Make it like my birthday everyday

|	Make it like my birthday everyday ; ft. Tout le monde

— A l’écart avec lui, je lui souris doucement. C’est vrai, si je ne m’amuse pas je risque de ternir sa soirée ; et alors, ce n’était pas la peine pour moi de venir si c’était pour ça. « J’essaye, je te promets. » Je fronce un peu le nez, parce que m’intégrer dans ce genre de soirées sans boire une goutte d’alcool ne va clairement pas être une mince affaire. Sa main dans la mienne se fait plus présente quand il m’embrasse et je me laisse à aller à son baiser comme s’il n’y avait plus que nous ici. Amusé par le sourire qu’il m’offre alors qu’il s’éloigne, je lâche un soupir avec un rictus au coin des lèvres en comprenant vers quoi, ou plutôt qui, il se dirige. « Tombe pas amoureux d’elles. » Malgré la fausse assurance que j’affiche, ce serait mentir de dire que je n’aurais pas aimé être à leur place. Je détourne pudiquement les yeux ; sans pouvoir l’empêcher de s’amuser après l’avoir poussé à le faire, je ne tiens quand même pas à en être témoin plus que nécessaire. Dans mon élan pour boire encore une gorgée de ma boisson, je remarque avec un temps de retard que mon verre est déjà vide. En direction de la table avec toutes les bouteilles, je me questionne sur la suite de la soirée. Alors, alcool ou pas alcool ?

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— Le regard perdu dans les bouteilles, je sens une moue perplexe se former sur mon visage tandis que je pèse silencieusement le pour et le contre. C’est sûr que boire de l’alcool me faciliterait cette soirée en moins de cinq minutes, mais je ne suis vraiment pas certain d’avoir envie d’assumer les conséquences le lendemain – et ce, même si je vais dormir chez Paco. Soudain, la voix d’Ana m’arrache un sursaut et me tire de mes pensées au passage. A vrai dire, j’étais tellement concentré que je ne l’avais même pas remarquée. Je secoue la tête doucement comme pour me remettre les idées en place et lui offre un petit sourire crispé. « Euh… Ah, ouais. » Le bras tendu pour récupérer un verre sans même avoir choisi mon poison, je me racle la gorge et m’applique à éviter de la regarder dans les yeux. « Ouais, ça va… ça va mieux entre nous. » D’un coup d’oeil furtif, je peux voir de l’autre côté Bastien s’enfoncer dans sa gêne, d’autres scènes pas moins amusantes et surtout Paco vivre sa meilleure vie entre les deux strip-teaseuses. Les joues rougies avec l’impression d’avoir interrompu quelque chose, je me dépêche de détourner les yeux et de m’emparer de la première bouteille qui me passe sous la main avec une précipitation un peu louche. « Je te ressers ? » Je désigne son verre avec un vague geste du menton, une stratégie comme une autre pour changer de sujet. C’est bizarre, parce qu’elle et moi on est voisin mais on ne se connaît pas vraiment – pour l’instant. Je sais qu’elle a couché avec lui, peut-être que c’est encore le cas, mais nos relations sont bizarrement cordiales et je n’arrive même pas à me dire qu’elle pourrait être une ennemie pour moi.

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— Heureusement, Ana n’a pas l’air de vouloir en savoir plus malgré ma gêne évidente. Ou alors, elle le cache bien. Dans tous les cas, je lui suis silencieusement reconnaissant de ne pas le faire remarquer ; je crois que ça m’aurait enfoncé plus bas que terre et qu’il aurait été difficile de me sortir de là. Je hoche la tête avec un sourire un peu forcé et verse le contenu de la bouteille que j’ai prise au hasard dans son verre, presque à ras bord. Quant à moi, j’opte pour la sagesse encore une fois et me contente de quelque chose qui n’a pas l’air de contenir de l’alcool. Si je peux éviter les bêtises ce soir, tout le monde s’en portera mieux.
Je trinque avec elle poliment avant de voir Paco congédier les strip-teaseurs. Honnêtement, ça me rassure qu’ils et elles ne restent pas plus longtemps ; j’avais l’impression de n’avoir nulle part où poser les yeux et ça commençait à devenir étouffant – et je crois que je ne suis pas le seul à penser ça. Et quand enfin, on se retrouve en petit comité, j’observe sagement mon amoureux ramener tous ses cadeaux avec un sourire amusé aux lèvres. Est-ce que je devrais amener le mien et le sortir de mon sac maintenant ? Non, non c’est une mauvaise idée. Même si personne ne voit ce que j’ai scotché en dessous, le simple fait de lui offrir une bombe de peinture pourrait compromettre ses activités nocturnes – et je ne sais pas dans quelle mesure les autres sont au courant de son hobby peu commun. Pas besoin de prendre de risques inutiles, j’aurais tout le temps dont j’ai besoin plus tard pour le lui offrir en tête à tête, c’est entre lui et moi.
En retrait par rapport à ceux qui s’agitent pour que leur cadeau soit ouvert en premier, je regarde tour à tour les gens encore présents en attendant à ce que l’un d’eux se décide à blaguer ou à exiger que son cadeau soit ouvert en premier. Et visiblement, c’est ma voisine qui se lance – je ne l’aurais pas imaginée du genre à faire des cadeaux sérieux, mais pourquoi pas.

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— Après que les strip-teaseurs soient partis, il ne reste plus qu’un petit comité dont j’ai la désagréable impression de ne pas trop faire partie. Tout le monde dit quelques mots en offrant son cadeau, et je commence à penser que ça va se voir si je n’apporte pas le mien – mais c’est un gros risque que je ne prendrais pas. Tant pis, peut-être que je pourrais le lui donner quand tout le monde ira dormir. Sinon, ça attendra demain matin. Avec plus ou moins d’émotions, plus ou moins de méfiance, Paco finit par tous les récupérer et ça semble signer la fin de la soirée comme elle l’est maintenant.
Un peu incrédule quand il reprend la parole, il y a un moment de flottement dans ma tête quand j’assimile ce qu’il vient d’annoncer. « On va tous… quoi ? » J’avale ma salive difficilement avant de me reprendre. Hors de question de jouer les rabats-joies, pas maintenant. Et ce, même si ça veut dire que je vais devoir me taper la vision d’horreur d’Axl à poil. « Non, rien. » Je me renfrogne un peu, gardant mes doutes pour moi. Et puis, je me fais devancer par Ana qui décrète déjà sienne la salle de bain. Dans la précipitation, je comprends que si je ne veux pas me déshabiller devant tout le monde il faut que j’intervienne aussi. « Je vais dans l’autre chambre. » J’attrape mon sac au vol et m’empresse de sortir de là. Tout seul dans la seconde pièce que j’oublie de verrouiller, j’observe avec une moue critique le cadeau encore emballé dans mes affaires. Je crois qu’il n’y aura pas de bon moment pour ça.

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— Tout seul dans la chambre d’à côté, je prends une longue inspiration avant de me changer. Un sweat sombre et trop large en guide de haut, et un jogging noir en guise de bas, je m’empare de mon sac avant de retourner voir les autres. Le cadeau de Paco toujours dedans, je ne sais pas quand j’aurais l’occasion de lui donner maintenant que je sais qu’on va apparemment tous dormir ensemble. Je soupire et sors de la pièce, résigné.
Et la première chose que je vois en sortant c’est la paire de fesses d’Axl, évidemment. « Oh, sérieusement ! » Et encore, j’ai de la chance parce qu’il est en slip et pas à poil. Une main devant les yeux, je grimace et me dirige vers les lits après le reste du groupe. Je lève les yeux au ciel et me contente de détourner le regard, un peu incertain quant à la suite des événements. Je suis les conversations à propos de tatouage et de qui dort avec qui d’une oreille distraite – mais j’espère quand même discrètement pouvoir être à côté de mon amoureux. En le voyant déjà installé, je fais de mon mieux pour le rejoindre en ayant l’air de faire ça naturellement.
Interrompu par l’entrée fracassante de la nouvelle arrivée, j’observe la scène avec de grands yeux ronds sans trop savoir quoi faire. Il me semble l’avoir vue au bal de fin d’année organisé par la maire, mais je ne la connais pas plus que ça et j'avais bien trop bu de toute façon. Ils ont l’air proches, vu comment elle s’est jetée sur lui, et elle n’est pas venue pour plaisanter – elle a de l’alcool à la main et la ferme envie de s’amuser si j’en crois son expression. « Euh… salut. » A voix basse, je m’assois sagement à côté de Paco en saluant Abby au passage. La voisine a l’air plus que ravie de la bouteille supplémentaire, et je commence à regretter de n’avoir rien avalé qui puisse me faire perdre mes inhibitions.

Après un petit moment de flottement, la voix d’Ana s’élève à nouveau et ça n’annonce rien de bon. Pris sur le fait quand elle pose son dévolu sur moi, je me crispe un peu et lui adresse un sourire désolé. Raconter des histoires ? On ne peut pas dire que ça soit mon point fort. « Ah, euh… c’est que, j’en connais pas trop. » Cherchant quelque chose à quoi me raccrocher dans la pièce, je soupire discrètement avant de rendre les armes. Je ne pourrais pas éternellement esquiver la moindre conversation ou interaction sociale, si ? « Mais bon, je peux essayer. » Et puis, cette image de rabat-joie qui me colle à la peau ne m’aide pas franchement non plus, alors autant prendre sur moi. Je sens la pression qui monte un peu alors que les regards sont posés sur moi, et prends une longue inspiration comme pour me donner du courage. « Alors, euh… c’est une femme qui a l’auriculaire paralysé. » Je montre mon propre petit doigt à l’auditoire, une façon dérisoire de camoufler ma gêne ou de me sentir plus à l’aise. « Alors elle va voir une sorcière, pour savoir ce qui ne va pas et comment régler le problème. Et la sorcière lui offre un anneau très brillant qu’elle devra porter en permanence, mais elle la met aussi en garde. Les paralysies de ce genre surviennent chez les gens qui ont des sales manies. La femme répond qu’elle ne comprend pas, qu’elle n’en a pas et que tout va bien pour elle parce qu’elle a un super petit-ami et qu’elle travaille chez elle. Donc elle part avec l’anneau, et quelques jours plus tard, son bras commence à être engourdi. Et euh… elle va voir une amie, elle lui parle de sa promotion à la mairie et de son mari qui est médecin. » La tête penchée sur le côté, j’essaye de rester concentré sur la direction de l’histoire, mais je ne suis pas certain d’être aussi passionnant que je pourrais l’être. « Et quand elle va pour rentrer chez elle, elle remarque que l’anneau est un peu terne et qu’elle ne peut plus bouger son coude. Alors elle pense que la sorcière s’est foutue d’elle, donc elle retourne la voir. La sorcière examine l’anneau et le bras, et elle répète juste qu’il ne faut surtout pas l’enlever et réfléchir à ce qui aurait pu causer la paralysie. » Une petite moue sur le visage, je continue en sentant le ton de ma voix s’affaiblir. « Les jours passent, et l’engourdissement arrive jusqu’à son épaule, elle a même du mal à mettre l’uniforme du café où elle travaille puisqu’elle vit seule. Ça commence vraiment à la gêner et elle en a marre, alors sur le chemin, elle observe la bague et se rend compte qu’elle est complètement noire. Donc elle essaye de l’essuyer, mais ça marche pas, alors elle la retire. » Je lève un sourcil, pas sûr de moi. Cette histoire commence déjà à tarder et je n’arrive même pas à savoir si j’ai déjà assommé tout le monde avec ou non. « Et là, la bague s’effrite et son corps est entièrement paralysé. Une voiture arrive à pleine vitesse, trop rapidement pour pouvoir l’éviter. » L’avantage, si tout le monde dort déjà, c’est que je pourrais donner mon cadeau à mon amoureux. Mais bon, ce serait quand même mieux si mon essai un peu vain était quand même un minimum apprécié ; juste histoire de ne pas rester dans les annales pour avoir été le gâcheur d’ambiance professionnel. Les yeux un peu vides d’émotions, je conclus avec une petite moue boudeuse. « Et du coup, bah… elle meurt. Voilà, j’ai fini. » En y repensant, l’humour n’est pas mon domaine de prédilection mais une blague ratée aurait peut-être été mieux que cette histoire super bizarre sortie de nulle part. Un peu embarrassé, je n’ose pas vérifier les visages des invités et encore moins celui de Paco. Je me contente de m’excuser avec une voix hésitante en espérant que quelqu’un pourra rattraper l’ambiance – c’est l’avantage de passer en premier, j’imagine. « Désolé, c’était un peu glauque. »