe un moment de flottement quand tu te retrouves nez à nez avec Anastasia, sans trop savoir où vous vous situez l’une par rapport à l’autre depuis vos derniers échanges – tantôt houleux, tantôt déséquilibrés, tantôt presque agréables. Arrachée à tes pensées, tu secoues légèrement la tête pour éviter à ce silence de durer trop longtemps. « Oh, c’est… toi. » Pas la personne que tu attendais désespérément et redoutait en même temps, mais c’est tout aussi surprenant. C’est vrai que tu l’avais invitée à venir prendre un repas gratuit ici. Tu n’as pas eu le temps de regretter ta proposition qu’elle est déjà là. Tant mieux, tu t’en serais voulu de lui être redevable, et encore plus d’avoir le temps de cogiter des heures à propos de ça. « Oui, pas de problème. Je m’attendais pas vraiment… à ce que tu viennes, mais vas-y installe-toi. » Tes sourcils se froncent, consciente que ce n’est pas quelque chose à dire à une cliente. Désignant d’une main discrète le tableau noir où sont inscrits à la craie les différents plats disponibles, tu l’encourages un petit peu. « La carte est là, choisis ce que tu veux. » Des plats de riz et de haricots rouges, de la viande et des fruits de mer, du poulet et des fruits cuisinés ainsi que des bouchées frites et farcies à la viande et à la pomme de terre ; il y a un peu de tout mais pas énormément de choses. Après tout, c’est un restaurant de spécialités cubaines et tu es encore seule en cuisine. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » Mine de rien, ton visage reprend un peu des couleurs et de la vie. On dirait que contre toute attente, l’arrivée de celle qui te cause tant d’ennuis est providentielle pour ton moral cette fois-ci.

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Heartbreak hotel

Je ne sais pas à quel type de réaction je m’attendais, mais la remarque de Stella m’arrache un sourire amusé. Difficile de dire si elle déçue de me voir, ou… soulagée ? Sommes-nous plusieurs à avoir mis ses nerfs à rude épreuve depuis qu’elle s’est installée ici ? Quelle que soit la réponse, je ne viens pas ici dans l’idée de lui causer du tort devant ses clients, de toute façon. J’ai plutôt envie de me restaurer, et si ça se passe mal, au moins, j’aurais profité de ce repas gratuit et on sera quittes toutes les deux. « – En chair et en os », je commente quand même avec un léger sourire. On ne se refait pas. Je jette quelques coups d’œil autour de moi, et comme si j’attendais inconsciemment son feu vert, je vais m’installer dès qu’elle m’invite à le faire.

Je laisse voguer mon regard jusqu’au tableau noir qu’elle me montre du doigt, et je note les plats affichés pour aujourd’hui avant d’attraper l’une des cartes présentes sur la table. Je dois dire que je suis agréablement surprise ; je ne savais pas trop à quoi m’attendre en entrant ici, mais on dirait bien que son business est sérieux. Je comprends mieux pourquoi la menace de bloquer son camion de livraison l’avait tant embêtée l’autre jour. « – Je crois que je n’ai jamais mangé cubain… ou alors des conneries industrielles. » Je retrousse mon nez en poursuivant ma lecture des plats, et je relève les yeux vers elle.

« – Si je prends le plat du jour, est-ce que j’aurais une bonne idée de ce que tu fais ici ? » Elle risque d’être surprise si elle s’attendait à me voir chercher la petite bête pour l’embêter, mais je n’ai pas franchement assez d’énergie pour ça aujourd’hui. « – Je veux bien un verre de vin, s’il te plaît. » Je replie alors la carte du menu, et je croise mes bras sur la table. « – Comment va, ton genou ? »

— Il ne reste que quelques clients du midi traînant un peu pour terminer leur repas et les employés sont déjà en pause, mais malgré ça, tu ne peux pas te résoudre à laisser une impression impolie à Ana. Déjà, parce qu’elle a prouvé qu’elle avait suffisamment de ressources pour faire couler ton restaurant si l’envie lui en prenait, et surtout, parce que ce n’est pas toi. Elle n’a rien à voir avec tout ce qui te tombe sur le coin du nez, ce n’est pas juste qu’elle en subisse les conséquences. Alors tu te reprends et lui souris en l’invitant à s’asseoir.
Du coin de l’œil, tu l’observes quand elle se met à lire la carte – pleine d’appréhension. Si ça se trouve, ce n’est pas du tout à son goût. Tu souris, un peu gênée à sa remarque et hausses doucement les épaules. « C’est pas la cuisine la plus populaire au monde, surtout ici, alors ça se comprend. » Souvent, les gens viennent par hasard ou par le bouche à oreille et puis ils reviennent parce qu’ils ont aimé leur repas. Mais pour l’instant, personne ne cherche spécifiquement un restaurant cubain à Bergen. Tant que tu peux continuer à faire ce que tu aimes, ça te va.
Finalement, elle se décide pour le plat du jour et tu hoches légèrement la tête avec un regain d’assurance. « Je peux te promettre que tu regretteras pas. » Tu hausses un sourcil avec un sourire, confiante – et peut-être un peu soulagée aussi, si elle avait choisi un plat très complexe, il y aurait eu plus de chances que ça ne lui plaise pas. Mais avec la spécialité du chef, ça n’arrivera pas.
Soudain, tu relèves la tête avec la sensation que le monde est un peu en train de s’écrouler. Ton visage se décompose un peu plus à chaque seconde. De tout ce que tu sers ici, il fallait qu’elle choisisse le vin – le vin qu’Allan t’a aidée à choisir parce que tu n’y connaissais rien, avant elle. Tout ce que tu as ici en vin, c’est grâce à elle. Secouant un peu la tête, tu te forces à sourire même si le cœur n’y est pas du tout. Ramenée à la réalité par sa question, tu essayes de ne pas sombrer en t’accrochant à l’étonnement que tu ressens – tu ne pensais pas qu’elle se soucierait de ta blessure. « O-oui, c’était rien. J’ai même pas de cicatrice. » Réajustant ton tablier, tu laisses échapper un léger soupir et évites son regard. « Je vais… te chercher ça. » De retour vers le comptoir du bar, tu te baisses pour récupérer la bouteille qui irait le mieux avec ce plat du jour et ramènes à sa table un verre à pied avant de la servir.

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Son explication sur les plats cubains me paraît plutôt logique, alors je me contente de hocher la tête avec un léger sourire. Je vois bien qu’on fait toutes les deux des efforts pour se montrer polies l’une envers l’autre, et c’est assez étrange. Je ne sais pas si c’est agréable, mais au moins, je suis rassurée à ‘l’idée qu’il n’y ait pas de conflits à venir, du moins pas pour l’instant. J’ai l’impression d’en avoir mené contre moi-même une bonne partie de la matinée, et je ne suis pas sûre d’avoir assez d’énergie pour me prendre la tête, de toute façon. Lorsque je fais part de mon choix, je lui rends ma carte et un petit rire m’échappe. Pas moqueur, simplement amusé.

« – N’hésite pas à mettre la dose si c’est épicé, je n’ai pas trop de mal avec ça. » Je crois, je pense silencieusement, mais jusqu’à preuve du contraire, mon palais peut tenir la route. Je lui lance un petit regard de défi, et je croise mes bras sur la table avant de regarder tout autour de moi. Une manière d’éviter son regard, peut-être. De rendre la situation plus légère, mais j’en profite aussi pour admirer comment les lieux sont aménagés. « – Elle est plutôt sympa, la déco », je reprends après quelques secondes, la voix toujours aussi calme. Elle risque bien de se demander si je n’ai pas une jumelle, à être si différente de la Ana de nos deux rencontres, mais chacun a des jours avec et des jours sans. Disons que les jours où je suis la plus polie, ce sont mes jours sans.

Puisqu’un repas ne serait rien sans un verre de vin, je ne me fais pas prier pour en commander un. Toutefois, j’ai l’impression que la situation redevient bizarre tout à coup, et les secondes durant lesquelles elle me laisse seule ne suffisent pas à gommer cette impression. Lorsqu’elle est de retour, je la regarde alors verser le breuvage, d’abord sans rien dire, mais finalement, la curiosité et le naturel reviennent assez vite. « – Est-ce que tout va bien ? Je ne suis pas venue pour faire la bagarre, si ça peut te rassurer… »

— Tu esquisses un rictus amusé à sa demande particulière et lève un sourcil en sa direction. Mettre la dose sur les épices, hein ? « Mh, souviens-toi que c’est toi qui a demandé alors. » Notant ça dans un coin de ta tête, tu songes déjà à ce que tu vas lui préparer derrière les fourneaux, persuadée que c’est le moment de te surpasser. Si tu arrives à la convaincre elle avec tes plats, alors tu pourras convaincre n’importe qui.
Quand elle commente la décoration, tu regardes autour de toi comme si c’était la première fois que tu entrais ici aussi. « Ah, merci. C’est… c’est inspiré des bars de La Havane, c’est là où j’habitais avant. » Un peu gênée, tu hésites à lui parler de ton passé. Malgré votre trêve qui a l’air de durer, tu ne sais pas ce qui pourrait arriver à ces informations si elles tombaient entre de telles mains. Il faut aller de l’avant, il paraît.
Tu ne pensais pas être ébranlée pour si peu, et pourtant. Te voilà vacillante sur tes jambes devenues molles, ton esprit s’embrouille et ta poitrine se fait douloureuse. Les yeux rivés sur le vin à la couleur brillante qui s’écoule dans son verre à pied, tu te perds dans tes pensées une seconde. Mais brusquement, elle t’arrache à mes idées sombres. « Je commence à penser que ça aurait été mieux, pourtant. » Je souris faiblement, triste et résignée. « Désolée, c’est pas toi. » Personne ne mérite de porter à ta place tout ce qui t’est arrivé ces dernières semaines. Tu soupires, peu habituée de l’ironie ou du cynisme. Ça ne te ressemble pas de te cacher derrière de telles choses. Alors tu finis par avouer, doucement. « En fait, il y a rien qui va mais… faut bien se lever et aller travailler, tu vois quoi. » Peut-être qu’elle n’en a rien à faire, tu comprendrais. Peut-être qu’elle peut devenir un moyen de te changer les idées, comme a pu l’être April pendant ta Saint Valentin désastreuse. « Je vais préparer ton assiette. » Tu lui adresses un mouvement de tête entendu, un peu fuyant aussi. T’ouvrir à elle serait un risque inconsidéré, mais après tout, tu as l’impression d’en avoir besoin. Mais lui raconter tes pires aventures et te lamenter sur ton sort alors qu’elle est simplement là pour réparer les pots cassés ne semble pas être la meilleure façon de repartir du bon pied.

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En effet, je sais bien que je devrai tenir ma langue si le plat s’avère trop épicé, mais je pense qu’elle pourra lire sur mon visage comme dans un livre ouvert. Je ne suis pas une novice en la matière, mais c’est vrai que la cuisine cubaine a encore quelques secrets pour moi, et j’imagine qu’elle doit avoir certaines espèces bien corsées. « – Impressionne-moi ! », j’entends pourtant ma fierté l’encourager .Seul le temps nous dira si je vais bientôt le regretter ou non. Parmi les rares personnes encore présentes en cette fin de service, je n’entends personne s’étouffer ou demander à boire du bout des lèvres, alors Stella doit sans doute avoir la main légère en temps normal. De toute façon, je serai vite fixée. Après un coup d’œil lancé autour de moi, je me dis qu’un compliment ne peut pas faire de mal, d’autant qu’il est sincère. Je ne tiens pas à m’y attarder non plus, une telle attention étant un effort considérable de ma part.

« – Oh, la Havane ? T’as carrément changé de décor avec Bergen. » T’as carrément changé de décor avec Bergen. » Un peu surprise, je lui rends sa carte et j’ai le temps d’observer son regard. Si je ne me trompe pas, c’est celui de quelqu’un qui n’a pas vraiment envie de s’attarder sur son passé. Et si j’arrive à le deviner, c’est parce que je l’ai déjà vu sur le visage de Moon-jeong. Il a sûrement dû s’attarder aussi sur le mien à quelques reprises. Ma surprise ne descend pas quand elle me laisse comprendre qu’elle passe une mauvaise journée. On est deux, et c’est presque réconfortant. Je me contente pourtant de hausser les épaules d’un air entendu.

« – Y’a pas de mal, il y a des jours avec et des jours sans. Je peux comprendre. » Quand elle a fini de me servir, j’attrape le verre de vin et je le sens un instant .Prétendre que j’y connais quelque chose serait probablement ridicule, mais il me dit bien. D’ailleurs, je suis agréablement surprise dès la première gorgée. « – Merci ! » Je lui réponds un peu en retard, la regardant se diriger vers les cuisines avec un air curieux.

— Hochant la tête d’un air entendu, tu as un petit sourire attendri. En vérité, tu n’accéderas pas à sa requête de pimenter son plat plus que d’habitude – ou peut-être seulement un peu. Tu préfères largement l’impressionner avec un goût hors du commun qu’avec une crise de larmes et la sensation d’avoir la langue en feu. Surprise quand elle complimente l’endroit, tu dévoiles tes inspirations et la nostalgie qui t’habite. Un rire timide t’échappe, légèrement gênée par ta confession. « Ouais, j’avais même jamais mis les pieds hors de Cuba avant de venir ici. » Tu penses à tes sœurs et à tes racines, au choc des cultures que ça t’a fait. Tu ne regrettes pas, mais tu n’arrives pas à arrêter d’y penser non plus. « J’ai tout laissé là-bas mais… j’avais besoin d’un nouveau départ. » En récupérant la carte d’un geste mesuré, tu te renfrognes un petit peu à l’idée d’en avoir trop dit. En même temps, tu ne souhaites pas évoquer ton passé – ni que ta réputation te suive jusqu’ici. Et en même temps, tu as tous ces mots sur le bord des lèvres, prêts à sortir à la moindre excuse que tu trouveras. C’est dur, de prétendre être quelqu’un d’autre.
Finalement, c’est le vin qui aura ta peau et pas elle. Penser à Allan maintenant, c’est une mauvaise idée – ce n’est pas comme si tu n’avais pas pensé à elle toute la journée, toute la semaine et tout le mois, mais quand même. Tu hausses les épaules, frustrée que ta peine n’ait pas été simplement un jour sans. « Mh, ça arrive à tout le monde, j’imagine. » Après lui avoir servi un verre, tu t’échappes en cuisine préparer ce fameux plat du jour. Il te reste beaucoup de choses déjà cuisinées pour les précédents clients, alors ça ne devrait pas être trop long. Le picadillo enfin prêt, un mélange de sucré, salé et épicé à la viande accompagné de riz blanc, tu lui apportes son assiette avec un petit bonus – une assiette de papas rellenas, des bouchées à la viande, pommes de terre et oignons en guise d’entrée. Tu as tendance à en faire énormément, parce que c’est aussi pratique à manger pour toi quand tu n’as pas vraiment le temps. « Bon appétit, tu me diras ce que t’en as pensé ! » Tu lui souris avec un regain d’énergie, ce temps passé à te concentrer dans la cuisine t’aura fait un peu de bien. Hésitante, tu ne sais pas si tu devrais rester là et manger avec elle ou bien retourner près du comptoir engloutir tes propres beignets. Elle pourrait prendre tes deux possibilités pour une impolitesse, te revoilà coincée.

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Je ne pensais pas que ça serait possible un jour, mais j’ai l’impression que nous sommes toutes les deux sur la même longueur d’ondes quand il s’agit de nos pays respectifs. J’ai beau être la première à reconnaître les torts de mon pays et à les avoir d’ailleurs subi de plein fouet, je reste quand même nostalgique de ses bons côtés. C’est bien sûr ma famille qui me manque le plus, et être seule ici n’arrange rien. « – Je comprends ce que tu veux dire », j’avoue avec un léger sourire, ne tenant pas non plus à trop m’étaler sur le sujet. Encore moins pendant une journée comme celle-là, où j’ai passé la matinée à tout remettre en question et où je me sens plus vulnérable que d’ordinaire.

Faire tomber sa carapace est tentant de temps en temps, mais je viens de me prendre un mur, et je prends ça comme une leçon. J’aurais peut-être dû moins m’ouvrir aux autres. J’ai essayé de jouer la fille qui pouvait facilement devenir madame tout-le-monde, et je crois que je me suis trop facilement laissé prendre au jeu, mais ça ne me convient pas vraiment. Une fois seule face à mon verre, je me laisse retomber dans ce flot de pensées, avant d’entendre des bruits de pas revenir dans ma direction. Je concentre alors toute mon énergie pour me reconnecter à la réalité, et je recule mes coudes de la table pour la laisser placer tranquillement les plats sur la table.

Je regarde alors l’assiette devant moi et je souris doucement, agréablement surprise. Ça ne ressemble pas à du poison mais ça a l’air vraiment comestible, signe que la hache de guerre semble bien enterrée entre nous. De toute façon, je ne suis pas venue ici pour la titiller. « – C’est bien présenté ! » J’attrape alors mes couverts, et je commence à prendre une première bouchée avant de lever mon pouce en l’air après quelques secondes. Je remarque bien son hésitation, et je regarde quelques instants autour de nous avant de lui montrer la chaise face à moi d’un mouvement de tête. « – Si t’as plus trop de boulot, tu peux venir t’asseoir si tu veux. »

— Ce n'est pas difficile de voir qu'elle ne ment pas et n'est pas hypocrite quand elle te dit qu'elle comprend. Tu ne sais pas ce qu'elle a bien pu vivre de son côté, et malgré vos différents, tu espères quand même que ce n'est pas trop grave. Alors tu hoches la tête avec un petit sourire poli, comprenant de toi-même qu'elle ne veut pas s'étendre sur le sujet. Et ça aussi, tu le comprends. Les souvenirs d'ailleurs, la nostalgie qu'elle soit teintée de regrets ou non, tu connais et tu ne la pousseras pas dans cette direction.
Une fois de retour avec son assiette, on dirait que tu l'interromps dans ses pensées. Un peu gênée, tu déposes le tout sans réussir à te décider à partir ou à rester. Il y a quelque chose qui te retient ici mais tu n'arrives pas à mettre le doigt sur ce que c'est. Pas ses compliments ou le fait qu'elle ait l'air d'apprécier ta cuisine, en tout cas, même s'ils ont l'air sincères ce n'est pas pour ça que tu es là.
Prise de court par sa proposition, tu jettes un coup d'œil discret aux derniers clients avant d'accepter. « D'accord, si ça te dérange pas. Ils ont tous déjà payé de toute façon. » Tu souris poliment, te servant de cette excuse pour camoufler la vérité : tu as désespérément besoin de ne pas manger seule. « Désolée, pour tout à l'heure. C'était vraiment pas toi. C'est juste que... avant j'avais que des alcools à cocktail ici et la personne qui m'a aidée a choisir le vin, en fait... » Tu ravales ta fierté, sachant pertinemment que tu es en train de raconter ta pathétique vie à quelqu'un qui n'a pas envie de l'entendre et qui a l'air d'avoir ses propres soucis à gérer. « Je suis amoureuse d'elle et c'est pas réciproque. Ça s'est mal fini entre nous et c'est assez récent. » Grimaçant un sourire, tu prétends que tout va bien quand en réalité, tu en pleures encore tous les soirs. Mais l'avoir enfin dit à voix haute, ça a quelque chose de libérateur.

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Ft. @Stella Hernandez

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Qui l’eût cru : c’est beaucoup plus reposant de vivre simplement sans chercher à embêter ceux qui m’entourent, même si ce jour est bien à marquer d’une pierre blanche. Certains disent qu’on peut parfois manger ses émotions quand ça ne va pas fort, et on peut dire que Stella m’a plutôt bien servie. Lui faisant comprendre que j’apprécie ce qui se trouve dans mon assiette, je l’invite alors à me rejoindre à table, et j’affiche un petit sourire quand elle accepte. J’ai l’impression qu’une petite connexion s’installe entre nous à ce moment-là ; je ne sais pas trop quoi ni ce qui l’a provoqué, mais c’est réconfortant, même si ce sera peut-être éphémère.

Quand elle s’excuse pour tout à l’heure, je m’apprête à lui répondre que ce serait presque de bonne guerre. Je me suis bien amusée à la titiller lors de notre première rencontre, et je ne suis pas sûre que j’aie apprécié ça si les rôles étaient inversés. Pourtant, je n’ai pas le temps d’ajouter quelque chose : elle m’explique ce qui la tracasse, et d’après son expression et son rythme de parole, il n’est pas difficile de deviner que ça lui fait du bien. En revanche, je ne suis pas certaine d’être la meilleure oreille pour l’écouter. Par surprise et par respect, je me suis tout de même arrêtée de manger pendant ses explications. Sauf que maintenant, c’est à mon tour de parler, et je ne suis pas sûre de savoir par où commencer. Personne ne m’a jamais vraiment demandé de conseil, et ça vaut aussi pour ici.

Paco l’a peut-être fait une ou deux fois mais on peut être aussi détachés l’un que l’autre ; la nonchalance n’est pas ce qui le vexe, et il n’y a pas besoin de longs discours pour qu’on se comprenne. Là, c’est différent. « – Je vois… C’est la merde quoi. » Un peu abrupte, je finis par sourire, comme pour m’excuser de mon manque de tact conscient, ou tout simplement pour essayer de la faire sourire un minimum. « – Je ne suis pas franchement la meilleure pour donner des conseils et encore moins en amour… Mais t’as l’air d’être une fille gentille et attentionnée. Du coup, je dirais que c’est plutôt sa perte à elle, et pas la tienne.   »

— Sans pouvoir retenir un soupir amusé à sa réponse si brutale, tu te laisses aller une seconde avec un sourire en coin. « Mh, j’aurais pas dit mieux. » C’est la merde, exactement. Tu as bien fait de t’asseoir ici avec elle, même si ce n’était pas ce à quoi tu t’attendais, tu te retrouves à te sentir un peu mieux qu’il y a quelques minutes. Tu n’espérais ni des conseils, ni une oreille attentive ; il n’y a de toute façon pas grand-chose à faire de la situation dans laquelle tu es, alors tu hoches doucement la tête en sa direction. « C’est rien, t’en fais pas. Il faut juste… que je passe à autre chose. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. » Avec un pâle sourire, tu hausses les épaules légèrement. « C’est pas une méchante non plus, je pense qu’on s’est… mal comprises. J’étais… certaine qu’il y avait le truc, tu sais, j’étais sûre qu’il y avait quelque chose entre nous. Je me suis trompée, ça arrive. » Ouais, on peut dire ça comme ça. Tu es presque sûre qu’il y a autre chose là-dessous, mais tu ne te sens pas vraiment l’énergie pour essayer de le découvrir maintenant.
Réalisant que tu étales ta vie à quelqu’un qui n’a rien demandé, tu entreprends de renvoyer la balle autant pour dévier la conversation que pour réellement savoir ce sur quoi tu n’arrives pas vraiment à mettre le doigt. « Et toi, qu’est-ce qu’il t’arrive ? T’as pas l’air… comme d’habitude. » Tu butes un peu sur la fin, pas certaine de savoir quel adjectif employer pour la décrire, ni même si tu en as le droit. Après tout, vous ne vous connaissez pas et elle te trouvera peut-être intrusive – à raison.

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Je réponds à son sourire, partageant pour la première fois un moment de complicité avec elle. Je ne sais pas franchement ce que ça veut dire, mais c’est agréable de parler avec quelqu’un sans calculer à l’avance mes réponses ou mes réactions. Dangereux et déconcertant à la fois, mais agréable. Il faut seulement que je ne relâche pas trop la garde, mais elle n’insiste pas pour en connaître davantage sur mon passé. C’est sans doute plus pour me rendre la pareille plutôt que par véritable compassion, mais je lui en suis silencieusement reconnaissante. « – Tu vas sûrement rencontrer pleins de personnes avec ton métier… On sait jamais, ça sera peut-être plus facile que prévu.  »

Ça ne me ressemble pas non plus de faire preuve d’autant d’optimisme, mais une fois sortie de la grotte qu’est mon appartement, j’imagine que j’ai aussi envie de sortir de cette bulle de négativité. Je reprends la dégustation des plats qu’elle m’a concoctés pendant que je l’écoute, et je souris pour moi-même, parce que la description de sa déception amoureuse ressemble quand même à la mienne. Je ne sais pas franchement ce qu’est l’amour – aucune idée si c’est bien ce que j’ai ressenti un jour ou non. Une dépendance, peut-être. Mais je sais que le vide et l’incompréhension qu’une personne laisse derrière elle, c’est toujours difficile à encaisser. Et c’est l’une des nombreuses raisons de mon repli en ermite depuis plusieurs semaines.

« – Pourquoi, j’ai l’air comment d’habitude ? » Chassez le naturel... Un sourcil levé, j’observe Stella avec un sourire taquin avant de secouer la tête pour lui dire de ne pas s’en faire. Je n’ai pas envie de la titiller ou d’entrer dans une quelconque forme de conflit, mais l’occasion était trop belle pour ne pas retomber dessus. « – Je plaisante, pas de soucis. » J’attrape mon verre pour boire quelques gorgées, non seulement pour me désaltérer mais aussi pour gagner quelques secondes, je l’avoue. Je n’ai pas franchement l’habitude de me confier, encore moins auprès de personnes que je ne connais pas.

Je n’en ai pas forcément envie non plus, mais peut-être qu’être qu’elle n’a pas besoin de tout comprendre. Peut-être qu’il faut simplement que le minimum sorte de mon système pour que je me sente un peu mieux. « – J’ai donné ma confiance à quelqu’un… Et cette personne l’a pas vraiment tahie, mais je m’attendais à mieux de sa part. Je crois que je me suis trop emballée aussi, mais j’ai pas le droit à ça. C’est carrément pas pour moi.   »

— Son étrange et soudain optimisme quant à ta situation t’arrache un petit rire attendri. « Je vais attendre un peu, quand même ! C’est gentil mais je pense qu’il vaut mieux que je… prenne un peu de recul. Peut-être rendre visite à ma famille aussi. » Tes aventures amoureuses ont été houleuses, tu mérites un petit peu de repos. Et pour ne rien arranger, la solitude que tu ressens au quotidien à être si loin de chez toi ne facilite pas les choses. C’est facile de se jeter dans les bras de la première venue et d’avoir l’impression que ses sentiments sont partagés quand on est désespéré pour un peu de contact humain.
Soudain, après ton excès d’assurance, ton visage se décompose de gêne. Impossible de savoir si elle plaisante ou non, tu es peut-être allée trop loin cette fois – il ne fallait pas espérer t’en faire une amie. « Euh, je… Je voulais pas… » Pas la vexer ? Pas l’embêter ? Mais elle secoue bien vite la tête et te confirme qu’elle rigolait. Un peu secouée, tu étouffes un petit ricanement nerveux. « Ah. » Visiblement, soit tu as touché un point sensible, soit tu t’es définitivement trompée à son propos et elle utilise l’humour pour s’en sortir. Tu n’es pas du genre à insister ou forcer les gens à parler de toute façon – il ne faudrait pas ruiner la fin de son repas.
Alors que tu t’apprêtes à repartir avec ton assiette vide, elle se décide finalement à se confier. Tu t’adosses à nouveau à ta chaise, scrutant son visage pour essayer de savoir si elle attend un conseil ou simplement un petit mot de réconfort. Hésitante, tu prends ton temps avant de lui répondre pour ne pas dire de bêtises. « Tu sais… Tout le monde mérite de pouvoir faire confiance à quelqu’un. Peut-être que cette personne t’a déçue mais… mais je suis sûre qu’il y aura un jour quelqu’un à qui tu pourras te confier sans l’être. » C’est beaucoup dire de ta part, tu n’as jamais parlé à personne de ton passage en prison ici par peur du jugement ou de tout gâcher. Mais tu crois sincèrement à ce que tu avances, toute pessimiste que tu es, tu as quand même tendance à avoir de l’espoir en les autres.
Finalement, tu te relèves avec un sourire apaisé, comprenant qu’elle aura peut-être besoin de solitude et de silence après ça. « Prends ton temps pour finir, je serais juste là. » Tu désignes le comptoir d’un vague geste du menton, à sa disposition pour le reste de son repas.

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Ft. @Stella Hernandez

Heartbreak hotel

« – Tu penses revenir, du coup ? » Je n’attends pas vraiment de réponse à cette question. Ça ne me regarde pas et on ne peut pas dire qu’on est amies, tout au plus des connaissances qui apprennent apparemment à se parler tout en continuant de marcher sur des œufs. Si je lui demande ça, c’est parce qu’il y a une drôle de lueur dans son regard, et peut-être aussi une envie d’ailleurs dans sa voix. Si elle n’a plus vraiment de se rattacher à Bergen, est-ce qu’elle pourrait revenir pour donner une seconde chance à cette ville ? Sans trop le savoir au moment où j’ai posé cette question, je crois aussi que je projette un peu ma situation sur la sienne. Dans mon cas, le retour au pays reviendrait à signer mon arrêt de mort, mais il est peut-être temps à mon tour de voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs.

J’ai des amis ici, mais la solitude des dernières semaines et mon côté bougon me laissent croire qu’ils pourraient très bien se débrouiller sans moi. Un peu perdue, voilà que je me retrouve maintenant à me confier plus ou moins sur ce qui me tracasse, et je ne m’attends pas à une réponse particulière. Elle doit sans doute être surprise par ma confession, alors je profite de ce silence pour reprendre la dégustation de mon plat. C’est bon, chaud et surtout réconfortant, alors ça me convient tout autant que quelques mots passe-partout qu’elle pourrait me répondre par pitié.

Je profite donc de me remplir la panse tout en dégustant mon verre de vin, et je souris à moi-même quand j’entends exactement le genre de phrase que je pouvais attendre d’elle. Ça reste quand même gentil, alors je retiens une remarque dont je pourrais bien être capable pour lui offrir un sourire sincère, avant de hausser les épaules. « – J’en doute un peu en ce moment, mais c’est gentil d’essayer. » Je remarque alors qu’elle a terminé son plat, et je hoche la tête à son commentaire. « – C’est très bon d’ailleurs, félicitations. J’éviterai de me garer à côté de te place de livraison à l’avenir ! » Je l’observe avec malice, avant de retourner à la dégustation de mon menu. Ce n’est que le début, mais je crois qu’on peut dire que la hache de guerre est enterrée.

— Le nez relevé en sa direction, sa question te surprend autant que ton manque de réponse immédiate. Tu aurais du dire que oui, évidemment, tu allais revenir. Mais en réalité, les mots te restent coincés en travers de la gorge et tu réalises que ce n’est pas si facile de savoir. Alors, tu décides d’être honnête puisque vous l’êtes toutes les deux depuis le début de ce repas. « J’en suis pas encore sûre. » Après un discret soupir, tu souris doucement. C’est ironique, tu as tout fait pour démarrer une nouvelle vie ailleurs et maintenant, ton foyer et ton pays te manquent à la première contrariété. Peut-être que tu n’étais pas prête.
Et clairement, tu n’es pas la seule ici à passer une journée un peu nulle. Il aurait fallu que tu fasses preuve de beaucoup d’égocentrisme pour ne pas remarquer qu’elle ne va pas très bien non plus. Avec les fragments d’histoire qu’elle veut bien t’accorder, tu finis par te faire encourageante – mais tu n’es pas certaine d’y croire toi-même. Tu lui offres un sourire contrit, bien consciente que tu n’arranges pas grand-chose avec une phrase bateau. Hochant la tête, tu étouffes un petit rire amusé. « Merci ! S’il ne fallait que ça pour que ma place de livraison reste libre, je t’aurais offert un repas bien avant ! » Mine de rien, ce compliment et cette presque promesse te réchauffent le cœur.

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