hand on my forehead (ft. paco)

— Si l’été a été plutôt calme malgré les voyages avec Selver puis avec Paco, la rentrée s’annonce chaotique. Entre mes nouvelles responsabilités et les incessants messages que je reçois depuis quelques temps maintenant, difficile de garder la tête hors de l’eau. Au début, j’ai essayé de les ignorer ; ces photos de Paco et lui, celles de quand je n’étais plus là. Mais au plus la douleur dans mon ventre grandissait à chaque notification, au plus c’était compliqué. Jusqu’à ce moment fatidique, sur le parking de l’université alors que j’étais resté un peu trop tard à la bibliothèque pour préparer mes futurs cours, où il m’attendait là. Je n’ai jamais été une référence en matière de bagarre, on peut même dire que j’ai fini le nez en sang en m’étant à peine défendu. Et après tout ça, je vais devoir prétendre que tout va bien – il le faut, je ne peux pas me permettre que les choses aillent mal à nouveau avec Paco.
Les mains ensanglantées sur le volant, je me maudis intérieurement pour cette absence de mouchoirs dans la voiture. Ça va être une plaie à nettoyer. Je crois que j’ai mal, mais à vrai dire, entre l’adrénaline et les reniflements incontrôlés pour m’éviter de tâcher encore plus mes vêtements, je ne saurais dire à quel point c’est grave. L’esprit embrouillé et la vue troublée, je suis déjà bien heureux d’être arrivé jusqu’à chez moi en un seul morceau. Titubant à l’extérieur, je peine dans les escaliers mais parviens à trouver mes clés sans remarquer suffisamment vite la lumière à l’intérieur. Épuisé et à bout de souffle, je ne rêve plus que de me poser dans mon canapé pour me laisser mourir là un instant. Et quand j’ouvre la porte, une main sur le nez pour essayer de contenir l’afflux sanguin, je reste interdit. « … Ah. » Dans ma précipitation et ma détresse, j’en aurais presque oublié le détail que mon petit ami pourrait être là, à me regarder.

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— En face de Paco, je reprends peu à peu mes esprits, jusqu’à même remarquer ses cheveux et son petit changement de style depuis la dernière fois que je l’ai vu. Doucement, je lâche mon nez au ralenti – plus la peine d’essayer de cacher quoi que ce soit maintenant. « Euh… » Dans ma détresse, je n’ai même pas pensé à inventer une excuse alors qu’il se rapproche dangereusement de moi. Mes yeux hagards face aux siens, perdus dans une expression entre l’inquiétude et la colère que je ne saurais trop définir. « J’ai-… Je… » J’avale ma salive difficilement et le contact de ses mains contre mes joues est déjà plus que ce que je n’aurais espéré. « T’es beau comme ça. » Bien évidemment que c’est la seule chose qui sort de ma bouche à ce moment là. Je n’essaye même pas de fuir la question, c’est juste qu’il occupe toutes mes pensées. Heureusement, je préfère penser à lui qu’à… Je détourne le regard sans m’échapper de son étreinte. « Tu veux vraiment savoir ? » Lâchant un délicat soupir, j’aimerais tant pouvoir me réfugier dans ses bras mais c’est impossible pour le moment si je ne veux pas ruiner ses vêtements à lui aussi. « Il faut que j’aille… dans la salle de bain, d’abord. » Si je ne peux ni lui mentir ni trouver une excuse assez vite pour m’en sortir, je peux au moins me laisser le temps de digérer ce qu’il vient de se passer ou préparer ce que je vais lui dire.

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— Sans pouvoir empêcher un petit sourire de naître au coin de mes lèvres, je détourne le regard. « J’essaye pas de changer de sujet… » C’est vrai – j’aurais voulu y penser délibérément, mais j’ai simplement remarqué son changement de style en premier. Et je sais bien que tôt ou tard, je devrais me résoudre à lui répondre d’une façon ou d’une autre. Je ne peux pas lui mentir, je ne le veux pas non plus. C’est juste difficile à dire. Lâchant un soupir presque délicat vu la situation, je laisse tomber mon front sur son épaule comme si la plus grande fatigue du monde venait de me frapper. « Si, ça l’est. » Comment lui avouer que son ex qui me harcèle depuis des mois a décidé d’enfin passer à l’action ? Il n’y a pas de mots pour ça. On dirait que maintenant, la montagne que je repoussais à plus tard me tombe dessus. « J’ai juste besoin d’une minute. » Fermant les yeux, je respire son odeur autant que je peux à travers celle du sang et m’imprègne de sa chaleur rassurante. Après un moment de silence, je renifle maladroitement et fouille ma poche à la recherche de mon téléphone – si je ne peux pas lui dire, je peux peut-être lui montrer directement. Il saura quoi faire, quoi dire, comment réagir. Je compte sur lui pour me rattraper au vol, comme toujours. Une fois l’appareil en main, j’hésite une seconde avant de me redresser et de le lui tendre. « Désolé pour ton tee-shirt. » Ces tâches-là ne seront pas faciles à faire partir. Comme les bleus et marques que je vais devoir porter quelques temps avant de les oublier. Heureusement que ma rentrée n’a pas lieu avant plusieurs semaines. A ce moment, j’aimerais qu’il puisse ignorer la colère qui brûle dans ses yeux pour rester avec moi.

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— Pendant une seconde, je m’oublie tout contre lui. Je perds la notion du temps jusqu’au moment où il semble s’agiter – et je peine à en comprendre la soudaine raison. Et puis, elle me vient comme sur un plateau d’argent. A des kilomètres de ce à quoi je m’attendais, je me crispe en entendant parler de ma famille. Si leur brusque calme à mon égard a quelque chose d’inquiétant, ce n’est pas mon problème principal à cet instant. « N-non, c’est pas… » Ce serait terrible de ma part d’ignorer la détresse dans sa voix, surtout après tout ce que je l’ai amené à faire pour moi avant de lui rendre sa liberté. Les doutes ravalés et le ton plus doux, je le serre un peu plus contre moi. « Non. T’inquiète pas. Sauf si t’en as envie, mais je suis pas sûr que ce soit vraiment le moment pour cette conversation là. » Heureusement qu’il ne peut pas voir le petit rictus au coin de mes lèvres quand mon cœur s’emballe à cette idée. Le mariage n’a jamais été un but particulier pour moi ; je n’en pense juste rien. Ça m’est égal. Mais savoir qu’il pourrait l’envisager de son plein gré si c’est avec moi, ça a une saveur particulière.
Tandis que je lui tends mon téléphone avec une dernière tentative pourtant déjà résignée d’orienter la conversation vers autre chose. Déstabilisé par sa question, je reste interdit une minute avant de m’écarter de lui. Mes yeux font des allers-retours appuyés entre son visage et mon appareil, mais il n’en démord pas. J’aurais du m’en douter, il ne me laissera pas m’en tirer si facilement même si je voudrais qu’il y mette un peu plus du sien. C’est déjà difficile à avouer. Mais je finis par céder, soupirant doucement autant de fatigue que lassitude. Déverrouillant l’écran rapidement, je retrouve sans mal la conversation à l’historique bien rempli auquel je n’ai pourtant jamais répondu. Le numéro n’est pas enregistré comme contact, mais je suis certain qu’il saura reconnaître les photos où il est en compagnie de son ex et les mots doux qui me sont adressés avec. « J’ai essayé de l’ignorer mais je… ça a pas suffit, visiblement. » Presque honteux, j’essuie machinalement mon nez comme si le sang n’avait pas déjà séché – redoutant sa réaction.

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— Levant les yeux au ciel, je peine à retenir un rictus quand je répète ses mots à la lettre. « Et moi aussi, je te l’ai dit. Il est hors de question que j’épouse qui que ce soit à part toi. » Sans trop réfléchir à ce que ça implique pour nous deux, à ce que ça veut dire pour ce qu’on a déjà fait, je lâche ça comme une punchline histoire de faire taire ses inquiétudes. Bien sûr que je suis insignifiant face au pouvoir de ma famille. Mais je suis quand même un homme adulte et indépendant, je ne serais jamais à court de solutions – aussi bancales soient-elles – pour éviter d’avoir à me marier avec une parfaite inconnue.
Alors que j’avoue et lui présente les preuves directement sur mon téléphone, j’ai un brusque frisson quand il lance la vidéo. Est-ce qu’il avait vraiment besoin de faire ça ? La douleur dans ma poitrine se transforme en ouragan dans mes tripes quand j’entends leurs voix entremêlées, jusqu’à même être incapable de retenir la peine de voiler mon visage d’ordinaire si impassible et froid. Bien trop tard à mon goût, il coupe sa séance de visionnage et je me sens à nouveau respirer. Les yeux rivés vers lui, je fronce un peu les sourcils. « Euh.. pas exactement non. » Péter un câble ? Ce n’est pas vraiment le genre de chose que je fais. Surtout quand il s’agit de moi. Si encore, il avait menacé Paco d’une quelconque façon que ce soit… Peut-être que j’aurais perdu mes moyens. Mais là ? C’est moi qu’il s’agissait de blesser et de faire fuir. Hors de question de faire parler les émotions pour si peu. Et puis, j’ai suffisamment donné avec Henning.
Résigné à lui faire un rapport express de ce qu’il s’est passé, je m’applique en sachant pertinemment que je ne m’en sortirais pas sans tout lui dire. « Je sais pas si c’était un genre de coïncidence horrible ou s’il m’attendait, mais il était sur le parking de l’université quand j’allais partir. Et, euh… j’ai fait comme si je l’avais pas vu donc ça lui a pas plu. Alors il a… dit des choses, beaucoup de choses. Et moi, j’ai fait comme si… comme si ça me touchait pas, je me suis retenu de réagir même s’il m’empêchait de rentrer dans ma voiture. » Dodelinant de la tête, je déglutis difficilement en me remémorant ses commentaires sur moi, sur ma façon d’être, sur mon couple. Je ne suis pas l’amant rêvé que Paco aurait pu avoir – j’en suis parfaitement conscient. Je ne suis pas tout ce qu’il voudrait que je sois. Je m’accroche à lui en espérant égoïstement qu’il ne se lassera pas de moi tout de suite et que, peut-être, ça durera toute la vie. C’est tout. Je le sais. Je ne suis pas à sa hauteur et il me l’a très bien rappelé. « Donc il m’a frappé. Pour essayer de m’arracher une réaction, je suppose. Et je me suis défendu. Pas beaucoup, clairement il a pas du saigner, lui. » Un souffle ironique m’échappe. « C’est tellement ironique. Même les gens que je déteste et qui me détestent, je suis pas à la hauteur de leurs attentes. » Et à son expression, à sa façon de le dire, au ton dans sa voix, je devine sans mal que je le déçois lui aussi. Il aurait aimé quelqu’un de prêt à tout, quelqu’un comme lui. Quelqu’un qui irait écraser ses concurrents jusqu’au sang juste pour avoir quelques minutes avec lui. Je soupire et ferme les yeux, las. « Je suis fatigué de tout. » Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tout soit si compliqué ? Au moindre rayon de soleil dans ma vie, quelqu’un ou quelque chose vient détruire mes ambitions paisibles. Comme d’habitude, j’attire les problèmes.

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— Son silence est si lourd de sens. Mes yeux papillonnent comme pour chasser l’ombre d’une émotion un peu trop désagréable. Et ce n’est même pas nécessaire de retenir quoi que ce soit, puisque le voilà qui me tourne le dos. Parfois, je me demande s’il ne regrette pas de s’être remis avec moi plutôt que de rester avec lui. A chaque fois qu’il espère quelque chose de moi, je finis par le décevoir. Je ne suis juste pas à la hauteur. Contre toute attente, c’est vers la salle de bain qu’il se rend alors que je reste planté là un moment avant de me décider à le suivre. Après tout, le sang commence à sérieusement sécher et ça va être d’autant plus compliqué à soigner et nettoyer.
Installé comme il me l’indique, je n’ai ni le cœur ni l’énergie pour riposter ou même opposer une quelconque résistance. Alors que je lâche un soupir en m’asseyant, je me redresse presque dans un sursaut quand il se met à califourchon sur moi. Je me laisse faire, je le regarde comme si j’étais ailleurs. Je sens la chaleur de ses cuisses irradier contre les miennes, je respire son odeur sans même avoir à nicher mon nez au creux de son coup, j’observe soudain les traits de son visage concentré comme si je ne l’avais pas vu depuis des mois. C’est un peu comme se réveiller brusquement sobre après une cuite, les sensations qui reviennent et les souvenirs qui deviennent plus nets. Sans même que je n’ai à y penser, mes bras engourdis remontent pour laisser mes doigts fatigués glisser contre son pantalon, jusqu’à ses hanches, jusqu’à son dos. J’aimerais pouvoir m’accrocher à lui, me laisser aller, m’oublier juste un instant. Me débarrasser de tout ce poids sur mes épaules pour ne penser qu’à lui – qu’à moi. « Est-ce que tu regrettes ? D’être avec moi au lieu d'être avec lui ? » Si seulement j’avais pu m’entendre, je me serais arrêté avant la fin de ma phrase. Comme si la fêlure dans ma voix n’était pas suffisante pour me ridiculiser, je sens les larmes dévaler mes joues bien trop tard pour empêcher quoi que ce soit. La fièvre dans mes yeux suppliants et le visage brûlant, je crois que je perds la tête.

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— Une plainte meurt dans ma gorge, presque inaudible, quand j’entends sa réponse. Je ne sais pas si j’aurais préféré ça à un silence de plomb. Il me semble que je peux distinctement entendre quelque chose chose se briser dans ma poitrine, mais je reste de marbre – reprenant une contenance après cet excès de sentiments qui dégouline sur mes joues. J’ai vu la lutte d’émotions contradictoires sur son visage, j’ai senti sa frustration sous mes doigts. Ses premiers soins terminés, je renifle machinalement et détourne les yeux. C’est plus facile comme ça. Je ne dois pas craquer, je ne dois pas hurler, je ne dois pas céder. Je ne dois pas me taire, non plus. Mais il n’y a aucun mot assez fort, assez courageux pour traverser la barrière de mes lèvres. C’est mieux comme ça ; je n’aurais fait qu’aggraver la situation si j’avais dit quoi que ce soit, de toute façon.
Alors mes mains remontent et mon visage glisse contre le sien, l’embrassant dans une étreinte que j’espère aussi rassurante pour lui que pour moi. Animé d’une détermination nouvelle, je le serre tout contre moi – comme si ça allait l’empêcher de s’enfuir, de me laisser. « Ne fais rien, d’accord ? Ne va pas le voir, ne lui dis rien, ne cherche pas à lui parler. » Difficile de faire disparaître l’émotion dans ma voix en si peu de temps, mais je sais ce que je veux cette fois. S’il fait quoi que ce soit, alors c’est son ex qui aura gagné. Ni Paco, ni moi, juste lui. Il voulait une réaction de ma part et un signe de mon amoureux, je ne peux pas me permettre de les lui offrir sur un plateau d’argent. Parce que j’ai la sensation qu’à la moindre erreur, au moindre faux pas, il en profitera pour m’éloigner et reprendre la place que j’ai laissée vacante tant de temps à ses côtés.

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— Docile et presque immobile, je le laisse me soigner. Ça me fait bizarre, de me montrer si vulnérable – à sa merci – mais c’est de plus en plus fréquent avec lui. Entre les chaudes larmes sur mes joues, le sang séché qui reste encore et mon cœur qui s’emballe à être tout près de lui, je ne sais plus ou donner de la tête. Égoïste en détresse, me voilà à le supplier de ne rien faire. S’il agit, s’il dit quelque chose, s’il fait quelque chose alors c’est lui qui aura gagné. Parce qu’il aura réussi à arracher une minute de son attention, une minute de trop. « Okay. Merci. » Surpris par sa réponse, je m’attendais à ce qu’il insiste mais non. Alors je me dépêche de conclure comme pour l’empêcher de faire marche arrière, toujours tout contre moi. C’est ironique, d’habitude, c’est moi qu’il faut empêcher de fuir.
Sans plus rien attendre, je me calme doucement. Ma respiration devient plus régulière et je me calque sur ses mouvements en sentant son corps contre moi. Soudain, je papillonne des yeux sans être certain de ce que je viens d’entendre. « Hein ? » C’est un peu comme une claque dans la figure ou une douche froide, un brutal rappel à la réalité. Je ne sais pas combien de fois je l’ai entendu s’excuser de cette façon ; on dirait que ça résonne à travers la pièce. Je ne sais plus où me mettre, la gêne revient au galop et ces mots tournent en boucle dans ma tête. Et là, juste comme ça, je redeviens moi-même. Cette personne qui ne sait jamais quoi répondre, qui se raccroche aux branches pour éviter d’avoir à trop s’ouvrir. « Euh… T’as pas à l’être. C’est pas si grave et c’est même pas toi qui m’a cassé le nez. » Je renifle un peu, autant pour retenir mes larmes que pour combler le silence embarrassant. « Tu penses qu’il est cassé ? J’espère pas. J’ai pas envie de devenir moche. » Si je n’arrive pas à esquisser un sourire ni un ricanement amusé, je peux quand même tenter de désamorcer la situation étrange dans laquelle on s’est tous les deux embourbés avec un peu de mon humour douteux.

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— Je n’en attendais rien, mais ma tentative pour alléger l’ambiance et m’échapper de ce poids étouffant dans l’air semble fonctionner. Quand son rire arrive jusqu’à mes oreilles et que le sursaut de son corps amusé rebondit contre le mien, je me sens vivre à nouveau – enfin capable de respirer, comme si on venait de me retirer quelque chose des épaules. Je ne dois pas avoir fière allure, avec des sillons de larmes salées entre le sang déjà sec sur mes joues. Peu importe, je lui souris doucement tandis qu’il m’examine. « Au pire, ça me donnera un genre. » Un petit air rebelle ou bagarreur, il faut dire que ça ne serait pas de trop par dessus mon image de garçon bien rangé. Peut-être même que ça lui plairait, à Paco ? Faisant mine de froncer les sourcils à son visage dubitatif, je ne peux pas retenir mon soulagement. Tout est toujours si compliqué, mais au fond… c’est aussi devenu plus facile de régler les choses avec lui, je crois. Et quelque part, je suis rassuré de ne plus devoir me battre ni contre lui, ni contre moi-même – maintenant, c’est contre le reste du monde.
Soudain exténué, je soupire doucement sans le quitter des yeux. « Mh. Je sais pas, j’ai pas très envie d’y aller. Pas maintenant, en tout cas. On verra demain, non ? C’est pas comme si ça allait empirer cette nuit. » Personne n’est jamais mort d’un nez cassé – s’il est même cassé. Enfin, je crois. Je m’imagine le visage couvert d’hématomes et j’en suis déjà fatigué d’avance. Heureusement que ma rentrée n’est pas avant quelques semaines, j’aurais le temps de me remettre avant de montrer ma tête dehors. Je ne veux pas sortir. Je ne veux pas partir d’ici, je veux rester tout contre lui pendant des heures et attendre que tout se soigne tout seul. Les yeux perdus dans les siens, il y a un moment de flottement avant que je ne cède. En une seconde, presque un rêve éphémère ou un effleurement irréel, je dépose mes lèvres sur les siennes avant de m’écarter. Brusque rappel à la réalité, je détourne le regard comme si j’avais encore le droit d’être gêné d’embrasser mon petit ami et me racle la gorge doucement. « Est-ce que tu peux aller me chercher des fringues propres ? Je vais finir. »

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