(EVENT) Bienvenue aux étudiants

Première intrigue

On l'a vraiment fait, partir pour l'inconnu sans trop se soucier de ce qui nous attend. Personnellement, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de partir seul dans cette aventure, même si les choses étaient devenues assez intenables à Paris. J’avais besoin de changer d’air, mais j’avais aussi besoin de le faire tout en étant rassuré. C’est pourquoi j’ai dû remercier Paco au moins une bonne dizaine de fois quand il a accepté de m’accompagner. Le deal, c’est de ne pas le forcer à rester une année de plus si ça ne lui plaît pas. J’ai accepté, même si je me doute quand même qu’il va rester au moins jusqu’à la fin de nos études. Qui ne le ferait pas ? On va étudier dans un cadre magnifique, loin de nos problèmes, avec différentes coutumes et mentalités. Ça va nous faire le plus grand bien.

Quittant notre chambre étudiante pour se rendre au discours de la maire, je me demande bien ce qu’elle va nous annoncer. Et mes questions trouvent rapidement leurs réponses au fur et à mesure de son discours. J’écarquille un peu mes yeux en l’entendant, d’ailleurs. Un été entier d’intégration ? Moi qui pensais que nous avions seulement été convoqués pour visiter quelques jours, et ensuite repartir chez nous. C’est génial. Je compte bien rendre visite à mes parents à plusieurs reprises cet été, mais je vais passer le plus clair de mon temps estival ici, c’est sûr et certain. « – Un été entier avec moi ! Avoue que t’es ravi. » Je frappe le torse de mon meilleur ami d’un air joueur, avant de me concentrer à nouveau sur le discours de l’édile.

Quand celui-ci est terminé, j’applaudis en même temps que les autres, alors que mon regard s’attarde sur tous les stands et animations mis en place pour nous accueillir. « – Je vais aller nous chercher à boire. Tu veux quoi ? » Je demande dans le vide, et quand je n'entends pas la voix de Paco me répondre, je fronce les sourcils avant de me retourner pour... Ne faire face à personne. Est-ce que je l'ai déjà perdu ? Il me faut quelques secondes pour le retrouver : il est déjà en train de parler à une poignée d’étudiants et d’étudiantes. Évidemment. Soit il prévoit la prochaine grosse fête à notre résidence, soit il commence déjà à draguer tout ce qui bouge. Dans tous les cas, c’est du Paco tout craché. Secouant la tête avec un mince sourire, je m’avance alors seul vers le stand de boissons, décidant de le laisser s’amuser pour le moment.

Première intrigue

Je me sens un peu perdu dans cette foule d'étudiants. De là où je suis, j'entends plusieurs langages, signe que nous n'avons pas été les seuls à se laisser séduire à ce projet, quitte à partir de notre pays pour un temps histoire de voir ce qui se passe ici. Et ça me rassure un peu, je me dis qu'il y a sans doute quelques personnes qui se sentent comme moi à cet instant précis. J'ai tout de même la chance de ne pas être seul, or c'est peut-être le cas de certains. Bon, mon meilleur ami m'a abandonné parce qu'il a peut-être vu une occasion de lancer une grande fête, mais je ne lui en veux pas, au contraire, ça m'amuse, même. C'est dans son caractère, il est de loin le plus sociable de nous deux. Je ne serais même pas étonné qu'il reparte de ce premier rendez-vous avec quelques numéros en poche.

En attendant, je m'avance quand même vers le bar, tout en jetant quelques regards autour de moi. Ce village a l'air grand pour une petite ville comme Fredelig. C'est à la fois réjouissant et angoissant ; j'ai l'impression qu'on mise beaucoup sur les étudiants et les futures générations ici, ce qui est logique, mais ça ajoute aussi pas mal de pression. Heureusement qu'on a encore tout un été pour se familiariser avec les lieux, ça enlèvera un stress. Quand c'est mon tour de commander, je demande deux jus avec un anglais approximatif. Je remercie la personne derrière le bar en norvégien, en souriant, quand même fier de moi. D'accord, dire "takk" c'est vraiment un tout petit début, mais il faut bien commencer quelque part, n'est-ce pas ? J'imagine déjà de là Paco râler en voyant que je ne lui ramène pas une bière, mais eh, s'il en voulait une il aurait dû remuer ses fesses pour y aller lui-même.

J'ai un peu de mal à me frayer un chemin parmi la foule, et pile au moment où je pense que je m'en sors plutôt bien, je me fais bousculer. Je ne comprends pas trop ce qui se passe, jusqu'à sentir que les manches de mon sweat sont devenues tout à coup humides ; un liquide orange coule le long de mes bras et je fais une petite moue en me disant que je vais sûrement avoir froid, maintenant. Si c'était Paco, il se serait sans doute emporté en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, mais pas moi. Il est le plus sanguin des deux. Moi... Bien sûr que ça m'embête, mais ce n'est que du jus. Pas la fin du monde. Et puis, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Je ne veux pas qu'on se souvienne de moi comme le garçon qui a provoqué une bagarre dès le premier jour. Je sais comment est Paco dès qu'on me fait le moindre tord, ça devient un pitbull. Inutile de faire une scène dès le début. « – Fais chier. » Je murmure quand même, à voix basse, mais mon attention est bien vite attirée par autre chose.

Une jeune fille qui vient s'excuser, mais qui le fait surtout en français. Je relève alors les yeux vers elle et je secoue la tête avec un petit sourire. Je comprends bien vite qu'elle n'est pas responsable, puisqu'elle aussi a reçu un peu de breuvage. « – C'est pas grave... ça va sécher. » Je lui réponds aussi en français, puis je pouffe de rire, peu convaincu, et j'empile mes deux verres vides. « – Tu es Française ? Je savais bien qu'on ne serait pas les seuls à débarquer ici. » Je lui confie avec un petit sourire, et je secoue ma main libre pour la faire sécher, sans succès, avant de lui tendre avec une petite grimace.  « – Je m'appelle Bastien. La politesse voudrait qu'on se serre la main, mais j'ai un peu peur qu'on reste collés avec tout ce sucre. » Je déclare avec un petit sourire, d'un ton plus léger.