{ FLASHBACK : GOD JUL ! }

— Tu pensais que votre conversation en finirait là, après ta proposition qu’elle accepte à ta grande surprise. Ça ne te déplaît pas, de savoir qu’il y aura une personne de moins dont tu devras te préoccuper comme d’une ennemie. Tu éprouves une vague sensation de soulagement, comme la fin de quelque chose qui te pesait sur les épaules. Il y a un moment de flottement après ça, mais elle ne s’en va pas. Tu tripotes les bandages dans tes mains sans trop savoir où te mettre ni quoi en faire, te sentant un peu observée. Brusquement, tu sursautes presque quand elle reprend la parole. « Oh, euh… Non, t’inquiète pas. » La vérité, c’est que tu aurais probablement besoin d’aide, oui. Mais tu ne voudrais pas la retenir plus longtemps qu’il ne le faut. « Tu peux y aller, je t’assure, je vais me débrouiller. » Tu hoches la tête vivement, une pointe de gêne dans la voix. « J’habite pas très loin en plus, alors ça va. » Et voilà que tu te mets à déblatérer tout et n’importe quoi pour te débarrasser de ce moment d’incertitude. « Enfin, je crois. » Bizarrement, c’est toujours dans ces moments là que tu ne te rappelles pas ni ton nom, ni où tu habites ou même ce que tu as mangé ce matin.

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God jul !

Intrigue

C’est vrai qu’on aurait pu s’en arrêter là, mais une petite voix me souffle que je pourrais l’aider avant de rentrer chez moi. La musique festive et la bonne humeur forcée tout autour de nous auraient pu me faire vriller depuis un moment, mais me concentrer sur mes tâches et ces quelques échanges me permettent au moins de penser à autre chose. Et puis, elle n’est pas obligée d’accepter, mais au moins, je pourrais rentrer chez moi en me disant que j’ai tout fait pour paraître la plus polie possible. J’affiche un petit sourire quand je la vois hésiter, et quand elle finit par admettre à moitié avoir besoin d’aide, j’abdique en venant m’asseoir à côté.

« – J’ai déjà soigné des blessures plus vilaines que celle-là. » Je me concentre sur l’ouverture des bandages pour éviter de me braquer quand je réalise ce qui vient de m’échapper. Si elle me questionne, je pourrais toujours prétendre que j’ai abandonné des études d’infirmière. Je me concentre sur l’ouverture des bandages pour éviter de me braquer quand je réalise ce qui vient de m’échapper. Si elle me questionne, je pourrais toujours prétendre que j’ai abandonné des études d’infirmière. Après avoir légèrement tamponné la blessure avec une serviette en papier, je dépose alors le bandage sur sa blessure, avant de me redresser avec un léger sourire.

« – Désinfecte si tu peux quand tu rentres chez toi, mais d'ici deux ou trois jours ça devrait avoir quasi disparu. » Lui proposer de la raccompagner serait probablement trop bizarre, alors je me relève avant de regarder autour de moi. « – Attends peut-être pour voir si des gens vont dans la même direction que toi, ils pourront t'aider, au cas où. »

— Elle fait un peu tâche, au milieu de cette ambiance, si tu dois être tout à fait honnête avec toi-même. Il faut croire que la période des fêtes adoucit même les cœurs les plus revêches. Faisant mine de te décaler, tu ne crois pas bouger d’un millimètre en réalité tant mes fesses sont engourdies par le froid sur ce banc. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle reste pour t’aider, et pourtant la voilà à s’occuper de tes blessures. Étouffant un petit rire à sa remarque, tu baisses les yeux vers ton genou écorché. Effectivement, il y a bien pire dans la vie et tu as même été témoin de quelques fractures ouvertes pas très belles à voir, du temps où tu vivais autrement. Et il y a les brûlures en cuisine, aussi – ce n'est pas mieux. « Ouais, j’imagine. J’ai vu pire aussi. C’est pas grand-chose, c’est déjà presque guéri en plus. » C’est juste bizarre d’imaginer pouvoir se blesser dans une ville pareille alors que tu as tout fait pour t’éloigner d’une vie dangereuse ailleurs. Un sourire résigné sur le visage, tu l’observes sagement manipuler les bandages. Une fois qu’elle a terminé, tu hoches la tête poliment pour lui signifier que tu t’occuperas bien de tes plaies. « Merci, c’est sympa de m’avoir aidée. » Surprenant, mais gentil. Maintenant, c’est un peu gênant parce que tu sens bien que c’est le moment où elle doit s’en aller sans trop savoir comment le dire. « T’inquiète pas, je me servirai pas de ça comme d’une excuse pour esquiver ma promesse. » Tu fronces le nez, espérant quand même réussir à rentrer chez toi. « Passe une bonne fin de journée. » Bon, il va quand même falloir que tu rentres. Prenant une longue inspiration, tu commences à penser à appeler un taxi pour t’épargner la marche et le froid.

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God jul !

Intrigue

Heureusement, elle ne s’attarde pas sur mon commentaire sur les blessures, et je lui en suis silencieusement reconnaissante. C’est tout de même assez étrange de prendre soin de quelqu’un au vu et au su de tout le monde ; d’autant plus quand ce quelqu’un est une personne avec qui je me suis écharpée quelques temps auparavant, ou dont j’ai pris plaisir à faire tourner en bourrique pendant nos vacances aux Bahamas. Rien ne me force à l’aider et pourtant, là voilà de retour, cette petite voix qui me souffle à faire de faire un minimum de bonnes actions depuis que j’ai mis un pied en Norvège et décidé de reprendre ma vie à zéro, comme si de rien n’était.

« – Ça risque de piquer un peu, mais c’est pas grand-chose, en effet. » Un commentaire inutile, pour combler le vide, pour rendre cette action et ce silence moins gênants entre nous. Une fois que c’est terminé, j’esquisse un léger sourire pour lui dire que ce n’est rien, et je me redresse ensuite, après avoir déposé à nouveau les bandages près d’elle. « – Je passerai au restaurant dans quelque temps alors. Bonne soirée ! » Je lève légèrement la main pour la saluer, et je tourne les talons pour rentrer à mon tour. J’ai une drôle de sensation, la satisfaction d’avoir aidé quelqu’un au fond des tripes ; il faut encore que je m’y habitue, mais c’est vrai que ce n’est pas désagréable.