Illyana Martin ~ une volonté de fer dans une blouse de velours

La vie d’Illyana avait pourtant bien commencé, couvée par une mère aimante et un grand frère plus dévoué encore. Certes, cette situation n’avait pas duré. Maman était partie, alors qu’Illyana était encore bien trop bébé pour comprendre le concept de violence conjugale. Leur mère n’avait plus jamais donné signe de vie. Mais Tim s’était occupé d’elle, jouant avec elle à la poupée et la protégeant des coups de leur père.

Mais ça c’était jusqu’au jour où leur père essaya de faire… plus. Jusqu’au jour où, au lieu de la frapper, il décida de la violer. Comme d’habitude Tim était là pour la sauver mais, cette fois, il l’avait payé plus cher qu’un poing dans la figure. Dans le feu de l’action, Illyana avait juste vu un couteau, une mare de sang puis la police… qui lui avait enlevée son grand frère adoré. Dix ans de prison. Pas de droit aux visites, paraît-il qu’elle était trop jeune. Quelques coups de fil par an, des lettres surveillées d’un côté par la prison et de l’autre par la famille d’accueil.

Car Illyana avait, bien sûr, été placée en famille d’accueil. Les Bevilacqua, ses parents adoptifs, étaient aimants avec elle, mais ils étaient aussi très stricts. Le travail était la première des valeurs, aussi Illyana devint-elle rapidement première de sa classe. Mise dans une école spéciale pour les enfants surdoués, elle fit son CM1 et son CM2 en une seule année, et l’adolescence ne fit pas faillir sa volonté de fer.

Elle voulait être parfaite, correspondre aux attentes de ses nouveaux parents. Se faire des amis était difficile, bien qu’elle ne fut pas timide. Son histoire d’enfant placée la suivait. De toutes façons ses parents la surveillaient de près et la laissaient à peine sortir, lui interdisant bien sûr d’avoir tout petit-ami (elle ne tenta jamais de leur faire son coming-out bisexuel, considérant que cela ne les regardait pas).

Après le bac, à dix-sept ans, Illyana se lança dans des études de droit, pour défendre les gens comme Tim. Enfin vint le jour qu’elle avait attendu presque toute sa vie : celui de la libération de celui-ci. Mais ses parents refusèrent de la laisser le voir.

Bientôt, son frère l’appela pour lui dire qu’il était en Norvège. Un instant, elle eut peur de ne plus jamais le voir, mais elle s’organisa rapidement : grâce à ses brillants résultats elle fut acceptée en Erasmus pour sa deuxième année de licence. Dès la fin de ses examens, un mois après ses dix-huit ans, elle se rendit à Bergen pour les retrouvailles tant attendues.