What the hell ? (Christoffer)

Samedi soir. On dirait que cette rue du Palasset est calme, et pourtant, la musique du Blood Night rugit déjà depuis plusieurs heures. À première vue, on ne croirait pas qu’une boîte de nuit insonorisée trône fièrement au bas de l’immeuble 33, et pourtant, c’est bien le cas. Les bourges peuvent continuer leur vie l’air de rien, pendant qu’une foule de gens ni vus ni connus s’infiltrent dans le hall. Ce soir-là, je leur emboîte le pas, accompagnée par les autres membres du groupe formé avec Paco. C’est pratiquement notre QG. Une fois à l’entrée, je montre sagement mon billet à l’un des vendeurs, même si on fait clairement partie des habitués – et des proches d’un des patrons. Passant derrière le rideau, je retrouve vite le sourire en pénétrant dans cette ambiance qui me plaît tant : celle de la nuit.

Je vais chercher des verres avec les autres, et la soirée se déroule plutôt tranquillement. De l’alcool, de la danse, aussi, et après quelques temps à m’abîmer les pieds sur la piste, je me décide à rejoindre l’un des canapés, histoire de souffler un peu, et de faire un petit tour visuel de la salle. Sirotant mon énième cocktail de la soirée, je plisse les yeux quand je vois un garçon s’adresser à l’un de mes amis avec plus ou moins d’assurance. Ce n’est pas la première fois que je le vois traîner autour de lui, et ça m’intrigue, parce que je ne sais pas franchement ce qu’il lui veut. Soit il lui achète ce qui pourra lui permettre de planer, soit ce n’est pas pour lui, et il rebrousse chemin.

Je reste un moment indécise devant la scène, et finalement, portée par l’alcool présent dans mon système, je me décide à me lever, la démarche féline et déterminée à en savoir plus sur ce qui se passe. « – TSi tu lui prends rien, tu peux le laisser tranquille. » Je commente, les sourcils froncés. J’ai conscience de m’imposer en plein milieu de je ne sais quelle conversation, mais je m’en fiche complètement. Il me semble un peu trop suspect à mon goût, et je redoute que ce soit un flic en civil, sous couverture, ou un truc du genre. J’ai assez peu d’amis depuis que je suis arrivée, ou en tout cas, de personnes avec qui je me sens vraiment bien, alors si je peux éviter à ce petit noyau de personnes d’avoir des problèmes ou de se retrouver derrière les barreaux d’une prison, je prends.