out of touch (ft. orel)

Out of touch

feat. @Sven H. Borsheim ☾

La journée du sport était un événement plutôt agréable et festif pour l'université. Elle permettait de faire connaître des disciplines aux étudiants peu importe s'ils faisaient partie de l'équipe ou non. Des fois, c'était l'occasion de mettre en avant certains groupes sportifs dont la plupart des étudiants ignoraient carrément leur existence. D'autres fois, c'était la possibilité de se dévoiler un talent caché pour quelque chose qu'on n'aurait jamais exercé un autre jour. Tout le monde pouvait s'essayer à un peu tout, c'était un excellent moyen de découvrir une préférence ou une aversion pour un sport en particulier. Il y avait aussi des concours et des prix à remporter. Cet événement était très rythmé et d'autant plus du côté des encadrant. Comme il s'agissait de ma première journée du sport, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit aussi intense ni aussi problématique. Jusque-là, les joueurs étaient plutôt mauvais, mais ça tenait encore la route. Pour relever un peu le niveau et proposer de meilleures options de jeu, le coach assistant intégra une équipe tandis que je prenais un poste dans celle adverse. De tous les match qui s'étaient déroulés ce matin, ce fut le mieux. Enfin, jusqu'à ce qu'une maladresse de débutant vienne tout gâcher. Alors que je m'apprêtais à faire une passe, un étudiant glissa vers moi pour me tacler. Un très mauvais timing fit que la passe fut faite avant que le joueur ne puisse toucher le ballon et à la place, il heurta de plein fouet mon tibia avec ses crampons. Évidemment, je chutais avec lui, me rattrapant avec les mains au sol et retenant un cri de douleur. L'étudiant culpabilisa immédiatement et tenta de se justifier, s'excusant maladroitement. Comment pouvais-je lui en vouloir ? Il était débutant, c'était des choses qui arrivaient. Je me levais doucement sous le regard inquiet des joueurs. Il n'était pas question d'une fracture ni d'une blessure importante puisque mon pied se posait aisément par terre, mais j'allais certainement avoir une belle ecchymose. Le coach assistant mis un terme au match et me proposa de prendre une pause le temps qu'il fasse un bilan aux étudiants qui venaient de jouer.
C'était en boitant que j'étais allé faire un tour dans mon bureau afin de poser de la glace sur ma jambe et déposer en même temps une première partie de paperasse à remplir concernant cette journée du sport et les étudiants ayant participé. Lorsqu'il fut le moment de retourner sur le terrain, je sortis de mon bureau sans faire attention au couloir et heurtais quelqu'un. Décidemment, c'était la journée des collisions et je pestais entre mes dents de ne pas avoir regardé avant de débouler. Mais mon humeur changea quasiment du tout au tout lorsque je reconnus Sven. S'il s'excusa dans un premier temps puis il hésita sur mon prénom par la suite. Mes sourcils se froncèrent instinctivement sous l'interrogation et je vérifiais même autour de nous au cas où il n'aurait juste pas envie qu'on le voit parler avec un coach. Mais il n'y avait presque personne dans le couloir.
« Oui, aux dernières nouvelles c'est toujours ça. » dis-je un peu surpris. « Tout va bien ? »
Nous n'avions jamais vraiment pris le temps de nous parler, même si nous nous étions croisé pas mal de fois étant donné nos amitiés communes. Et c'est en pensant à Paco qu'une part de réponse se dessina. Peut-être avait-il hésitant par rapport à leur rupture. Étant un ami de longue date de Paco, Sven avait peut-être pensé que je voulais l'ignorer maintenant qu'ils n'étaient plus ensemble. Et pourtant, ce n'était pas le cas. Il s'agissait de leur histoire, ça ne me concernait pas.
« Tu allais participer à la journée ? C'est pour quel sport ? » dis-je en remarquant qu'il tenait quelque chose sous le bras.
Il s'agissait d'une curiosité simple, le but étant surtout de lancer une discussion. Évidemment, ce n'était pas le moment, on m'attendait sur le terrain et on devait certainement l'attendre aussi. Mais je ne sais pas, j'avais envie de lui parler. Si jusque là aucuns de nous n'avait fait la démarche d'apprendre à se connaître, le savoir faire du sport c'était comme une opportunité de se parler pour un sujet commun.

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Cette journée n'avait pas franchement bien commencé mais c'était aussi le risque en faisant jouer des personnes qui n'avaient jamais fait ce sport ou du sport en général. Ce genre de journée avait son lot de bons et mauvais cotés et les blessures faisaient parti des mauvais cotés. Enfin, le jeune homme n'y était pour rien, c'était à cause de la maladresse et même si ça m'avais contrarié il ne fallait pas que je lui en veuille. Peut-être devrais-je laisser tomber cette journée finalement, après ce violent coup il était compliqué de continuer à suivre les match.
« C'est rien, mon mollet s'en remettra. »
Sven se trouvait face à moi et je ne savais pas vraiment comment agir avec lui. J'étais au courant pour la rupture mais n'avais ni envie de choisir un camp ni envie de lancer le sujet. C'était leur histoire après tout, ça ne me concernait pas. Cependant, je savais comme une rupture était compliqué à vivre et comme ça pouvait mettre mal à l'aise face aux amis de son ex comme en l'occurrence. C'est aussi un peu ce qui me poussa à entamer la conversation avec lui, en plus du fait que je découvrais le sport comme un point commun avec lui. Il était loin le temps où je provoquais tout le monde, où les choses se finissaient toujours par des disputes et où le négatif ressortait en permanence. J'avais besoin de positif dans ma vie en ce moment et j'essayer de voir et faire les choses différemment.
« Un novice a voulu tacler et au lieu que ses crampons terminent sur le ballon, ils ont fini sur ma jambe. Ça arrive, j'ai mis de la glace pour empêcher que ça gonfle. Maintenant il n'y a plus rien à faire à par attendre que ça passe. Déjà c'est pas cassé. » Il était évident que si quelque chose serai cassé, la blessure serait différente et il serait compliqué voir impossible de marcher. « On dirait que c'est un sport de brute que je fais. » Dis-je en riant un peu, juste histoire de détendre l'atmosphère.
Nous avions toujours été très distant l'un envers l'autre, les fois où nous nous étions vu j'avais ce caractère très contrariant et peu social. A cette époque nous étions les opposés même, lui étant très réfléchi et pacifiste. Aujourd'hui j'aurai tendance à vouloir prendre exemple sur ce genre de personnes, ne voulant plus m'attirer de problèmes même si ceux-ci continuaient à me courir après.
« Ah oui ? Je te savais pas sportif. Ça fait longtemps que tu fais parti de l'équipe ? »
Il était venu avec l'équipe de hockey, pour moi était donc évident qu'il fasse parti de cette équipe. Et je me sentais alors tout a fait ridicule avec mon commentaire sur le foot comme un sport de brute -même si évidemment ça avait été ironique puisque je ne le voyais pas du tout comme tel-. Le hockey était très physique et assez violent, les blessures n'étaient pas rare et ça m'impressionnais que Sven pratique ce sport.
« On ne peu pas être bon dans tous les domaines, c'était juste pas ton sport. Tu verras bien si t'es plus dans ton élément avec le taekwondo. »
Qu'il pense qu'il ai perdu le match à lui tout seul m'amusais un peu, la scène était plutôt amusante à imaginer. Mais s'il n'était pas doué en volley ce n'était pas une fatalité, visiblement il était prêt a aller s'essayer à quelque chose d'autre, de complètement différent d'ailleurs et ça lui correspondra peut-être mieux. En attendant ça faisait déjà quelques minutes que nous parlions et que je l'empêchais d'aller se changer. Chacun de nous était attendu alors je préférais couper court à notre discution.
« Je te retiens pas plus longtemps, va te changer ils doivent t'attendre. » Dis-je en m'écartant pour le laisser passer. « Mais c'était agréable de te parler, pour une fois. On n'avait jamais eu cette occasion. »
Un petit sourire s'afficha rapidement sur mes lèvres avant que je ne m'éloigne. D'un pas toujours assez difficile, j'avais rejoins le stade où les équipes continuaient à se faire, se défaire, jouer et s'entraîner. En voyant l'état de ma jambe et ma démarche, le coach assistant refusa que je revienne. Et ce n'était franchement pas plus mal, à la fois ça m'enlever une épine du pied et aussi ça me permettait d'aller découvrir cette journée sportive d'une autre façon. Ma journée s'était libéré à cause de la maladresse d'un étudiant. Et la curiosité me poussait à aller voir ce qu'il se passait dans les autres sport. Repensant à ma rencontre un peu plus tôt avec Sven il fut tout naturel que je rejoigne le gymnase pour voir comment il se débrouillait en taekwondo. Entrant discrètement dans la pièce, le grincement des portes me trahirent un peu et je filais m'installer avant que tous les regards se tournent vers moi.

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C'était une situation étrange, nous étions en train de nous parler comme si rien n'était alors que tout nous séparait à première vue. Surtout par rapport à Paco, mais c'est peut-être aussi cette rupture qui me poussait à être agréable avec Sven. Ce n'était jamais facile à vivre, d'autant plus que dans l'histoire, j'avais l'impression que les deux subissaient ce choix. Paco était vraiment mal et je soupçonnais qu'il n'y avait pas que l'affaire par rapport à sa boîte qui entrait en jeu pour le mettre dans cet état. Et si j'avais facilement pu l'ignorer et passer mon chemin, je tenais à faire les choses bien pour une fois. Depuis que j'étais devenu coach, je m'efforçais d'être le plus positif possible et pour le moment ça m'apportais que de bonnes choses. Actuellement, ça me permettait d'avoir une discussion avec Sven alors que nous n'avions jamais pris le temps de se parler auparavant. Pourtant, ce n'était pas faute de s'être vu de nombreuses fois grâce à Paco.
« Ce n'était pas ma première ambition, mais du temps que ce métier me plait, c'est plus important. »
A mes yeux le sport avait toujours été une passion et ça aurait dû le rester. Mais ces derniers mois avaient été difficiles et l'option de devenir coach semblait être une échappatoire à tous mes problèmes. À première vue, ça avait plutôt bien fonctionné, en plus d'être posé professionnellement, j'étais plus réfléchi et m'attirais beaucoup moins de soucis. Le sport m'avait toujours aidé à aller mieux, ça avait toujours été une sorte d'exutoire. Il y avait bien sûr des hauts et des bas, comme aujourd'hui avec ma blessure, mais ce serait triste si rien ne se passait. Sven m'expliqua d'ailleurs son passé sportif et lui aussi avait été victime de pas mal de blessures, mais vraisemblablement plus importantes qu'un simple tacle raté.
« Ouah, tu m'impressionnes. Enfin, tu sembles manquer de chance par rapport à toutes tes blessures, mais ton parcours sportif est dingue. »
Comment avait-on pu passer à côté de ce gros point commun ? Est-ce que j'étais à ce point si peu social et égocentrique pour ne pas l'avoir su plus tôt ? Il y avait vraiment eu un problème quelque part pour qu'on réussisse à se parler seulement maintenant. Mais même si ça arrivait un peu tard, j'étais tout de même ravi d'apprendre qu'il avait eu un parcours aussi fou pour son âge. Je l'enviais même un peu.
« Bon match alors... et ne te blesse pas. »
Notre conversation durait un peu maintenant et continuait comme ça, c'était nous retarder tous les deux. Nous mettions donc fin à cette discussion afin que chacun puisse reprendre ses activités. Il devait aller se changer pour son prochain match et je devais rejoindre le terrain de foot pour continuer à superviser ce sport.
« A la prochaine. »

En revenant au stade, le coach assistant remarqua immédiatement l'état de ma jambe. Tout le monde semblait s'affoler pour ça alors que ça semblait superficiel. Il faut dire aussi que j'avais l'habitude de prendre des coups et que les ecchymoses et les blessures diverses avaient souvent été mon lot quotidien. Alors ce n'était clairement pas un tacle mal géré qui allait m'inquiéter. Cependant, ça ne plaisait pas à mes collègues qui refusaient catégoriquement de me laisser revenir sur le terrain, d'autre plus que j'avais encore la jambe endolorie et qu'il était compliqué de marcher normalement. Peu importe, j'allais en profiter pour faire le tour du campus et de tout ce qu'ils proposaient en cette journée du sport. La première idée qui me traversa l'esprit fut d'aller voir les matches de taekwondo où Sven devait s'exercer actuellement. J'ignorais vraiment pourquoi ce fut le premier endroit où je décidais d'aller, nous n'étions pas amis après tout et il y avait quelques tensions actuellement avec Paco. Mais après notre discussion de tout à l'heure, j'étais curieux de le voir, de constater son potentiel sportif.
Une fois dans la salle, les portes grincèrent derrière moi et je me dépêchais de rejoindre les bancs en bois qui formaient des gradins. Tout en observant le combat en cours, je remarquais que l'inattention de l'un permis à l'autre de le vaincre. La technique fut rapide mais efficace et en donnait plein la vue par la même occasion. Ce ne fus que lorsque le vainqueur s'approcha de moi que je reconnus Sven.
« Un peu des deux à vrai dire. Mes collègues n'ont pas voulu que je reprenne et j'étais curieux de voir ce que tu vaux sur le tapis. D'ailleurs, ton dernier coup était impressionnant. » Il s'installa à côté de moi. « On dirait que ça te va mieux que le volley. »

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Je ne dirai pas que la situation était gênante ou embarrassante, elle était plutôt étrange, inhabituelle. Ni l'un ni l'autre n'avaient, auparavant, tenté de s'adresser la parole et encore moins d'engager la conversation. J'ignorais si c'était le contexte de cette journée, le fait qu'au milieu de toutes ces nouvelles têtes que j'avais pu voir ce matin Sven était enfin quelqu'un que je connaissais ou si c'était simplement le fait que j'avais envie de parler pour détourner l'attention de mon esprit bloqué sur ma blessure. Il s'agissait aussi sûrement d'un mélange des trois idées.
« Ta faute ? »
La réaction de Sven était plutôt évidente, et sa gêne se répercuta sur moi. En me rendant compte que j'avais agi comme si je le connaissais depuis toujours, j'étais quelque peu mal à l'aise. D'habitude, je n'étais pas comme ça, je n'allais pas vers les gens et encore moins pour les complimenter. Le coté coach semblait avoir pris le dessus sur mon caractère en général et ça me laissait un peu perplexe. Est-ce que c'était une bonne chose ?

Décidément, aujourd'hui, je tenais vraiment à parler avec Sven, cette fois plus par curiosité après qu'il m'ai appris pour son coté sportif. Si nous discussion s'était terminée pour que chacun reprenne le cours de leur journée, elle avait recommencé lorsque je l'avais rejoins à son match. En effet, mon arrivée lui avait permis de gagner, mais je ne doute pas un instant de sa victoire même sans l'inattention de son adversaire.
« C'est passé pour ce match, c'est toujours ça. »
Il fallait se satisfaire de ce qu'on avait, et même si Sven avait obtenu sa victoire à cause de la distraction de son adversaire, ça n'en restait pas moins une réussite quand même. Et il s'agissait uniquement d'une journée à thème, ce n'est pas comme si ça comptait réellement pour un avenir sportif. Bien sûr mon coté coach comprenait parfaitement son point de vue, gagner lorsqu'on se bat au même niveau et de façon loyale était bien plus gratifiant.
« Oh, j'en sais rien. » Dis-je en regardant ma jambe « Je comptais bien faire un tour mais je resterai peut-être pas la journée. »
Et au fond, plus ça allait et plus je me demandais si cet accident n'avait pas causé une blessure plus importante que je ne le pensais. Une ecchymose était une chose, mais si la douleur persistait, ce n'était peut-être pas dû qu'à ça. Peu importe, nous avions tous déjà vécu pire alors il n'y avait pas lieu de se plaindre.
« Il y a tellement de disciplines de toute façon qu'il ne sera pas possible de tout voir. » Un nouveau match commença « Tu as d'autres sports sur ta liste toi ? »
Cette question était dictée par la curiosité, je pensais déjà être de trop auprès de lui. C'était exceptionnel que je sois aussi avenant et malgré ça la tension et le malaise se ressentaient vraiment entre nous. Mon but était surtout d'apprendre un peu à le connaître puisqu'on semblait avoir loupé pas mal de détail l'un sur l'autre, mais si c'était pour l'embarrasser et me gêner aussi ce n'était pas la peine d'insister.

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Parler de ses multiples blessures semblait lui rappeler de mauvais souvenirs et à ses mots, il n'avait clairement pas envie d'en parler. J'ignorais ce qu'il avait vécu, mais je pouvais facilement comprendre qu'il ne veuille ni s'en rappeler ni partager l'histoire. Quelque part, en parler, c'était rouvrir ces blessures, et même si ce n'était que de façon psychologique ça n'en restait pas moins douloureux. Conscient, du gêne que ça installait, je décidais de mettre un terme à cette discussion, le laissant aller rejoindre les vestiaires.

Un peu plus tard, je me retrouvais assis dans les gradins de la salle où Sven était venu combattre. Il semblait être assez doué en sport et ce combat avait été bien mené même si son adversaire avait été un peu distrait. Son inattention avait permis au jeune homme de gagner et c'est vrai que ça ne paraissait pas vraiment fairplay, mais si son concurrent avait été concentré dans son match, il n'aurait pas bronché lorsque les portes s'étaient ouvertes. Une erreur de débutant qui rendait, à mon avis, la victoire largement acceptable.
La conversation reprit son cours entre nous-même si une certaine forme de gêne restait ambiante. Il faut dire qu'aucun de nous ne savait vraiment comment se positionner face à l'autre. D'un coté, il y avait cette envie de parler de sport, d'apprendre à se connaître sans paraître envahissant. Et de l'autre côté, il y avait nos ex respectifs qui étaient des amis proches. Autant dire que rien n'était évident dans notre échange et qu'il était tout à fait normal qu'on soit tous les deux embarrassé.
« Forcément, ce n'est pas désavantageux. »
Le hockey devait muscler les jambes, c'était évident, il s'agissait d'un sport très physique. Et si j'avais été curieux de voir comment Sven se défendait dans des domaines qu'il ne pratiquait pas, je l'étais d'autant plus de voir ce qu'il valait dans une discipline qu'il maîtrisait.
Qu'il me propose de faire un tour pour voir les autres sports me rappelais que ma jambe était tout de même blessée et qu'il était peut-être préférable que je ne force pas trop dessus. Mais est ce que j'ai souvent fait les bons choix dans ma vie ? Alors ça s'appliquait une fois de plus et je me disais que du temps que je pouvais marcher, c'est que ça allait.
« L'offre est tentante, je l'admets. » Dis-je avec un petit sourire, tentant toujours de détendre l'atmosphère. « Allons y, il aura sûrement de belles erreurs de débutant aussi, ça peut être drôle. Je t'attends dehors. »
Je joins l'acte à la parole en me levant des gradins et en me dirigeant doucement vers l'extérieur. Il fallait encore que Sven aille prendre une douche et qu'il se change, alors le temps qu'il sorte des vestiaires, j'allais sûrement attendre quelques minutes. J'étais tout de même un peu soulagé qu'il me propose de faire un tour avec lui, je n'avais pas fait fuir tout le monde avec mes mauvais choix dans le passé. Rien que l'histoire du dîner aurait pu dégoûter n'importe qui de me parler. Mais les choses étaient en train de changer, ma vie était beaucoup plus posée aujourd'hui même si j'avais toujours de mauvaises influences dans mon cercle amical et que ça me nuisait encore. On ne peut pas changer quelqu'un du jour au lendemain, c'est un long travail compliqué.

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La journée des sports, pour Sven, c'était terminé. Il m'avait tout de même proposé de l'accompagner faire un tour afin de voir ce qu'il y avait comme club et peut-être remarquer des tricheurs parmi les concurrents. C'était une idée qui me plaisait, bien que le malaise était toujours un peu ambiant entre nous. J'avais donc accepté avec plaisir.
« Prends ton temps ne t'en fais pas. »
Il n'avait pas besoin de courir non plus, je n'étais pas pressé. Ma jambe était encore un peu douloureuse alors je n'allais certainement pas me faire la malle et puis, j'avais quand même gagné en patience depuis la dernière fois. Alors du temps qu'il était en train de se changer dans les vestiaires, je patientais tranquillement à l'extérieur du campus. Il faisait vraiment beau, un temps idéal pour des activités extérieures. La journée du sport était très bien tombée, ça n'aurai pas été la même chose si la pluie avait été au rendez-vous. Au bout de quelques minutes, une voix s'éleva dans ma direction. Il s'agissait de Sven qui s'inquiétait de m'avoir fait attendre.
« Tu n'imagines même pas ! J'étais pas loin d'appeler le services des personnes disparues. » dis-je dans un petit rire amusé, démontrant ainsi qu'il n'y avait rien de sérieux. Cette petite plaisanterie était nécessaire à mes yeux, pour détendre l'atmosphère et la rendre un peu plus légère. Le malaise était encore bien trop palpable entre nous.
Nous avancions dans la cour principale du campus, doucement pour éviter que je force trop sur ma jambe. Et mon regard scruta les alentours dans le but de remarquer des panneaux qui nous indiquerait la présence de clubs sportifs. Et puis je pensais à quelque chose : nous étions dehors et le panneau d'affichage extérieur devait afficher tous les groupes et les lieux où ils étaient installés. J'allais proposer l'idée d'aller le regarder pour choisir où nous diriger mais Sven s'arrêta brusquement et ancra son regard sur moi. Pris au dépourvu et assez déstabilisé, je n'osais plus bouger.
« De quoi ? » Mes yeux se plissèrent, intrigué par ce qu'il pouvait se demander. Inévitablement, je pensais que ça avait un rapport avec Paco et lorsque Sven se remit à parler mes soupçons se confirmèrent. En effet il s'agissait bien de lui. Il était surement nécessaire d'avoir cette mise au point avant tout, ce serait une bonne chose.
« Ça pourrait être un problème. C'est d'ailleurs ce qui fait que nous sommes aussi embarrassés l'un envers l'autre.» Je préférais être honnête plutôt que tourner autour du pot. « Mais je préfère ne pas te voir comme son ex. Déjà ce serait te mettre une étiquette et ce n'est pas vraiment mon but. Ensuite je te vois plus comme un sportif avec qui je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de parler. »
Disons que Sven portait déjà malgré lui l'étiquette de l'ex petit ami de Paco, mais le voir autrement était une façon de rendre les choses un peu plus facile entre nous. Mais s'il pouvait me poser cette question, c'est qu'il y avait une certaine gêne par rapport à une relation finie. Peut-être le besoin de choisir un camp ou le malaise d'être entre les deux. Quoiqu'il en soit, les choses pouvaient autant être étrange de son coté que du mien, par rapport à Paco mais aussi par rapport à Bastien ?
« Il me semble, d'ailleurs, que tu connais bien Bastien, je pourrais te retourner la question. Est ce que ça te dérange que je sois son ex ? »
Une certaine gêne s'afficha sur mon visage et je me surpris à regarder du coin de l'oeil si quelqu'un avait pu m'entendre. Je n'assumais pas ma sexualité et j'avais encore peur du regard des autres.

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Sven semblait s'inquiéter de ma subite envie de lui parler et c'était tout à fait justifié. N'importe qui dans notre situation aurait pu se poser des questions. Ma réponse était peut-être un peu trop belle pour être vraie, elle était, en tout cas, sincère. Le malaise était tout de même présent, parce que malgré tout, c'était assez compliqué de passer outre le fait qu'il était en couple avec Paco. Alors, oui, nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de se parler durant tout le temps qu'ils étaient ensemble et ça devait évidemment paraître étrange que je me décide aujourd'hui, mais les circonstances étaient aussi complètement différentes. À l'époque, j'étais une vraie calamitée, je passais mon temps à boire, à fumer, à m'abîmer la santé et à repousser tout le monde. On ne pouvait pas faire pire comme personnalité. Je m'attirais toujours des problèmes et voyais constamment les choses en noir. En fait, le Orel d'aujourd'hui était l'opposé de celui que Sven avait pu croiser lorsqu'il était avec Paco, mais ça, il l'ignorait.
« Tu n'as pas l'air très convaincu. »
Il n'avait pas l'air très bavard, mais je ne savais pas si c'était sa personnalité ou si c'était parce qu'il était en train de réfléchir à ce que je venais de lui dire. Et pour rebondir à sa question, persuadée qu'il connaissait bien Bastien étant donné que c'était un ami extrêmement proche de Paco, j'avouais pour la première fois ma relation avec lui à quelqu'un de complètement extérieur à l'histoire. Lorsqu'il me fit comprendre qu'il ignorait ce qu'il s'était passé entre nous, je réalisais soudainement que j'avais beaucoup trop parlé. J'ignorais comment j'avais pu raconter ça à Sven, comment ça avait pu m'échapper alors que j'avais passé tellement de temps à le cacher.
« Ok, ça me va alors. » Qu'il ne sache rien et qu'il me dise que je n'avais pas de soucis à me faire sur cette histoire me rassurait tout à coup énormément. « Très peu de personnes le savent et c'est très bien comme ça. Je ne sais même pas pourquoi je te l'ai dit en faite, c'est venu tout seul. »
On avait tout fait pour éviter le malaise entre nous et le revoilà qui refaisais surface. J'étais nerveux parce que c'était la première fois que j'en parlais à quelqu'un que je ne connaissais pas vraiment. Et à la fois, étrangement, ça m'avais aussi un peu soulagé. Il ne m'avait pas jugé et ça ne s'était pas aussi mal passé que je l'aurai imaginé. Mais les habitudes ont la vie dure, et je n'étais pas encore totalement prêt à ce que cette information fuite.
« Si tu pouvais éviter d'en parler d'ailleurs, je t'en serais reconnaissant. » dis-je alors en grimaçant légèrement. « Disons que c'est un coté de ma personnalité que mon entourage ignore. » Mon regard fuit un instant et je repris ma marche pour camoufler ce malaise. « Tu veux voir quel sport ? » Il était important que je change de sujet, même si en parler pourrait aussi me faire du bien. Sven aurai pu être le genre de personne capable de comprendre ma situation mais nous n'en étions pas encore à ce stade de relation.

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Ma remarque par rapport à sa réponse l'embarrassa. Ce n'était pas le but pourtant, mais je pouvais parfaitement comprendre qu'il soit un peu mal à l'aise. En réalité, on semblait avoir bien plus de point communs que prévu, en plus du sport, il se trouvait qu'on était tous les deux visiblement assez maladroit avec l'espèce humaine. Comment lui en vouloir pour ça ? S'il n'avait pas trop les mots de façon générale, la situation entre nous n'aidait clairement pas.
« Ne t'en fais pas, je sais ce que c'est. » j'accompagnais ces paroles avec un petit sourire réconfortant.
Avoir parlé de Bastien à Sven était quelque chose d'incompréhensible et pourtant, ça avait été plus fort que moi. Il avait été intime avec Paco et comme Paco était la personne la plus proche de Bastien que je connaisse, je ne sais pas, ça m'avais paru évident que Sven soit au courant de quelque chose. Apparemment, je m'étais trompé, mais du coup, je venais de balancer cette information simplement, comme si je n'avais jamais tenté de la cacher auparavant. C'était une sensation étrange. J'étais partagé, parce qu'à la fois, je venais de dévoiler quelque chose d'ultra intime sans être jugé, et à la fois, j'avais cette nervosité qui s'emparait de moi de peur que quelqu'un d'autre m'ait entendu.
« Ah oui ? » Sven avait piqué ma curiosité, s'il pouvait comprendre ma situation, c'est qu'il l'avait sûrement déjà vécu. Ou en tout cas que c'était similaire. Encore une fois, ça prouvait qu'on avait bien plus en commun que des connaissances ou des hobby. Il m'expliqua alors rapidement ce qu'il avait vécu, se blâma d'avoir fait un coming-out de peur que Paco le quitte.
« Tu l'as fait au moins. Et comment tu te sens depuis ? Comment tu le vis ? »
Au fond, je demandais aussi pour savoir ce qui pourrait m'attendre lorsque je déciderai de le faire. Enfin, si je le décide un jour. Même si je pensais déjà à commencer à m'ouvrir doucement, à glisser quelques sous-entendus par-ci par-là, je n'étais pas prêt à m'assurer complètement. Pas tout à fait encore.
« Oh, c'est vrai, ça va être divertissant ! Bonne idée. »
L'athlétisme était une bonne idée, j'imaginais d'avance les chutes, les mauvaises fois, les gagnants et les à bout de souffle. Cette discipline méritait vraiment qu'on aille jeter un coup d'œil. Alors on s'éloignait pour rejoindre l'autre stade dédié à l'athlétisme. Le chemin fut un peu long, ma jambe était toujours un peu endolorie, mais j'étais impatient d'arriver dans les gradins pour m'installer et commenter.
« On pourrait presque faire un jeu à boire. Cul-sec à chaque fois que quelqu'un est de mauvaise foie, une gorgée à chaque coup bas, deux pour chaque encouragement, etc. » dis-je amusé et toujours plein d'idée lorsqu'il s'agit d'inventer ce genre de jeu idiot.
On finit par s'asseoir dans les gradins, quelques groupes d'étudiants étaient déjà installés, mais semblaient plus absorbés par leur téléphone ou leur conversation que par l'athlétisme en lui-même.
« Si je peux me permettre... » commençais-je un peu embarrassé. « Je sais qu'on ne devait pas en parler. Mais je suis quand même curieux. Pour quelle raison vous avez rompu ? »
On avait essayé d'esquiver le sujet Paco, plusieurs fois. Mais Sven avait craqué en premier en me demandant si ça me gênait qu'il soit son ex et finalement, je suivais son exemple parce que j'ignorais vraiment tout de ce qu'il s'était passé pour qu'ils en arrivent là. Paco n'était pas du genre très bavard actuellement.

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Bien trop curieux à propos des coming-out des autres, je ne pus m'empêcher de poser la question à Sven sur son ressenti aujourd'hui. Il l'avait fait un peu par contrainte et c'était dommage qu'il se soit précipité pour ça. Ce sont des décisions à réfléchir et à ne pas prendre à la légère, il ne faudrait pas le braquer. Enfin, à priori, il continuait à l'assumer aujourd'hui, il n'avait pas fait marche arrière ou nié quoi que ce soit, donc c'était déjà une belle avancée mine de rien. Mais même après s'être ouvert aux autres, il était mal. Ça ne me rassurait pas. Je vivais déjà avec la peur au ventre qu'on découvre ma sexualité alors si un jour, je venais à en parler ouvertement, ce serait pour me libérer d'un poids, pas pour m'en rajouter un.
« Ouah, c'est un malaise constant... »
Attristé de voir quel impact son coming-out pouvait avoir sur Sven, je posais un regard compréhensif sur lui. Sans le savoir, nous étions beaucoup dans le même cas : à s'inquiéter du regard des autres et à avoir peur du mal que la société pouvait nous faire. Le jeune homme se sentait beaucoup plus démuni désormais qu'il était seul, que Paco n'était plus là pour le défendre. Et j'aurai volontiers proposé mon aide, mais c'était peut-être un peu tôt pour ça, alors je me contentais de quelques mots se voulant rassurant.
« Tu as de la force Sven, tu n'as juste pas trouvé comment t'en servir, c'est tout. Et je suis sûr que tu as des amis sur qui compter quand ça ne va pas. Il faut se raccrocher à ce qu'on a et à ce qu'on peut, n'est ce pas ? »
Lui demander confirmation était un moyen d'appuyer et de faire réfléchir aux mots que je venais de prononcer. Et pour montrer mon soutien, je posais ma main sur son épaule.

Une fois dans les gradins, nous nous installions sur les sièges. À peine étions nous arrivé que des coups étaient déjà en œuvre sur le terrain d'athlétisme. Ça me permit d'inventer un jeu idiot simplement destiné à boire. Pour ce genre de chose, j'étais plutôt doué et ça en disait long sur mon passé fortement alcoolisé. Aujourd'hui, les choses étaient un peu différentes, je remontais doucement la pente, mais seul, c'était toujours compliqué. Et tout comme Paco, il me restait quelques mauvaises fréquentations qui ne faisaient que tirer vers le bas.
« Au moins, tu as la cuite pas chère. »
Un petit rire m'échappa, le but de ma phrase n'avait pas été de l'inviter à picoler, mais juste d'inventer une idiotie. Par contre, je savais désormais que Sven ne tenait pas à l'alcool.
« Non, il n'est pas très bavard en ce moment. Désolé, je ne te force pas à répondre tu sais. »
Parler de Paco n'était pas une très bonne idée, j'avais juste était curieux et encore une fois, c'était mal placé. La dernière fois que je l'avais vu, il avait essayé d'éviter tout sujet fâcheux ou en tout cas, il avait été très vague. Bastien était inquiet pour lui et sûrement à juste titre. Mais à écouter Sven, la rupture était peut-être un malentendu. Je me demandais subitement si leurs sentiments étaient toujours là l'un pour l'autre et s'ils avaient manqué de tact au point de ne plus rien comprendre à leur dispute et en avoir assez. S'ils avaient décidé de cette rupture sous la colère, les avis étaient sûrement différents à froid.
« Il n'y aucune raisons en fait ? Ça a juste été une suite de mauvaises paroles qui vous ont embrouillés ? »
S'ils arrivaient à se reparler, même sans se remettre ensemble, ça pourrai faire du bien au moral de Paco, tout comme à celui de Sven. Il n'y avait qu'à voir comme j'allais depuis que les choses s'étaient nettement améliorées avec Bastien. Nous n'étions qu'ami, et même si je souhaiterai davantage, au moins je gardais le positif et c'était agréable.
« Vous devriez peut-être en reparler à tête reposée. » Même s'il n'était pas obligé de répondre, il l'avait fait. Mais l'expression de son visage avait complètement changé et je pouvais ressentir son mal-être rien qu'en l'observant. Cette rupture le touchait énormément, j'avais aussi constaté que ça avait affecté Paco. S'il n'était question que d'une dispute qui avait mal tourné, il fallait qu'ils essaient de se réconcilier. Tout n'était pas perdu. Par contre boire pour oublier n'était pas une très bonne idée même, je n'étais pas le mieux placé pour en parler.
« Je vais me sentir coupable si tu bois à cause de notre conversation, encore plus si tu te mets la tête à l'envers. Donc, finalement, on va éviter. » J'observais les coureurs qui étaient vraiment compétiteurs avant de reporter mon attention sur Sven. Je ne savais plus trop où me mettre après avoir lancé ce sujet embarrassant alors je tentais de plaisanter. « Tu imagines, si t'es incapable de marcher après ? Comment je fais pour te traîner jusqu'à chez toi avec ma jambe en vrac hein ? Et comment je fais pour trouver ton logement surtout ? » Dis-je dans un petit rire.

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Comprendre Sven était plutôt facile, même si je n'avais jamais fait mon coming-out, la pression du regard des autres était déjà très pesante. Imaginer alors que c'était plus important après, que le malaise était toujours là, ça ne donnait pas spécialement envie de se lancer. D'avis mitigé, j'allais surement finir par m'assumer un jour, mais pour le moment les circonstances n'étaient pas bonnes.
« La société ne fait que peu de cadeau... »
Voilà la seule chose que je pu répondre pour acquiescer ses paroles. En sortant du lot, de la "normalité", nous étions confronté à des personnes qui ne le supporte pas et qui ont du mal à vivre avec. Des fois, c'est nous-même qui avons du mal à vivre avec. Il assumait peut-être voir les choses sous un mauvais angle, mais d'autres personnes m'avaient déjà dit que ce n'était pas facile tout les jours -même des personnes toujours optimistes-. Les mots n'étaient pas les plus faciles à trouver et c'est pourquoi je préférais poser ma main sur son épaule. Les gestes valent, certaines fois, mieux que les paroles. Sven se crispa légèrement à ce contact et il me sembla mieux de reprendre une certaine distance avec lui pour éviter de le brusquer.
« De la force, tout le monde en a. Que ce soit de toi-même ou des autres, il suffit juste de savoir où la puiser. »
A mes yeux, tout le monde avait la possibilité de trouver de la force quelque part, il fallait simplement savoir où la chercher et c'est surement ce qu'il manquait à Sven.

Dans les gradins du stade d'athlétisme, je finis de plomber l'ambiance en parlant de Paco à Sven. La curiosité avait été plus forte que le reste et mes mots étaient sortis bien trop vite. Malgré son gêne évident et sa douleur à repenser à tout ça, il prit sur lui pour se confier. Parler de ce qui nous fait du mal était un bon début pour soigner sa peine mais c'était peut-être encore un peu trop à vif.
« Ok, je vois. Quand rien ne va... il vaut peut-être mieux éviter de s'acharner. »
La phrase était courte, elle était surtout faite pour mettre fin à cette conversation. En parler deux minutes avait déjà rendu triste Sven et le mieux était de changer de sujet. Comme nous avions parlé d'alcool juste avant, il était facile de revenir sur ça. L'atmosphère se détendit un peu plus grâce à ça.
« Ah oui ? Et tu as une meilleure solution pour oublier ? »
Dans un sens, boire était utile pour oublier mais la descente était d'autant plus violente de par la gueule de bois et la douleur du souvenir toujours présente. Il fut un temps où j'avais besoin d'oublier Bastien et ce que j'avais pu ressentir pour lui, mon seul refuge fus l'alcool. Au final ça m'avais mené quelques fois à l'hôpital, que ce soit à cause d'abus important ou de bagarre provoqué par cet ébriété, je n'avais clairement pas réussis à oublier et aujourd'hui je ne faisais que camoufler mes véritables sentiments envers lui. Ce qui n'aidait pas non plus, c'est qu'on avait décidé de garder une amitié après tout ça. L'histoire de Sven et Paco, je ne pouvais que comprendre.
« Oh non des escaliers ? Je devrais te traîner, j'aurai jamais la force de te porter et de monter les marches en même temps. »
Un petit rire amusé s'éleva alors que je m'amusais de la situation. Imaginant parfaitement devoir le traîner au sol, le long de son escalier pour le raccompagner chez lui. Ça ne lui ferai certainement pas du bien et c'est pourquoi ça ne restait qu'une imagination. En réalité il y avait bien d'autres alternatives avant d'en arriver là, heureusement.
« Non t'en fais pas, c'est vraiment rien. Je ne compte plus le nombre de fois où ça m'est arrivé. Ça passera tout seul. Mais peut-être que j'irai consulter pour au moins avoir de quoi soigner plus vite. »
Mon regard se pencha vers ma jambe et en remontant légèrement mon jogging je pus constater que le bleu était déjà plus intense. Ça ne m'étonnais pas vraiment, la douleur était plus marquée après avoir marché. Sven n'avait pas tord, il fallait que j'aille voir quelqu'un, même si ce n'était que musculaire et qu'il n'y avait pas de blessures plus importantes.
« Je devrais peut-être pas t'embêter plus longtemps et aller voir quelqu'un maintenant. »
Ce petit moment ensemble nous avait permis d'apprendre à nous connaître en dehors des étiquettes que nous avions. L'étiquette de "l'ex de Paco" pour lui et "l'ami de Paco" pour moi. Mais il était peut-être temps de partir et aller doucement dans cette approche entre nous.

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Si au début c'était une simple question idiote, il se trouve que la réponse en disait beaucoup plus long sur lui. Tout le monde avait sa façon de faire pour oublier, ou du moins pour tenter d'oublier. Mais si Sven avait autant de moyens c'est parce qu'il connaissait bien ça et je soupçonnais qu'il avait bien plus de tourment qu'une simple peine de coeur. Même si son histoire avec Paco était récente et donc forcément importante actuellement, il y avait autre chose. Mais j'avais déjà été suffisamment intrusif dans sa vie perso en parlant de sa rupture et de son coming-out, les confidences attendrons.
« Ce n'est pas le plus compatible en effet mais au moins tu t'occupes l'esprit. Chacun a sa façon d'encaisser et généralement, ça empiète toujours sur une facette de sa vie perso. »
Pour lui le coté social, pour moi un peu aussi mais surtout la santé. Boire pour oublier n'était pas une simple plaisanterie, elle avait une grosse part de vérité. J'avais longtemps tenté de noyer mes peines dans l'alcool, imaginant que ça puisse réellement m'aider. Les souvenirs s'effaçaient un instant, mais revenaient de plus belles par la suite. Et chaque retour à la réalité était toujours plus violent à chaque fois. En réalité, le seul moyen d'oublier, c'était surtout d'affronter sa douleur. Mais il fallait une bonne dose de courage que je n'avais pas.
« Arriver en un seul morceau ne devrait pas être le plus compliqué ça va. »
Un petit sourire amusé s'afficha alors sur mes lèvres, imaginant que je puisse perdre ma jambe sur la route pour aller consulter un médecin. Rien n'était cassé, c'était certain, sinon mon pied ne toucherai même pas le sol. Sven semblait quelqu'un de plutôt bienveillant, c'est pourquoi il me proposait son aide que je refusais poliment. Bien qu'il était toujours agréable d'avoir du soutien, je préférai souvent me débrouiller par moi-même, principalement pour ne pas déranger. Mon père m'avais souvent fait comprendre à quel point je pouvais être un fardeau pour les autres alors c'est une sorte d'habitude que j'avais pris très tôt.
« Désolé de couper court à tout ça. Mais j'étais content d'apprendre un peu à te connaître. On a peut-être bien plus en commun qu'on ne le pensait. » Dis-je ne me levant du banc. Notre échange ne fut pas très long, nous avions surtout marché en se confiant, mais, il fut toute fois enrichissant. « Tu sais, si tu veux encore me supporter cinq minutes, tu peux m'accompagner jusqu'au parking. »
On venait tout juste d'arriver dans ces gradins, c'était dommage de partir aussi vite mais Sven s'inquiétait pour ma blessure et il avait surement raison. Après plusieurs fois à repousser, je fini par me dire qu'il fallait quand même aller vérifié auprès de quelqu'un de plus qualifié. Même si j'avais l'habitude de voir des blessures sur le terrain, un autodiagnostic était toujours plus compliqué. Il faut dire que j'avais tendance à minimiser mes douleurs et encaisser en silence. Pour une fois, j'allais agir différemment.

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Mon avis avait changé un peu brusquement. À force de me rappeler que j'avais une belle ecchymose qui se formait sur mon mollet, je commençais à me demander s'il n'était pas plus raisonnable d'aller voir quelqu'un. À mes yeux, ce n'était qu'un bleu, mais ça pouvait être problématique s'il ne désenflait pas et qu'il continuait à entraver ma marche. Autant donc aller voir quelqu'un qui sera plus à même de me dire si tout va bien.
Je dit indirectement à mon interlocuteur qu'il était temps qu'on se quitte et que j'aille consulter quelqu'un. Il semblait comprendre, mais il s'était inquiété pour ma jambe tout le long de notre échange alors il n'y avait rien d'étonnant. En me levant, je lui faisais part de mon ressenti face à notre rencontre du jour qui fut agréable malgré l'embarras. D'ailleurs, ceci n'était pas seulement dû au fait que nous ne nous connaissions pas vraiment, c'était en partie aussi à cause de Paco et des événements qui venaient de se produire entre eux. Il était inutile d'essayer de faire comme si rien n'était. Sven voulu même en parler, mais se retint, sûrement pour éviter de se faire du mal.
« N'y penses pas. » C'était le mieux que je puisse lui dire. S'il continuait à penser par rapport à son ex, il allait se faire du mal. Et même si on était tous les deux d'accord que s'occuper l'esprit n'était pas non plus la meilleure idée pour affronter ses démons, il valait mieux pour le moment qu'il ne pense pas trop à ça. Les choses passent toujours mieux lorsque c'est à froid, et là, la blessure était encore à vif.
« Super, comme ça, on verra si j'arrive déjà entier à ma voiture. »
Je me permis un petit rire, revenant sur son trait d'humour. Il n'y avait pas beaucoup de trajet à faire entre le stade d'athlétisme et le parking universitaire alors en quelques petites minutes nous étions déjà arrivés. C'était dommage de ne pas s'être parlés plus tôt, lorsque les circonstances étaient différentes. Mais ça n'aurait pas surement pas été pareil. J'essaie depuis peu de m'ouvrir aux autres, d'arranger les choses autour de moi et de voir le monde plus positif. Si on aurait essayé de se parler alors qu'il était encore avec Paco, mon comportement aurait bloqué la rencontre dès le début.
« Merci quand même pour ce moment, je ne suis pas le gars le plus bavard ni le plus à l'aise avec les autres alors j'espère ne pas t'avoir ennuyé. On retournera se moquer des sportifs débutant une autre fois, j'ai cru voir quelques chutes en athlé en descendant des gradins. »
Comme prévu j'étais arrivé entier à ma voiture, il n'y avait pas trop de soucis à se faire de ce côté-là. Mais il fallait maintenant que j'aille consulter quelqu'un pour savoir ce que j'avais vraiment, si ce n'était qu'un bleu ou si c'était plus important. Rien que le fait de conduire devrait me donner un indice. En attendant, je disais au revoir à Sven. C'était sans pour autant se fermer à l'idée d'une nouvelle rencontre et en espérant que les choses soient plus naturelles la prochaine fois.