[EVENT SECONDAIRE] Burn the stage

|	burn the stage ; ft. l’oeil de lynx

— Bon, c’est la merde. Au début, je croyais juste que c’était une fête costumée alors je pensais pouvoir m’enfiler des verres d’alcool gratuits en hanbok ; donc je me suis inscrit. Mais en repassant plusieurs fois devant l’affiche, je me suis rendu compte que je m’étais lourdement trompé. Et pire encore, qu’il m’était impossible de barrer ou arracher mon nom puisque… quelqu’un l’avait déjà fait à ma place. Ça m’apprendra à ne pas lire les petites lignes du contrat avant de signer, j’imagine. C’est donc profondément résigné et blasé que je me suis rendu à ce manoir – sans doute décoré de manière plus ou moins moche pour essayer de me faire peur.
Tant qu’à y être, autant jouer le jeu et choisir un costume ; moi qui voulait porter un katana, c’est l’occasion. En enfilant le hakama bleu dans les coulisses, j’ai une pointe d’appréhension. J’espère que je ne serais pas entouré d’inconnus, ça serait pire que tout. Parce que cette pièce de théâtre, je la sens mal. Et pour cause, je ne suis déjà pas particulièrement motivé, mais pas particulièrement bon acteur non plus. En soupirant légèrement, je plaque mes cheveux en arrière avec de la laque, à défaut de pouvoir faire le chignon réglementaire avec. Est-ce que je devrais parler uniquement en faisant des haïku ? Non, c’est une idée nulle. Quoique, si ça peut m’empêcher d’avoir trop de répliques… je garde l’idée dans un coin de ma tête, à force de clichés peut-être que je finirais par faire un samouraï convaincant, qui sait.
Assis en tailleur sur la scène avec quelques accessoires devant moi en attendant que les autres arrivent, je fais semblant de méditer ou quelque chose du genre. Je garde en tête le défi que j’ai pu lire sur le petit papier que j’ai pioché avant de me poser là, même si ça ne me dit rien qui vaille. J’essaye de me rappeler des principes du bushido, mais c’est toujours quand on a besoin d’une information qu’on n’arrive pas à s’en souvenir, évidemment. Je soupire discrètement et rouvre rapidement les yeux en entendant une voix familière s’élever. Je manque de pouffer en voyant Heidi en cotte de mailles – ça doit être vraiment désagréable à porter, je ne suis pas mécontent de mon choix. Retenant un sourire pour ne pas ruiner l’expérience des autres même si la mienne risque d’être catastrophique, je me lance pour lui répondre. Déjà d’ordinaire j’ai du mal à tenir une conversation, alors là je crains le pire. « Euh… Voilà un bien étrange accoutrement. Il me semble que je suis perdu dans le temps, mais il m’en reste assez si vous voulez vous joindre à moi. » Le parfait samouraï que je suis supposé être reste bien calme face à l’adversité, même si je suis à deux doigts de me prendre la tête dans les mains. D’un geste mal-assuré, je verse du faux saké dans les fausses tasses. Pour l’avoir senti avant d’entrer en scène, c’est définitivement de l’eau. Dommage.

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— Alors là, il était hors de question que tu rates ça. Tu n’as pas été la première à inscrire ton nom sur ce papier de plus en plus déchiré au fil des jours, mais tu aurais pu l’être. Tu as passé ces dernières heures à parfaire ton costume, tu sais que tu vas apprécier cette pièce de théâtre improvisée comme jamais – après tout, tu es née pour ça. La combinaison argentée dans le style rétro-futuriste des vieux comics te va à ravir, tu as même lâché tes cheveux indomptables pour l’occasion. Un pistolet à eau accroché à ta ceinture, tu en as un autre – bien plus gros – dans les mains quand tu débarques sur scène. Les couleurs vives font contraste avec ta tenue brillante et ton maquillage assorti ; aujourd’hui, qu’importe ce manoir lugubre, tu seras la capitaine de ton vaisseau spatial venue du futur pour découvrir cette fameuse prophétie et sauver le monde. Tu gardes bien en tête ton défi et tu débarques sans précautions sur la scène. Doucement, tu plisses les yeux et fais mine de ne pas voir les gens déjà présents. Ton poignet approché délicatement de ta bouche, tu parles à voix basse près des trois montres bon marché alignées sur ton bras. « Houston, Capitaine Vivi à Montag 7351. Houston vous m’entendez ? » Les sourcils froncés, tu braques ta fausse arme dans le vide comme pour te protéger d’une éventuelle menace pendant ta reconnaissance. « Le compteur Flik-Flak semble indiquer une perturbation temporelle, j’ai l’impression que le bond vers le passé à fonctionné. Vous me recevez ? » Tu prends une inspiration terriblement exagérée et affiche un air le plus surpris possible en faisant semblant de te rendre compte de la présence des autres. Ton arme bien stable entre tes mains, tu les jauges du regard pendant une minute. « Halte-là, étrangers ! » Le menton levé et l’air digne, tu pointes ton pistolet à eau fluo sur chacun d’eux à tour de rôle – au premier qui bouge, tu tires. Et à l'intérieur, tu jubiles de savoir ce que sera leur réaction.

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— Plus j’y pense, moins je sais ce que je fais là. Dommage que ça soit probablement trop tard pour fuir maintenant que la chevalière Heidi vient boire avec moi. « Un peu de notre meilleur saké. » Je lui fais un discret signe de tête pour lui faire comprendre que non, ce n’est que de l’eau – et qu’à sa place, je n’essayerais quand même pas de la boire, qui sait combien de temps elle a traîné dans ce pichet là.
Et puis, je sursaute en même temps qu’elle quand une autre fille, bien plus jeune que nous, débarque en combinaison argentée. Son rôle à elle a l’air un peu plus élaboré, en tout cas elle y met du cœur. Soudain, une autre voix s’élève de l’autre côté de la scène et je tourne la tête vivement. Tout de suite, une grimace blasée vient s’installer sur mon visage quand je vois Axl en costume de pirate discount. Il a même une peluche et il… la fait parler. Je prends une longue inspiration sans lui répondre pour éviter de perdre mon sang froid, et m’en retourne à jouer mon rôle sagement. Au moins, il y en a qui s’amusent.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouve pris au piège entre deux épées et un pistolet à eau – une scène digne d’un mauvais western. Est-ce que moi aussi, je devrais sortir mon faux katana de son fourreau ? Non, ce n’est pas très raccord avec le bushido, les samouraïs sont plus réfléchis que ça. Je pousse d’abord un soupir résigné, mais menace de ricaner en entendant Heidi s’exprimer à propos du faux perroquet sur l’épaule du pirate de service. « Peut-être que vous pourriez vous en occuper, ça nous ferait de quoi accompagner l'alcool. » Un demi sourire sur le bord des lèvres, je jauge la situation calmement. « Une énigme ? De quoi est-ce que vous parlez ? » Ma propre devinette dans la poche, je fais mine de ne pas savoir de quoi il est question. « Serait-ce possible que vous parliez de… d’une prophétie ? » Les yeux plissés, je pose une main sur mon sabre en essayant de me montrer méfiant. On sait tous ce qu’on a à faire, mais nos personnages ne savent pas ce que les autres font ici, pas vrai ?

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— Parfaitement à l’aise dans ton costume, tu gardes ton arme pointée sur les autres acteurs comme si ta vie en dépendait. Soudain, l’arrivée d’Axl te prend un peu de court et tu dois suspendre ton jeu quelques secondes pour te retenir de rire. Ça lui va super bien cette tenue, et il a même fait l’effort de jurer comme un pirate et de faire parler sa peluche – toute la panoplie du parfait pirate. Le sourire au bord des lèvres, tu es plutôt contente qu’il soit là parce que ça veut dire que cette pièce de théâtre vient de devenir au moins dix fois plus marrante. Ton orgueil d’actrice piqué au vif par son défi, tu te redresses fièrement et abaisse ton pistolet à eau pour mettre les mains sur les hanches. « Je suis la Capitaine Vivi, je ne me bats pas contre les petits mousses ! J’étais en route pour une mission capitale de la plus haute importance super grave, et mon vaisseau s’est crashé non loin, lors du bond temporel. » Le menton relevé, tu fais mine d’être digne et supérieure mais au fond tu es à deux doigts d’éclater de rire. « Ce sont des choses qui arrivent, cette technologie n’est pas encore tout à fait au point. Pour tout vous dire, j’aurais probablement du faire réviser mon appareil avant d’embarquer. Mais bon, tant pis. » Une petite diversion pour te remettre dans ton rôle, tu affiches un air presque affecté comme si tu venais réellement de quitter les débris fictifs de ton moyen de transport inexistant.
La chevalière blonde prend la parole, et tu souris bêtement en portant ta main libre à ta joue. « Oh, merci ! C’est la dernière collection de chez Hypérion 3000 ! » Ce n’était probablement pas un compliment venant d’elle, mais tu décides de le prendre comme ça quand même. « N’essayez pas de me distraire ! » Brusquement ramenée à la réalité, tu plisses les yeux avec un air méfiant en sa direction et pointe à nouveau ton arme sur elle. Elle menace ensuite d’embrocher le perroquet en peluche et tu fronces les sourcils – espérant secrètement qu’ils ne vont pas vraiment essayer de le manger parce que tu n’as pas franchement envie d’avoir des poils sur la langue pour tout le reste de la journée. Et pendant qu’elle déplie son petit papier sans que tu ne saches vraiment pourquoi, un détail te frappe. « A votre époque ? Vous voulez dire que vous êtes une voyageuse intergalactique temporelle, vous aussi ? » A fond dans son rôle, elle se doute bien qu’elle n’est que chevalière du moyen-âge et pas chevalière de l’espace. Même si vu comme ça, ça serait vachement cool.
Et puis, quand elle brandit fièrement son énigme, tu fais mine de les prendre pour des ennemis à nouveau. « Mmmh… vous deux avez l’air d’en savoir bien plus que vous ne devriez sur ce qu’il se passe... » La voix plus traînante, tu observes la réaction de l’autre encore assis au sol en t’approchant à pas de loups pour essayer de lire le papier. Prudente malgré tes envies de jeu, tu réfléchis à une façon de faire équipe avec quelqu’un sans que ça n’endigue tes plans de victoire. Visiblement, ce serait une bonne idée d’être avec elle, puisqu’elle a déjà une partie de la solution. « Je me suis présentée, mais je ne sais pas qui vous êtes... Déclinez vos identités ou cette fois je tire pour de vrai ! » A nouveau, tu braques ton arme en plastique sur les trois participants en essayant d’avoir l’air menaçante.