{ FLASHBACK : GOD JUL ! }

RP commun

God jul !

J’ai repéré les lumières du marché depuis mon arrivée à l’aéroport, et c’est assez difficile de passer à côté : les décorations sont dans toutes les bouches. Les enfants ont les yeux qui brillent, et je suis certain que l’odeur de vin chaud s’est répandue dans à peu près toutes les rues de la ville. J’ai pu profiter de cette ambiance à Paris, mais c’est vrai que les fêtes ont une saveur particulière ici. Et puis, il y a moins de monde et aussi moins de râleurs ou de mauvaise humeur, alors c’est forcément mieux. Du coup, je me suis dépêché de rentrer à l’appartement pour y déposer mes affaires et faire des câlins à Taiyo.  

Une petite heure après cela, me voilà en train de déambuler entre les différents stands, une tasse de chocolat chaud fumante entre les mains. Je me retiens d’acheter à peu près tous les objets que je vois, ou de déguster la moindre pâtisserie, J’ai même repéré quelques bretzels non loin, et ça m’étonne d’en trouver par ici, mais je promets de finir mon premier tour avant d’aller m’en acheter un, au moins histoire de me dire que j’ai résisté un minimum avant de me jeter dessus.  

— Déjà la deuxième année consécutive que je me laisse avoir par cette fête que je ne célébrais pourtant pas avant. Il faut dire que la dernière fois, à Séoul avec Paco, m’a laissé un goût sucré en bouche – ce qui a suivi, moins, mais j’essaye de ne pas trop y penser. Alors nous voilà tous les deux au marché de Noël de Bergen. Ce n’est pas notre coup d’essai en tant que couple qui s’assume, mais on peut quand même deviner que le mot d’ordre, c’est d’être mal à l’aise. Rien à voir avec cette soirée sur la plage aux Bahamas, ni avec les quelques sorties qu’on a faites ensemble depuis. Ici, il y a du monde qu’on est susceptibles de connaître tous les deux et si je ne portais pas de gants, je pourrais jurer que mes mains seraient moites. De ces regards que je jette à chaque passant pour vérifier qu’il ne me dévisage pas, on pourrait deviner toutes mes angoisses. Emmitouflé dans mon écharpe, je finis par souffler doucement pour essayer de me calmer. « Ça te dit qu’on se pose pour manger un truc ? » Désignant d’une main réservée les endroits mis à disposition pour grignoter, je tourne la tête vers lui avec les yeux plein d’espoir. Au moins, ça me ferait penser à autre chose qu’à moi et à la sensation d’être observé par tout le monde en permanence. Enfin, je crois.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

— Le bonnet bien posé sur ta tête, tu t’émerveilles d’un rien en déambulant dans ce marché de Noël. Fascinée par les lumières et l’ambiance, tu entreprends de goûter chaque plat et chaque boisson que tu croiseras sur ton chemin – sans vraiment savoir où il va te mener. Pour l’occasion, toi aussi tu as joué le jeu et décoré ton restaurant en plus de ta villa et tu constates avec une satisfaction éternelle que toute la ville a mis la main à la pâte.
Un verre de vin chaud à la main, tu gardes le nez en l’air sans trop faire attention à ce que tu fais. Et soudain, une force invisible s’accroche à tes pieds pour te pousser en arrière et t’arracher un petit cri aigu. Une fois les fesses douloureusement plaquées contre le verglas du sol, tu jauges la situation d’un air critique. La neige et le froid, c’est bien mais jusqu’à un certain point seulement. Une moue boudeuse sur le visage, tu te rends compte qu’il ne reste pas grand-chose de ton précieux breuvage. « Oh non… » Autour de toi, quelques personnes se sont écartées par prudence au moment de l’impact mais la vie reprend son cours dans la foule.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

— Cette période de l’année est sans doute l’une de ses préférées. Quoi de plus norvégien que de déguster un chocolat chaud du marché de Noël en marchant dans la neige ? Elle prend une longue inspiration satisfaite et scrute la foule. Ayant passé les jours précédents avec ses parents, elle apprécie un peu de liberté même si ses pensées sont loin d’être bien ordonnées. Entre les révélations de Jenna et les désillusions qui ont suivi, elle n’a trouvé que le travail dans lequel se noyer pour oublier ses soucis. Soudain, une chevelure blonde familière se dresse devant elle près d’un stand de crêpes à l’odeur particulièrement alléchante. Ni une ni deux, elle se précipite pour lui attraper le bras et enfile son visage le plus enjoué possible. « Hey, comment tu vas ?! » Tournant la tête vers l’homme, elle constate avec un instant de doute qu’il ne s’agit pas du tout de son ancienne connaissance de l’université qu’elle pensait trouver ici. « Oh, on dirait que je vous ai pris pour quelqu’un d’autre. » Haussant les épaules, elle refuse de laisser cette microscopique erreur gâcher sa bonne humeur relative. « Peu importe. » Souriante comme d’habitude, elle replonge ses yeux dans les siens avec une détermination peu commune. « Mais on ne se serait pas déjà vu quelque part ? » Ce visage ne lui est pas étranger, peut-être l’a-t-elle croisé en ville ? Sur le bateau, cet été ? A un de ces dîners professionnels dont elle a le secret ?

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

— Presque flattée même s’il avance l’évidence même, elle ricane délicatement derrière sa main à la petite remarque de son inconnu. « Alors ça, je ne vous le fais pas dire. » Après un clin d’œil de rigueur, elle se permet de ne pas tout de suite se détacher du jeune homme. Après tout, si ça le dérangeait, il l’aurait repoussée. Et elle, elle n’a plus rien à prouver à personne puisque le dernier potentiel élu de son cœur s’est fait sauvagement voler par une traîtresse. Mais elle refuse de laisser cette énième contradiction ruiner son humeur d’aujourd’hui, alors elle chasse ses pensées vagabondes rapidement. Plissant les yeux, elle scrute son visage à la recherche d’un indice mais finit par abandonner avec un rictus. C’est vrai qu’il n’a pas tort, les gens avec la même confiance en eux qu’elle arbore si souvent elle-même, ça ne court pas les rues. Et ça lui plaît, de tomber sur quelqu’un qui a du répondant, pour une fois.
Il semble sincèrement réfléchir à ses interrogations, tandis qu’elle se retrouve à être un peu intéressée. Rare sont les gens ici qui osent jouer aux mêmes jeux qu’elle, et pourtant elle adorerait trouver un ami ou un partenaire de ce genre. Peut-être que ça finirait mal, peut-être pas. Comme ses traits, son nom lui parle vaguement mais elle ne saurait mettre le doigt dessus. Tant pis, elle sourit de toutes ses dents et continue à suivre la danse. « Sól Henriksen. La seule, la vraie. Enchantée également. » Que ce soit sa notoriété dans la ville ou sur les réseaux sociaux, elle passe rarement inaperçue dans les endroits bondés. Pas qu’elle soit une superstar à devoir porter des lunettes de soleil pour ne pas se faire reconnaître, mais son patronyme a fait son petit chemin dans les journaux et sur internet.
Levant un sourcil, elle hoche doucement la tête. Du sport ? Hormis sa séance hebdomadaire au gymnase, on ne peut pas dire que ça soit vraiment son truc. Les fêtes, ça c’est possible. Et s’il est également un habitant de longue date de sa ville adorée, alors ça l’est encore plus. « Et bien… j’ai grandi ici et je mets un point d’honneur à participer à tous les rassemblements que la ville organise. Alors l’un ou l’autre, j’imagine qu’on doit forcément s’être croisés un jour. » Songeuse, elle finit par hausser les épaules à nouveau. Ce n’est pas important, pas pour le moment. A moins que ça ne soit un ami d’Heidi, ce qui serait fort étonnant, il n’y a que peu de chances qu’elle soit en danger immédiat. « Mais je commence à regretter de ne pas m’en être souvenue plus que ça. » Avec un petit sourire en coin, elle avance légèrement tandis que la file du stand de crêpes se fait moins dense et l’entraîne avec elle. « Alors dites-moi tout. Qu’est-ce qui vous rend unique, Ulrich ? »

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

God jul !

Intrigue

Quelle plaie. Terminer le boulot et devoir faire des courses à Bergen me force à passer par Bergenhus, et je soupire déjà en entendant les musiques et les acclamations de la foule. Vivement que les fêtes soient passées, histoire que cet enthousiasme forcé disparaisse aussi vite qu’il est arrivé. Quoi que. On est à Bergen, les gens ont l’air de croire que tout peut être possible ici, même si c’est un côté naïf que j’ai appris à apprécier, en restant ici depuis plus d’un an. En revanche, pour me faire venir de mon plein gré sur un marché de Noël, non, il ne faut pas passer. C’est plus facile d’avouer à voix haute que je n’aime pas les fêtes, ça l’est moins d’expliquer que c’est tout simplement parce que ma famille me manque, et que cette période ravive des souvenirs douloureux.

Je fais de mon mieux pour que personne ne prête attention à moi, et je crois jusqu’au dernier moment que c’est le cas, quand j’en viens presque au bout du marché pour rentrer chez moi. Seulement, regarder mes pieds ne me permet pas franchement de savoir où je vais ; or, quand l’impact arrive, c’est plus facile de blâmer l’autre personne. Une petite exclamation m’échappe, puis arrive une sensation désagréable, humide. Je baisse les yeux pour découvrir une tache rougeâtre contre mon pull blanc, et je pousse un soupir résigné. « – Vous ne pouvez pas regarder où vous allez ?  »

Quand je relève les yeux vers la personne incriminée, je découvre d’abord qu’elle a chuté, mais surtout qu’il s’agit de @Stella Hernandez. Et merde. Si au début, j’aimais l’embêter, je me suis demandée depuis son départ précipité de la croisière si j’en avais été la raison – et cette idée ne me plaisait pas vraiment, ça ressemblait trop à la Ana d’avant. « – Fais attention. Est-ce que ça va ? » Je demande, tendant malgré tout ma main vers elle pour l'aider à se redresser.

— De la bizarre tension entre nous quand ses doigts effleurent les miens sans jamais les toucher vraiment à l’angoisse qui me tord les tripes, tout me force à garder les pieds sur terre. Interrompu dans mes regards frénétiques, je lui propose d’aller manger un bout pour me changer les idées. Je souris doucement quand il me parle de churros, surpris que ce soit ce qu’il veuille manger. « Ça ne devrait pas être trop difficile à trouver. » Après tout, pourquoi pas. J’ai rarement envie de sucrerie, mais c’est certainement la période qui m’encourage.
Assis à une table l’un en face de l’autre, on vient rapidement nous demander notre commande. Je le laisse faire en premier, amusé par le fait qu’il parle en anglais au milieu du marché de Noël de Bergen. Devant le visage confus de la serveuse, je peine à retenir un rictus gentiment moqueur. Et quand il m’appelle à la rescousse, je hoche la tête en essayant de ne pas trop montrer mon attendrissement passager. Une fois qu’elle part chercher nos chocolats chauds et nos assiettes, je m’accoude à la table et pose mon menton dans la paume de ma main. « Qu’est-ce que tu ferais sans moi ? » Prenant quelques secondes pour observer sa grimace et puis son sourire en coin, j’ai du mal à me rendre compte que je suis là avec lui – et qu’il ne m’a fallu que de ça pour oublier pendant une demi-seconde le regard des autres.
Après quelques minutes, je soupire légèrement et baisse les yeux. A force de ne rien dire, je pense à d’autres choses. Comme par exemple ce que j’ai appris cet été, sur la croisière. Ça fait pourtant déjà quelques mois, comment est-ce que ça peut encore m’obséder ? « Paco… ? » D’une voix incertaine, je ne m’entends presque pas souffler son nom. Et quand je réalise qu’il va se poser des questions, je dois réfléchir à ce que je vais lui dire. « Je suis désolé de… t’avoir demandé tous les jours si ça se passait bien tes études et des examens. » Une moue déçue sur le visage, je détourne le regard encore une fois. Je ne sais pas comment j’ai pu être aussi stupide à ne pas remarquer pendant des mois qu’il n’allait plus à l’université, mais je m’en veux encore de n’avoir rien compris.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

God jul !

Intrigue

D’ordinaire, une telle période de l’année et son fameux marché me met de bonne humeur ; et ça aurait encore dû être le cas cette année. Il n’y avait aucune ombre jusqu’à plusieurs jours de cela, mais ma dernière rencontre avec Sól a un peu entaché mon enthousiasme. Je ne comprends pas d’où peut venir son animosité envers moi. Je pensais qu’on commençait à passer progressivement à autre chose, d’autant plus après nos moments ensemble durant la croisière, mais voilà qu’on retombe dans nos anciens démons. Et puis, je ne comprends pas non plus pourquoi elle m’en veut. Elle m’en a bien brossé une idée, mais ça ne peut pas être plus faux que ça.

À vrai dire, je n’ai même pas eu le temps de faire de nouvelles rencontres depuis quelques mois, alors je ne vois pas comment j’aurais pu me rapprocher du garçon qui l’intéressait. Et puis surtout, je ne l’aurais jamais fait en sachant que Sól était déjà intéressée. Surtout en connaissant notre passé, à toutes les deux. Je pense que c’est ce qui me blesse le plus : le fait qu’elle soit certaine que je sois capable d’une telle chose, en fin de compte. J’ignore qui a pu lui mettre cette idée en tête, ou si elle se convainc de cette version toute seule, mais je pensais finir l’année dans un meilleur état d’esprit.

Alors, même si je suis venue ici pour essayer de me changer les idées, j’écarquille les yeux en reconnaissant très bien cette chevelure blonde un peu plus loin. Ni une ni deux, je me retranche près de l’un des stands en un soupir, espérant qu’elle ne m’ait pas vu, et je sors mon téléphone pour retrouver plus facilement le Scooby Gang parmi cette foule.

— Encore dépitée par ta chute et la perte de ton verre, tu ne réalises pas tout de suite que quelqu’un a été pris dans ton malheureux accident. Tu lèves les yeux vers la voix désagréablement familière qui t’interpelle et ton air de chien battu revient au galop. Et bien, il faut croire que tout le monde n’est pas habité par l’esprit des fêtes. Ta bonne humeur envolée en un claquement de doigts, tu récupères ton verre en carton d’un geste mesuré. Non seulement, tu es par terre dans le froid et ta boisson est fichue, mais en plus tu te retrouves face à la seule personne que tu n’avais vraiment pas envie de voir. Pas que tu détestes Anastasia, mais tu l’as soigneusement évitée depuis la croisière et c’est clairement pour le mieux vu sa réaction en ce moment. Quand elle semble te reconnaître, tu te renfrognes subitement. « Désolée, j’avais pas prévu de te tomber dessus. » Détournant les yeux, tu prends appui sur le sol pour te relever – ignorant au passage l’hypocrite main tendue vers toi. Ce n’est pas dans tes habitudes d’être rancunière mais tu aimerais, pour une fois, ne pas passer pour la bonne poire de service que tu es pourtant si souvent. « C’est bon, j’ai rien. » Esquissant un mouvement pour t’éloigner et fuir cette conversation le plus vite possible, tu es soudain arrêtée par la douleur aiguë qui se plante dans ta jambe et t’arrache une grimace. Super, c’était bien le moment pour s’écorcher les genoux sur le verglas.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

— Il ne fait aucune remarque sur son sens de la célébrité et du grandiose, mais elle espère quand même avoir fait son petit effet. Il fait le mystérieux et l’inaccessible, alors elle penche légèrement la tête sur le côté pour le regarder du coin de l’œil avec un rictus moqueur. « Déjà en train de planifier notre prochaine rencontre ? » Si elle s’était vue dans une situation pareille, elle se serait probablement mis une bonne paire de gifles. Se jeter sur le premier venu – aussi satisfaisante cette conversation soit-elle – juste après une déception de cette ampleur, c’est probablement la pire idée qu’elle n’ait jamais eue. Mais si elle en est consciente… elle ne risque rien, si ? Un peu surprise qu’il commande une crêpe au sucre et à la chantilly en même temps, elle esquisse un sourire amusé en s’adressant directement à la personne en charge du stand. « Chocolat, bien entendu. » A quoi bon se forcer à faire du sport une fois par semaine si ce n’est pas pour s’autoriser un peu plus d’écarts que d’habitude ? Surtout quand apparemment, on se fait inviter. Soudain portée par le moment et prise d’une envie de jouer avec le feu, elle se tourne légèrement vers son nouveau compagnon. « Tu sais quoi, Ulrich ? Peut-être que tu as raison. » Et puis, elle s’empare de sa crêpe et mord dedans sans attendre qu’il n’ait payé quoi que ce soit. Faire planer le suspens, ça a toujours été son truc.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

God jul !

Intrigue

Je ne m’attendais pas à recroiser Stella de si tôt, mais sa réaction ne me surprend pas vraiment. Constatant qu’elle ignore délibérément ma main, je la ramène alors près de mon corps en haussant les épaules. Qu’elle ne se hasarde pas un beau jour à dire que je n’ai jamais été aimable à son égard, sinon, je me ferais un plaisir de lui rappeler cet épisode. Je sais bien que nous ne sommes pas les meilleures amies du monde, mais se retrouver les fesses plantées dans la neige, c’est loin d’être agréable. Pourtant, je ne cherche pas à faire d’esclandre. Il y a suffisamment de monde autour de nous pour créer un scandale pourtant, mais nous sommes en fin de journée et je n’en ai pas le courage, pressée de retrouver mon douillet chez moi.

Je commente pour moi-même, un peu blasée. Qu’on ne dise pas que je n’ai pas fait d’efforts après ça ! D’ailleurs je m’apprêterais bien à reprendre ma route moi aussi, si seulement Stella ne s’était pas arrêtée pile sur mon chemin, signe que sa chute l’a peut-être blessée. Je retrousse alors ma lèvre avant de pousser un soupir résigné. « – Tu n’en fais encore qu’à ta tête, ou tu acceptes que je demande s’ils ont de quoi soigner ça dans un de ces trucs ? » Avec tous les chalets alentours ou les personnes présentes ici, je pense qu’au moins l’une d’elle doit avoir de quoi faire un bandage sur lui.

— Avec son visage aussi proche du mien, je vacille un instant en m’imaginant qu’il va m’embrasser – là, devant tout le monde. Pendant une seconde, il me semble que le temps s’arrête avant qu’il ne se recule. Est-ce que je devrais le faire, moi ? M’approcher de lui, lui prouver que je peux le faire ? J’étouffe un soupir discret, trop heureux qu’il reprenne la parole. « Bien sûr. » Je hoche la tête avec un sourire amusé et lève un sourcil, persuadé qu’il préfère quand même quand je suis son traducteur plutôt que quand c’est son téléphone qui s’en charge.
Alors que je prends mon courage à deux mains pour aborder le sujet qui me trotte dans la tête depuis des mois, il a l’air surpris. On ne peut pas dire que ce soit le bon moment ni le bon endroit, mais puisque c’est maintenant que j’arrive à me décider… Autant y aller. Je me doute qu’il n’a pas franchement envie d’en reparler – surtout s’il a évité le sujet si longtemps – mais son ton est encore plus sévère que je ne l’aurais imaginé. Alors, il m’en veut vraiment ? Je tique un peu, incapable de comprendre à quoi il pense ni où il veut en venir. Et puis, sa gêne devient visible et j’ouvre un peu plus grand les yeux. « T’es pas nul ! » Les joues un peu rougies par le fait d’avoir légèrement haussé le ton, je me renfrogne. « Enfin, je veux dire, t’es genre… cool, très cool. » Je hoche doucement la tête comme pour appuyer mes propres propos – d’une éloquence sans pareille, ça c’est sûr. Ne jamais savoir quoi dire, c'est un talent qui se cultive depuis des années chez moi. Je détourne les yeux, partageant sa honte pour une autre raison, jouant avec mes doigts comme pour espérer retrouver une contenance. « C’est juste que… je me sens stupide d’avoir rien remarqué. J’aurais du, je sais pas, faire plus attention à toi ? » Avec une petite grimace sur le visage, je ressasse les événements qui ont rythmé toute cette fin d’année scolaire qu’il a laissée de côté. Il s’est passé tout un tas de choses, j’ai fait ce que je croyais être le mieux mais on dirait que ce n’était pas suffisant.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey

— Même si je reste embarrassé par ce que je lui ai dit sans réfléchir, il n’a pas l’air de m’en tenir rigueur. Je suppose que maintenant, il est habitué à ma manière de perdre mes moyens quand je dois m’exprimer. Haussant les sourcils, je suis un peu pris de court quand il me demande comment j’aurais fait pour faire plus attention à lui. Le temps que j’y réfléchisse, il me devance en évoquant son ex. Une ride soucieuse se forme sur mon front et j’esquisse une grimace. « Non, pas comme ça. » Secouant la tête de droite à gauche, je chasse cette idée et le goût amer que cette fille me laisse en bouche à chaque fois qu’on parle d’elle. Je soupire doucement, incertain. J’ai conscience que je ne peux pas le forcer à parler s’il ne veut pas, et que ça n’arrangerait rien d’apprendre les choses autrement que par lui quand il l’aura décidé. Je sais que moi, je détesterais qu’il me pousse sur tel ou tel sujet. « Je sais pas… J’aimerais être quelqu’un à qui tu peux parler de ce genre de choses sans… craindre quoi que ce soit ou avoir honte. » Peut-être que c’était le timing, ou autre. Peut-être que je ne me suis pas comporté comme j’aurais du, et pourtant je fais tout ce que je peux pour… pour ne pas être elle. Je dois être meilleur, mais je nage dans un océan d’incertitudes et d’inconnu. « Mais t’as pas à tout me dire si tu veux pas. Je veux seulement que tu saches que tu peux. » Reposant les yeux sur lui, je me mords l’intérieur des joues sans savoir si j’ai dit ce qu’il fallait, une fois encore mal à l'aise d'avoir à parler à cœur ouvert.

design ϟ vocivus // icons ϟ hedgekey