{ FLASHBACK : GOD JUL ! }

— Difficile de cacher la pointe de déception qui voile mon visage à sa réponse. Mais comment lui en vouloir ? Je ne pourrais pas moi-même appliquer ce que je viens de lui demander, il y a tant de choses dont je ne peux pas lui parler. Peut-être que c'est moi, peut-être que ce sont encore des séquelles de sa précédente relation ; je ne saurai jamais ce qui l'empêche de ne pas craindre mes réactions. C'est à la fois triste et terriblement familier puisque je fais pareil, à tout enfouir au plus profond de moi. Hochant la tête doucement, j'apprécie qu'il ne m'ait pas menti ou fait miroiter quelque chose qui n'arrivera jamais. La conversation nous met mal à l'aise tous les deux alors j'approuve quand il décide d'y mettre un terme, espérant seulement que c'est bien fini et qu'il ne m'en veut pas. « D'accord. De toute façon, les diplômes ça sert à donner les outils pour réussir dans le monde du travail et... bah, disons que tu les avais visiblement déjà. Alors ça t'aurait pas servi à grand-chose. » Dodelinant de la tête, je hausse les épaules – sa boîte de nuit a un succès phénoménal, il n'a pas besoin d'un bout de papier s'il arrive déjà à faire tourner son business comme ça.
Je m'écarte un peu de la table et me redresse sur ma chaise quand on vient nous servir ; j'observe en silence son regard se perdre dans la foule. Une petite moue sur le visage, je me dis qu'il n'y aura pas de bon moment pour ça non plus. « Euh, avant qu'on... change de sujet et qu'on laisse cette discussion derrière nous pour toujours, j'ai un truc à te dire. » Je ne sais pas a quel point il n'a plus envie d'entendre parler d'études, mais ça me semble plus correct de le tenir au courant maintenant qu'on... maintenant que j'envisage un futur sérieux avec lui et qu'on habite presque ensemble. Ouais, quelque chose dans ce genre là. « Je vais rester à l'université, l'année prochaine. Je... Après mon master, j'aimerais faire un doctorat. » Évidemment, mon cœur bat à la chamade en anticipant sa réaction – il trouvera peut-être ça ridicule puisque lui n'a pas trouvé de sens à ses études. Ou alors, il n'en aura rien à faire, je ne sais pas. Cette décision là fait partie des rares que j'ai pu, que j'ai osé prendre seul et uniquement en fonction de ce que moi je veux. Je crois que ça me ferait mal, s'il n'approuvait pas pour une raison ou une autre. Et c'est probablement pour ça que je commence à regretter d'avoir balancé ça comme ça.

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— Levant un sourcil curieux à la remarque de son nouvel ami, elle réfléchit une seconde. Elle n’est pas sûre de ce que c’est censé vouloir dire, c’est vrai qu’elle n’a jamais vraiment eu à faire attention pour garder une ligne digne d’instagram. Son esprit revêche y verrait une provocation, mais elle décide de laisser tout ça de côté pour le moment. « Le maquillage, ça rend heureux. Et le chocolat aussi. Cette crêpe et moi, on fait le même boulot donc on était faites pour s’entendre. » Après un petit clin d’œil, elle mord délicatement dans sa sucrerie avec la satisfaction de sentir sa chaleur se disperser dans son corps. Rien de tel qu’une offrande de ce type pour calmer une déesse en colère.
Reprenant là où son suspens s’est arrêté, elle cesse de manger un instant pour observer Ulrich. « Il se trouve que j’ai en ma possession, pas un mais bien… » Les mots flottent dans l’air le temps qu’elle sorte deux coupons de sa poche de la manière la plus dramatique possible. « … Deux tickets de cinéma pour un film au choix. » Elle lève un sourcil, pas vraiment d’humeur à accepter un refus. « Mh, alors… Disons que je choisis le film, et toi, les popcorns. Deal ? » Elle sourit, de son sourire éclatant qui semble ne rien cacher alors qu’elle sait pertinemment qu’elle est en train de se lancer à cœur perdu dans une quête qui ne la mènera que droit dans un mur. Jouer avec les gens pour évacuer la frustration de s’être fait avoir comme une bleue, ce n’est pas la meilleure idée qu’elle ait eue jusqu’ici. Mais il est là au mauvais endroit au mauvais moment, et il n’a pas l’air contre.

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— Je ne m’attendais pas à une réponse, alors me voilà un peu pris au dépourvu quand j’en ai une. Je suis surpris qu’il continue la conversation de lui-même, mais je hoche doucement la tête pour lui montrer que je l’écoute. Il avait un objectif et il a tout mis en œuvre pour y arriver, contrairement à moi qui navigue en eaux troubles avec la sensation d’être sur le point de me noyer à chaque centimètre parcouru ; c’est quelque chose que j’admire autant que je respecte. Je me crispe un peu quand il évoque sa famille – ou du moins, qu’il n’en fait plus partie. « Mh, je sais ce que ça fait. » Ça y est, c’est moi qui suis mal à l’aise maintenant. Je n’ai de cesse de vouloir qu’il s’ouvre et pourtant je continue à courir dans l’autre sens dès qu’on s’approche un peu trop de tout ce que j’essaye d’enfouir.
A mon tour de me débarrasser de ce qui me trotte dans la tête depuis des mois, à la fois plein d’appréhension et de doutes. Mais quand il sourit doucement, je sens un des poids sur mes épaules disparaître. Je lui rends son expression pleine de tendresse. « Est-ce que t’es en train de me dire que je suis prévisible ? » Levant un sourcil, j’esquive un peu la vraie conversation avec un rictus. Ce serait difficile d’admettre à voix haute que je suis à la fois soulagé et ému qu’il soit la première personne à être de mon côté. Je ne sais pas ce que je fais, ni où je vais – mais je suis heureux de pouvoir y aller avec lui. La tasse chaude entre les doigts, je porte mon chocolat à mes lèvres pour cacher mon embarras. « Merci. » Sans savoir s’il a entendu mon mot à peine chuchoté, je détourne les yeux à nouveau.

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— Avec le peu de fierté qu’il te reste, tu rassembles ton courage pour la regarder. Difficile de ne pas ressentir de gêne après ça, entre ta chute et le fait qu’entre toutes les personnes sur qui tu pouvais tomber, il a fallu que ce soit elle. Ce n’est pas dans tes habitudes de tenir tête ni même de garder des rancunes, mais en venant ici, tu t’es promis de ne plus te faire avoir. L’ironie du sort, c’est que c’est toujours la seule personne qui semble te chercher des ennuis dans cette ville que tu rencontres au hasard, et aujourd’hui ne fait pas exception.
Derrière toi, tu l’entends soupirer quand tu t’arrêtes brusquement à cause de la douleur. Tu t’attends à une remarque cinglante, voire même à une insulte, alors tu te prépares à baisser les yeux pour reprendre ton chemin. Mais ce n’est pas ça qui vient. « Je n’en fais pas qu’à ma… » Tu te renfrognes, presque vexée d’avoir si mal deviné la suite des événements. « Bon d’accord, j’irais pas bien loin de toute façon. » Les moments passés cet été te reviennent en mémoire – tout ne s’est pas si mal terminé même si tu as du rentrer plus tôt, non ? Peut-être que vous êtes vraiment juste parties du mauvais pied et qu’elle n’est pas tout ce que tu redoutes qu’elle soit. Ou peut-être que si. Mais dans l’immédiat, tu n’as pas d’autre choix que celui de rendre les armes et accepter son aide. Boitillante, tu t’approches du banc le plus proche avec toutes les difficultés du monde et fais un peu la moue quand le froid te pique les fesses alors que tu t'assois. Ce n’est pas comme ça que tu avais espéré terminer ta journée.

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— Elle ne s’attendait pas à un refus, mais elle s’en retrouve quand même satisfaite quand sa proposition est acceptée. Un rictus au coin des lèvres, elle ne quitte pas Ulrich des yeux – cherchant sûrement une façon de le sonder sans trouver. Elle se sait irrésistible, mais la facilité avec laquelle elle a pu s’immiscer dans sa vie et s’y imposer lui laisse un goût amer dans la bouche et une sensation étrange dans la poitrine. « Parfait, on a rendez-vous alors. » Sur le même ton sans appel qu’elle a toujours, elle conclut et reprend une bouchée de sa crêpe au chocolat pour oublier cette impression de faire quelque chose de mal qui lui colle à la peau.
Toujours à son bras, elle fouille dans sa poche et ouvre son téléphone sur la page des contacts. « Tiens. » Elle lui tend l’appareil avec un sourire presque commercial. « Donne-moi ton numéro, je t’enverrai la date et l’heure. » Oh, elle aurait pu être plus subtile, elle aurait pu mieux faire. Mais à quoi bon ? Elle sait ce qu’il veut, et elle est persuadée de vouloir la même chose. Est-ce vraiment le cas ? C’est un peu tard pour douter. Et puis, elle ne doute pas. Jamais. Elle sait ce qu’elle fait, évidemment.

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— Je donnerais beaucoup pour savoir à quoi il pense quand il me regarde ça. Les moments où Paco n’est pas intense sont rares, celui-ci ne fait pas exception. J’esquisse un début de sourire à sa réponse, comme si je l’attendais. C’est étrange d’avoir finalement quelqu’un de mon côté, et que cette personne soit si différente de moi. Tant mieux. Plongé dans mes pensées, je sens mon visage perdre sa crispation et le soulagement m’envahir. La sensation de m’être débarrassé de plusieurs idées envahissantes est plus agréable que je ne l’aurais cru.
Soudain, la conversation reprend et dérive sur un sujet auquel je ne m’attendais pas. Pendant une demi-seconde, j’ai oublié le hockey et toutes les angoisses que le retour sur la glace m’inspirent. « Oh, euh… » Je reprends mes esprits et fronce un peu les sourcils. « Probablement pas tout de suite, en tout cas. » Déjà, l’équipe et le coach ne me reprendront pas après une si longue pause. Et puis, j’aurais trop honte – ou trop peur – pour oser y prétendre sans m’y être remis avant. « Mais je suis autorisé à patiner de temps en temps. » J’essaye de gommer le voile d’inquiétudes qui doit venir assombrir mon visage, pas franchement ravi à l’idée de lui avouer que ça me tord le ventre rien que d’y penser. « Je vais sûrement y retourner en janvier. » Je hoche la tête doucement, les lèvres pincées, sans pouvoir même étirer un sourire faible histoire de le rassurer.

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— C’est encore une fois difficile de savoir ce qui lui passe par la tête quand je fais tout mon possible pour ne pas laisser transparaître mes angoisses. Et finalement, j’esquisse un sourire en coin et étouffe un petit soupir amusé. Lui apprendre à patiner ? Pourquoi pas, j’aimerais beaucoup pouvoir sillonner la glace avec lui. « Si tu veux. Je pourrais même te rattraper à chaque fois que tu glisseras. » Enfin, sous réserve que je parvienne déjà à m’y remettre tout seul avant. J’aurais l’air fin, à jouer au professeur sans pouvoir enfiler mes patins pour donner l’exemple. Mais l’idée d’être là pour assurer ses arrières a quelque chose de chaleureux que je garde dans un coin de ma tête.
Relevant les yeux vers lui, je hoche la tête doucement à sa question qui n’en est pas vraiment une. C’est vrai qu’ici, c’est bruyant et un peu trop grouillant à mon goût. Entre les familles, les couples et les cris des enfants un peu partout, je ne suis pas dans mon élément non plus. « D’accord. Je suis pas exactement fan des bains de foule non plus, de toute façon. » Après un sourire entendu, je termine ma tasse et attrape un dernier biscuit au vol avant de me lever.

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God jul !

Intrigue

J’esquisse un sourire en coin quand Stella se stoppe dans sa phrase, mais je ne rajoute rien, histoire de ne pas repartir dans une joute verbale inutile. Je serais la première à envoyer méchamment bouler quelqu’un se moquant de moi dans cette situation, alors je me contente de hocher la tête quand elle accepte enfin mon aide. Je la suis des yeux jusqu’au banc, et je me tourne ensuite vers l’un des chalets, l’inspectant en quelques coups d’œil pour savoir s’il propose ce que je recherche, mais je ne vois que de la nourriture. Alors, je tente ma chance un peu plus loin, et je parviens à trouver une petite boîte de pansements – au moins, ils ont pensé à tout, même si ça m’étonnerait qu’on se coupe avec un gobelet en carton.

Je récupère aussi quelques serviettes en papier au passage, et après avoir payé les bandages, je retourne près de Stella avant de lui tendre mes bandages. « – J'ai trouvé que ça, mais je crois que ça fera l'affaire. » Je doute qu’elle ait besoin de mon aide pour la suite, et je me sens un peu bête, à rester droite comme un i, tandis que ma conscience me souffle que je viens de faire une bonne action – c'est assez rare pour être souligné. « – C’était que 10 couronnes, alors pas la peine de me rembourser. » Je hausse un peu les épaules, avant de commencer à reprendre ma route.

— Prenant un air faussement offensé, je ne peux pas retenir la rougeur sur mes joues malgré le sourire en coin que je peine à retenir. « C’est pas ce que je voulais dire, je pensais pas du tout à ça. » Je lève les sourcils, un peu joueur et toujours aussi mauvais menteur. D’accord, ça ne me déplairait pas non plus de l’avoir tout contre moi dès qu’il tomberait ou glisserait – mais ce n’était vraiment pas l’intention que j’avais.
Tandis qu’il paye notre addition, je réajuste mon écharpe en reprenant une contenance. Ni lui ni moi ne sommes très à l’aise ici, alors autant rentrer sans tarder. Relevant son commentaire avec une certaine surprise, je le regarde un instant avant de le rattraper. « C’est différent. » Je lui rends son murmure et lui adresse un sourire tendre. « On pourra toujours y retourner l’année prochaine. » L’idée d’être avec lui pour une année supplémentaire me semble à la fois lointaine et pourtant si accessible, comme si ce n’était que la suite logique des choses. Alors que mon souffle se blanchit avec l’air froid, j’attrape sa main et glisse nos doigts entrelacés dans sa poche pour en garder la chaleur.

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— Assise dans le froid sur ce banc, tu te sens doucement honteuse. Pas que ta chute ait vraiment été ridicule, mais la solitude qui t’envahit une fois qu’Ana s’en va en quête de pansements est plus lourde que prévu. Tu prends une longue inspiration, pas certaine de savoir ce que tu fais ici. L’enthousiasme de tout à l’heure a presque complètement quitté ta poitrine et tu te laisses tomber dans une humeur morose. Peut-être que tu l’as mal jugée, après tout. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive et puis elle passait certainement une très mauvaise journée lors de votre rencontre. Elle était taquine mais pas méchante pendant la croisière, et ça ne te ressemble pas de te raccrocher à des rancunes pour si peu. Et ce ne sont pas tes affaires, elle peut bien faire ce qu’elle veut.
Arrachée à tes pensées par son retour assez rapide, tu reposes les yeux sur elle et observes les bandages et serviettes qu’elle te tend. « Ah oui, t'en fais pas. Merci. » D’une main incertaine, tu les prends sans pour autant t’en servir tout de suite. Il y a un moment de flottement où tu ne sais ni trop quoi faire ni trop quoi dire. Va-t-elle simplement s’en aller juste comme ça à présent ? C’est bizarre de s’imaginer que ce moment va se terminer comme ça. « Non, je veux pas t’être redevable. » Le visage un peu trop sérieux pour la situation, tu réalises que tu es en train de faire tout un plat de dix couronnes. Mais la moindre chose que tu laisses derrière toi pourrait devenir un obstacle plus tard et tu es bien placée pour le savoir. « T’as qu’à venir au restaurant un jour, je t’offrirais le repas. » Tu souris et hoches la tête de façon simple, espérant seulement qu’elle se retourne pour constater d’elle-même ta sincérité.

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— Heureusement, il a la présence d’esprit d’essuyer ses doigts gras de crêpe avant de taper son numéro dans son téléphone. Touchée par cette délicate attention, elle récupère son téléphone et ne peut pas retenir un soupir ironiquement amusé en constatant le petit cœur à côté du nom d’Ulrich. Au moins, lui aussi, il a l’air d’apprécier quand les choses sont directes. « Sans faute. » Plus le temps passe, plus elle en doute. Si ça se trouve, elle ne le rappellera jamais puisqu’elle sera revenue à la raison. Mais l’occasion de se changer les idées est belle et juste là, à sa disposition. Difficile d’y résister.
Levant un sourcil, elle le laisse embrasser sa main avec le port d’une princesse. Cachant un rire amusé derrière son écharpe, elle décide quand même qu’elle apprécie sa façon de ne pas s’attarder là où il n’a plus envie d’être. « Ça a été un plaisir de te rencontrer, cher Ulrich. A la prochaine. » Maintenant que cette rencontre imprévue se termine, l’ambiance lui semble soudain plus fade. Quel intérêt de rester ici alors qu’elle ne se souvient même pas pourquoi elle est venue en premier lieu ? Pour l’esprit des fêtes ? Probablement. Disons qu’elle considère que c’est réussi quand elle s’éloigne pour rejoindre l’arrêt du tramway, dans ce cas.

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God jul !

Intrigue

Faire une bonne action sans y être franchement forcée ; c’est bien la preuve que la Norvège a définitivement un effet sur moi. À moins que ça ne soit ma volonté de prouver à Stella que je ne sois pas si mauvaise qu’elle veut bien le croire. Chipie peut-être, mais j’espère avoir changé depuis la Russie. Je me force d’ailleurs à penser de moins en moins à mon passé, et à force, j’ai presque l’impression que tout ce que j’ai vécu s’est passé dans une autre vie. Ça ne veut pas dire que je souhaite passer pour la bonne poire ou ne pas me méfier devant la première personne qui aura un accent russe un peu trop prononcé. Seulement, ça fait aussi du bien de se mêler un peu aux autres, mon appartement est bien trop petit pour que j’y reste enfermée seule des jours entiers.

Une fois que je reviens auprès d’elle avec les serviettes et les bandages, je suis quand même rassurée  elle n’a pas changé d’avis et ne fait plus sa tête de mule. Je m’apprête à partir quand j’entends encore sa voix derrière moi, et je marque un temps de pause, surprise. Je me retourne alors à nouveau vers elle, et elle n’a plus l’air aussi renfrognée que tout à l’heure. Alors, je m’autorise à mon tour à lui adresser un petit sourire, hochant la tête. « – D’accord. Je viendrai à pied ou je prendrai une place adaptée alors ! » Ça nous changera toutes les deux du mini scandale causé par ma voiture.

— Un peu dans l’attente, tu sens un moment de flottement envahir l’endroit malgré l’agitation ambiante quand tu lances ta proposition dans l’air. D’abord, c’est la surprise qui domine alors qu’elle se retourne, mais bien vite, elle se met à te rendre ton sourire. Très bien, ça veut dire que tout n’est pas perdu. A moins que tu ne sois encore en train de te faire mener en bateau, ce qui est probable également. De toute façon, tu n’allais pas lui en vouloir toute sa vie pour un malentendu… enfin, tu crois. Finalement, elle accepte et tu t’en retrouves un peu soulagée – tu aurais été bien bête, assise là avec un refus sur les bras.
Tu étouffes un petit rire nerveux tandis qu’elle évoque votre première rencontre, détournant le regard de gêne. Si seulement ce jour là, tu avais su garder la face plutôt que de menacer de fondre en larmes à la moindre contrariété, peut-être que les choses auraient été différentes. « Oui, c’est… c’est mieux. » Tu hoches doucement la tête, sans savoir où te mettre. Tu ne veux pas vraiment remettre ça sur le tapis ; même si elle a assez de recul pour en rire, ce n’est pas forcément ton cas. Et maintenant, il ne te reste plus qu’à observer ton genoux blessé et les bandages gracieusement offerts contre un repas. Il va falloir que tu t’en occupes si tu veux pouvoir rentrer chez toi.

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God jul !

Intrigue

Je ne sais pas franchement si on pourra devenir amies un jour, mais ce qui se passe entre nous ressemble bien à une trêve, et j’accueille cette nouvelle avec optimisme, contre toute attente. Je crois que je suis un peu fatiguée d’être en conflit avec quelqu’un, quitte à repousser mon instinct premier, et ça m’aurait embêté de devoir me battre encore contre une personne alors que je sors à peine de ma caverne pour me sociabiliser à nouveau. Alors, l’invitation de Stella me semble être une bonne idée, tout compte fait. Autant faire table rase du passé, d’autant plus que je n’ai rien à lui reprocher sur le fond.

À elle de décider ou non si elle m’apprécie après ça, mais au moins, j’aurais soulagé ma conscience. Je baisse moi aussi mes yeux vers les objets qu’elle tient encore entre ses mains, et je me demande jusqu’où je devrais aller sans que ce soit trop bizarre. Et puis, je ne suis pas franchement douée pour alimenter les relations avec les autres, alors quitte à paraître bête, je me hasarde à lui demander à voix haute ce qui me passe par la tête. « – Est-ce que tu as besoin d’aide avec tout ça ? » Je montre les bandages d’une main, comme si ce n’était pas clair, et j’espère secrètement qu’elle ne va pas mal prendre ma tentative pour essayer d’être sympa à mon tour. C’est maladroit, mais elle pourrait aussi trouver ça infantilisant. Dans tous les cas, je pourrais toujours partir en me disant que j’ai fait de mon mieux.