[RP commun] Première soirée au resort

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— Elle a l’air attendrie quand je lui parle de mes chats, et je vais même jusqu’à étouffer un rire en secouant la tête de droite à gauche quand elle appuie ses théories avec un mouvement de sourcil suggestif. « C’est probable ! Même si j’espère que ça arrivera… pas. » Interrompu dans ma discussion avec Heidi par une voix trop familière pour être agréable, je me retiens de grimacer. Je n’ai pas besoin de tourner la tête pour avoir l’air agacé, sa présence est bien trop envahissante même quand il n’est pas dans mon champ de vision. « J’ai pas ton temps, va jouer ailleurs. » Son ton mielleux n’annonce rien de bon, je finis par me résigner à poser mes yeux plein d’un mépris facile à deviner sur lui. Mais brusquement, je réalise qu’il ne l’entend pas de cette oreille quand il tire sur mon bras pour me forcer à le suivre. Protestant tant bien que mal, je grimace en essayant de le faire lâcher prise. « Non mais t’es sérieux ? » Finalement, j’abandonne – il me semble que je me débarrasserais plus vite de lui en le suivant qu’autrement – et adresse un petit regard entendu, bien qu’un peu inquiet, à mon amie encore à table. « Attends-moi, j’en ai pas pour longtemps. » On ne peut pas dire que je compte rester à côté de lui plus que nécessaire.
Une fois à l’écart, je le toise de haut en bas – blasé. Remarquant sans peine sa tête encore plus ahurie qu’en temps normal et ses joues rouges, je lève les yeux au ciel en croisant mes bras contre ma poitrine. « Ça a pas intérêt à être pour une déclaration d’amour parce que t’es vraiment la dernière personne que j’ai envie de voir, là. » Et c’est vrai, moi j’étais juste venu pour profiter du week-end avec Heidi et je me retrouve à subir ses sautes d’humeur encore une fois. Il n’a vraiment personne d’autre à aller embêter ? Je hausse un sourcil perplexe en entendant un flot d’insultes à mon attention sortir de sa bouche qui ne semble vraiment jamais se fermer. Je soupire et détourne le regard – si ce n’était pas lui, j’essayerais au moins de demander ce qui me vaut un nouveau prénom mais le connaissant, c’est probablement juste gratuit. Bizarrement, il a l’air d’avoir une idée en tête et ça n’arrange pas mon incompréhension. Une moue vaguement dégoûtée sur le visage, je peine à me contenir et rester à stoïque tant ses dernières semaines ont été éprouvantes. « C’est quoi ton problème encore ? » Il y a un instant de flottement où je reste hagard, incapable de réagir à ce qu’il me balance au visage. Paco ? Paco. Il ne lui a rien dit, même s’il m’a jeté, il n’aurait pas fait ça. Alors il m’a vraiment vu, le matin où j’ai quitté son appartement ? J'étais dans un sale état, je ne sais pas si c'est mon cœur ou mon orgueil qui accuse le plus. Une lueur de ce qui mélange autant de peur que de doutes doit sûrement se voir dans mes yeux, je fronce un peu les sourcils et relève le menton pour essayer de reprendre une contenance – le ton plus dur et froid qu’il ne peut l’être d’habitude. « C’est vraiment pas tes putains d’affaires, et si tu le répètes à qui que ce soit, ça sera la dernière chose que tu pourras répéter. » A quoi bon prétendre que c’est faux s’il m’a vu, de toute façon je suis déjà grillé. Les traits tendus par la colère qui bout à l’intérieur de moi, je sens ma mâchoire se crisper et la panique m’envahir quand il hausse le ton. Son sourire malsain me met hors de moi, je dois cracher quelque chose entre mes dents pour lui répondre – je ne peux pas le laisser me piétiner gratuitement comme ça. « La ferme ! » Les mains soudainement agrippées au col de sa veste en cuir, je ne me rends pas vraiment compte de ce que je suis en train de faire.

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— Loin d’avoir l’effet sur lequel je comptais, mes menaces lancées sur le fil du rasoir ne font que l’amuser. Et à chaque fois que son sourire s’étire encore, à chaque seconde qui passe, ma colère monte d’un cran comme jamais je n’y ai été confronté. Toujours si sage, toujours dans la retenue, la seule chose qui m’empêche d’exploser maintenant c’est de savoir qu’il y a Heidi et les autres à quelques mètres de moi seulement. Il est trop con pour comprendre ce que je lui dis, il avait juste envie de me casser les couilles et moi je me suis jeté à pieds-joints dans son piège ; ah, c’est sûr qu’il a bien choisi son moment. J’ai mille pensées à la minute, des envies de meurtre au bout des doigts. Son visage me dégoûte autant que ses mimiques et ses jeux débiles, son rire arrive presque déformé jusqu’à mes oreilles. Il me repousse immédiatement quand j’empoigne son col, j’ai la désagréable impression que ça ne va pas s’arrêter là. Et quasiment comme pour me donner raison, j’ai un mouvement de recul quand il s’avance. Le prénom de Paco résonne mal dans sa bouche, on dirait presque une insulte. Je garde les lèvres pincées et je sens la lueur dangereuse que j’ai si souvent vue dans les yeux des autres sans la comprendre naître dans les miens pour la première fois. Il est si proche que je pourrais sentir son haleine ; plus il parle, plus il me répugne. Je reçois ses mots comme un électrochoc, les sourcils froncés et la mâchoire crispée. Vraiment, il serait capable de révéler à toute la salle que je ne suis pas hétérosexuel en ignorant toutes les conséquences que ça aurait pour moi, juste pour me faire chier ? Moi qui pensait que c'était seulement qu’on ne s’entendait pas, en réalité c’est vraiment juste un sombre enfoiré, et que le peu d’estime que j’avais pour lui était décidément bien inconsidéré. La rage jusqu’au bout des ongles, je sens les paumes de mes mains se marquer et mes phalanges blanchir sans avoir à les regarder. C'est devenu viscéral en quelques secondes, j'ai envie de vomir. Je ne le quitte pas des yeux comme si j’avais un reste de fierté mal placée et je lui crache entre mes dents tout le dédain dont je suis capable. « Non seulement t’es complètement stupide mais en plus t’es le pire fils de chien de cette putain de ville. » Et le pire dans tout ça, c’est que c’est de notre rupture dont il a été témoin – et ce n’était pas joli à voir. Il a encore un rire désinvolte, c’est la provocation de trop cette fois. La menace, la situation, le contrôle qui m’échappe. Avant même que je ne puisse m’en rendre compte ou réagir, je sens mon bras bouger tout seul pour aller brusquement écraser mon poing contre le bas de son visage. Je ne sais pas quelle force j’y ai mis, mais j’espère qu’il mangera de la soupe ce soir. C’est un sentiment envahissant de satisfaction qui me submerge, plus que la haine ou la colère, c’est l’envie erratique de faire mal qui domine maintenant. Soudainement agressif, je le regarde de haut et hausse un peu les épaules comme si plus rien n'avait vraiment d'importance. « Bah vas-y pète moi le bras, t’attends quoi ? »

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— De bonne humeur et en bonne compagnie, elle se contente d’approuver avec enthousiasme pour le massage et pour le quartier général. Quand elle évoque la quatrième colocataire, la question des chambres se pose alors elle hoche doucement la tête pour rejoindre April. « Pareil ! J’ai juste laissé mes affaires dans la pièce commune. » Et puis, elle trouve ça plus sympathique de choisir sa chambre en discutant avec les autres puisqu’à priori, elles seront toutes célibataires. Elle étouffe un petit rire aux détails que la brune donne, et fait mine de réfléchir à ses propres habitudes avant de continuer. « Mmh… je prends un peu de temps dans la salle de bain, mais à part ça je devrais être de bonne compagnie aussi. Et je dors jusqu’à tard le matin ! » Elle conclut avec un sourire franc, levant son verre un petit peu pour en boire une gorgée. « Je ne connais pas vraiment la dernière mais je suis sûre qu’on va bien s’entendre. » En réalité, rien n’est moins sûr. Elle a juste l’air un peu plus discrète, mais selon April, elle ne devrait pas tarder alors elles en sauront bientôt plus. « Mais peut-être qu'on sera encore rejointes par deux autres personnes ! »
Alors qu’elle s’apprête à s’emparer de sa fourchette pour goûter ce fameux repas qu’on vient de lui servir, un peu d’agitation se fait entendre non loin d’elles. Intriguée, elle lève la tête pour savoir d’où ça vient, s’il se passe quelque chose d’intéressant. Elle fronce un peu les sourcils en s’apercevant que ça se passe près d’Heidi mais ne dit rien à ce sujet. Une moue perplexe sur le visage, elle plisse les yeux et se contorsionne pour mieux voir le spectacle qui se prépare – elle reconnaît une tempête en formation quand elle en voit une. En plus, elle est presque sûre que ce gars est le même que celui qui c’était fait méchamment jeter au bal de fin d’année. « Oh non, pas encore. » Bien que ses sens soient en éveil et son attention toute accaparée par la scène, elle ne se prive pas de commentaires en voyant le garçon en emmener un autre un peu à l’écart. « Ils sont sérieux ? » Elle roule sévèrement des yeux en soupirant quand elle se rend compte que le ton monte. Levant les mains comme pour prouver qu'elle jette l'éponge, elle hoche la tête de droite à gauche en signe de résignation. « Moi, je ne bouge pas cette fois. Ils se débrouillent, les dopés à la testostérone. » Elle aime les embrouilles, mais cette fois, hors de question de s’en mêler. Elle ne sera qu’humble voyeuse des coups qui pleuvront ce soir, le ton agacé malgré le rictus au coin de ses lèvres. Le petit doigt presque en l'air, elle entreprend de prendre une bouchée délicieuse de son repas.

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— Elle esquisse un sourire en coin, amusé par l’échange entre ses deux colocataires quand il s’agit d’interférer dans le couple des autres. Elle est toujours partante quand il s’agit de se mêler de ce qui ne la regarde pas, juger et commenter leurs moindres faits et gestes, mais elle n’est pas certaine de vouloir s’impliquer à ce point là ; alors elle se tait, se contente d’apprécier l’atmosphère chaotique qui se dessine autre d’elle. Il y a comme une petite gêne qui flotte autour de Lysandre quand celle-ci évoque sa façon de dormir, elle fait un peu la moue sans savoir d’où ça vient – mais elle suppose que le besoin d’intimité, ça ne se discute pas. Elle sourit à la remarque d’April et repose les yeux sur la fille aux cheveux roses avec un air presque affable. « Oh ne t’en fais pas, je suis sûre que ça se passera très bien, peu importe avec qui tu finis par partager ta chambre. » Elle ne sait pas qui elle essaye de rassurer : elle-même, ou les autres ?
Leur attention captée par la bagarre non loin de là, elle lève un peu un sourcil à la question de Lysandre. C’est vrai, elle ne l’avait jamais vue avant alors elle a du avoir la chance de ne pas assister à ce désastre de soirée. A côté, April a l’air inquiète plus que de raison mais commence les explications pour mettre la troisième au courant. Elle soupire, déjà agacée par la suite. « Mh, en plus ils étaient alcoolisés alors c’était ridicule. » Et puis, elle fronce les sourcils doucement en observant la scène plus attentivement. Est-ce que ce ne serait pas le mec d’Heidi qui est en train de se battre ? L’air un peu plus sombre, préoccupé, elle pose bruyamment sa fourchette à côté de son assiette et abandonne son repas. « Je reviens dans deux minutes. » Levée promptement, elle rassure ses colocataires avec un sourire ; elle n’a pas l’intention de s’en mêler, pas vraiment. Mais quand même, elle fait le tour de la salle et vient s’asseoir à côté de Heidi qui a l’air prise au dépourvu devant un tel spectacle. Les bras croisés contre sa poitrine, elle fait mine de ne pas la regarder et garde les yeux bien accrochés aux coups qui s’échangent à quelques mètres de là – d’ailleurs, elle est surprise de voir que la seule qui essaye d’intervenir est la fameuse quatrième colocataire. Le ton autoritaire comme toujours, elle fait un peu la moue avant sa déclaration. « N’y va pas. » Elle ne saurait plus dire si elles sont en froid, si les choses vont mieux ou pas, mais elle ne laissera pas un autre drame arriver sous ses yeux, pas cette fois.

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— A chaque fois qu’il me touche, j’ai l’impression qu’il laisse des traces acides sur ma peau, même à travers mes vêtements. J’aurais pu me délecter de la tête qu’il tire quand il se prend mon poing dans la figure, mais tout se passe trop vite pour qu’il ne reste pas que des bribes de satisfaction malsaine à l’avoir enfin fait. En une faction de seconde, il me rend ma violence brutalement et je dois porter une main à mon visage pour espérer amortir la douleur après coup. Mon nez m'élance terriblement, je vois des étoiles ; il me faut cligner des yeux plusieurs fois pour me remettre les idées en place. Mais avant que je n’ai le temps de dire quoi que ce soit, il empoigne mon col pour me plaquer contre le mur. Le choc brusque coupe ma respiration pour une seconde ou peut-être deux, je manque de m’étouffer au passage. Son visage passe de la rage à l’ironie en quelques secondes, c’est déroutant de le voir à l’aise dans une émotion que j’ai moi-même tant de mal à appréhender. Encore, il parle de Paco. A chaque fois qu’il prononce son prénom comme ça, j’ai l’impression qu’il m’arrache les oreilles avec – et je le déteste pour ça. De mon cœur tiraillé par les souvenirs que j’ai avec lui ou de ma tête submergée par le dégoût de voir son nom souillé comme ça à cause de moi, je ne sais plus où me placer. « Ça t’arrive de parler d’autre chose que ce que j’ai entre les jambes ? » Et pendant que je crache ce que je peux entre mes dents, je sens le liquide poisseux s’écouler de mon nez et le goût du fer dans ma bouche sans réagir. Je me doute bien que ma chemise va être ruinée en quelques secondes, mais quelle importance. Toujours voilé par une certaine incompréhension, mon visage n’affiche plus qu’un mépris condescendant ; une dernière défense à ses insultes et ses menaces dont je ne connais même pas la cause. « T’as vraiment rien d’autre à faire dans ta vie pathétique que de venir m’emmerder ? » Je hoche lentement la tête de droite à gauche, signe de dépit, de désapprobation, d’un dédain qui n’est plus à prouver. Quand ma main glisse rapidement jusqu’à son cou, j’ai l’impression qu’il y a un mouvement flou dans un coin de mon champ de vision déjà réduit par la colère. La voix presque redevenue calme, froide et posée, je jette encore la première chose qui me traverse l’esprit quand mes doigts commencent à se serrer autour de sa trachée. « Même les grands morts de ta grenouille ont plus de neurones connectés que toi, c’est dingue quand même d’être aussi con. » Je lève un peu le menton, je pourrais presque voir la lueur dangereuse qui vacille dans mes yeux en me regardant dans le reflet des siens.
Pendant ce temps, il y a comme une voix que je connais, pas forcément familière, qui résonne à côté de moi par dessus le brouhaha ambiant de la salle. Je n’identifie pas tout de suite à qui elle est, mais le murmure se répète et je tourne la tête pour fusiller du regard la personne qui essaye d’interrompre cet échange d’amabilités. Évidemment, comme si la situation pouvait encore empirer, je me retrouve nez à nez avec la harceleuse qui flotte là comme un fantôme. Partout où elle passe, les emmerdes suivent. C'est à croire qu'elle le fait exprès. Le regard noir comme si mon humeur pouvait encore se dégrader, je lui aboie presque à la figure. « Toi, mêle-toi de ton cul. » Et je m’attends presque à ce que l’autre abruti en profite pour se débattre, mais au point où j’en suis.

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— Visiblement, elle n’est pas la seule à parfois avoir des envies de sang ou de spectacle. Même si aujourd’hui elle est plus agacée qu’euphorique, elle se reconnaît dans l’attitude que Lysandre adopte et elle-même, il y a quelques semaines, criait aussi à l’attention de deux gars stupides. Elle esquisse un sourire ironique en se levant de sa chaise pour rejoindre Heidi, pleine de nobles intentions à n’en pas douter, et hoche doucement la tête aux recommandations d’April. Même quand elle s’installe à côté de son ancienne amie, elle peut entendre vaguement les discussions et suppositions aller bon train à propos de cette bagarre improvisée. La quatrième colocataire entre dans l’équation, qui semblait si réservée au premier abord ; décidément, rien ne va.
Quand elle impose son autorité à Heidi, elle s’attend presque à ce que celle-ci baisse la tête et approuve silencieusement. Mais à la place, l’ancienne amie se lève avec de l’inquiétude plein le visage ou quelque chose qui y ressemble. Elle lève les yeux au ciel, il ne manquait plus que ça. Laissant traîner un regard dédaigneux sur les trois protagonistes de la soirée, elle soupire bruyamment alors que les coups se mettent à pleuvoir dans tous les sens. Pas un pour rattraper l’autre, c’est d’un pathétique. Même si ce n’est pas dans ses habitudes, elle hésite. Elle a le choix entre insister pour qu’il n’arrive rien à Heidi quitte à passer pour la méchante, et partir sans demander son reste et ne jamais avoir l’assurance que tout finira bien – ou au moins correctement.
Mais elle n’a pas le temps d’y réfléchir, déjà la blonde dont l’anxiété transpire à chaque mot élève la voix. Elle retient un grognement disgracieux et se relève rapidement de la chaise pour se poster en face d’elle, entre la bagarre et son ancienne amie. L’air profondément dépassé, ou c’est ce qu’elle essaye de faire croire, elle peine à ne pas laisser son irritation transparaître dans ses paroles. « Arrête ça. » Elle se sait sèche, elle sait que ses traits se font durs et ses sourcils se froncent, elle n’hésite plus maintenant – c’est trop tard. Elle a le ton pressant, presque plein de reproches, comme si elle lui faisait la morale pour sa naïveté.  « D’abord il frappe les objets, ensuite il frappe ses potes. Tu crois que ton petit-ami va frapper qui, après ? » A vrai dire, elle n’en sait rien. Elle ne les connaît pas, elle ne connaît pas la nature de leur relation non plus. Mais elle ne peut pas ignorer les signes qu’elle voit, surtout si Heidi est impliquée. Est-ce que c’est une façon de se racheter auprès d’elle ou une manière de soulager sa conscience ? Elle ne sait pas non plus, mais si elle peut prévenir alors elle le fera.

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— Elle ne s’attendait pas à une telle réponse de la part d’Heidi, elle ne sait pas si elle doit en rire ou s’énerver. Alors, elle lève juste les yeux au ciel, agacée comme jamais, et croise les bras contre sa poitrine. Elle ne bougera pas d’ici, malgré les nouveaux airs revêches de son ancienne amie. Bizarrement, c’est la surprise qui domine sur le visage de la blonde quand elle entend l’argumentaire. Elle lève le menton, un peu fière de savoir qu’elle a raison et que cette fois, elle ne pourra pas être contredite. Mais Heidi essaye quand même, une fois remise de sa stupéfaction, secouant la tête doucement. Effarée, elle lâche un ricanement qui sonne faux à cette vaine tentative de défense. « On sait toutes les deux que tu n’aurais pas eu l’audace de porter fièrement ton célibat en venant ici toute seule, alors ça veut dire qu’il t’a invitée. Et si ce n’est pas ton copain, alors ce serait sacrément naïf de ta part de croire qu’il va rien tenter ce week-end. » Elle termine sa déclaration sur un ton presque résigné, elle lève un sourcil et fait mine de regarder ailleurs en soupirant – dépassée par une telle innocence, comme d’habitude. Les excuses pleuvent pour lui, ce gars qui est en train de se battre avec un autre à quelques mètres d’elles, elle ne fait pas semblant de ne pas s’y attendre. « Mais peu importe, ce n’est pas le sujet. » Elle hausse les épaules, à deux doigts de repartir s’asseoir avec ses colocataires de bien meilleure compagnie ; au moins tout à l’heure, elle en riait. Là, elle est juste agacée et de mauvaise humeur pour avoir voulu faire quelque chose de bien – ironique. Il y a comme une vague d’incertitude sur le visage d’Heidi, elle en profite pour lâcher une dernière remarque en fronçant les sourcils. « Pense ce que tu veux, mais tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenue. Aucun d’entre eux n’aurait fait de mal à une mouche, avant de le faire. »

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— Il y a deux trois échanges d’amabilités entre Axl et Moon-jeong, que je ne perçois pas très clairement. Le rythme effréné de mon cœur que j’entends battre si fort dans mes tempes couvre presque tout le reste. A vrai dire, je ne savais même pas qu’ils se connaissaient – mais ça ne m’étonne pas trop. Deux fouteurs de merde ensemble, pas de quoi envoyer un scoop à Fredelig News. Je lève les yeux au ciel avec un rictus ironique quand il me dit qu’il a autre chose à faire mais que je suis toujours en travers de son chemin. C’est pourtant lui qui vient me chercher, et presque à chaque fois en plus. Comme là, moi je n’ai rien demandé. En fait, je ne sais même pas pourquoi il m’en veut ; j’ai juste supposé que c’était gratuit, comme ça l’est souvent, je commence juste à en douter. Ma main se serre autour de son cou, maintenant c’est l’urgence de le faire taire qui domine. Juste qu’il arrête de parler, de déblatérer des énormités plus grosses que lui, que sa bouche immense et sans fond se ferme à tout jamais et qu’il reparte de là où il vient.
Je déteste cette prestance qu’elle a quand je lui intime de se mêler de ce qui la regarde, elle n’a rien à faire là, elle n’est ici que pour empirer les choses et je n’en ai vraiment pas besoin. Sa réponse glaçante ne lui vaudra qu’un regard noir de ma part ; si je n’étais pas occupé avec l’autre abruti, peut-être que j’aurais hurlé. Ils sont à deux contre un pour me pourrir la vie, maintenant ? C’est comme si l’immense salle du restaurant s’était réduite à quelques mètres autour de nous, je sens les regards et l’attention sur moi, j’aurais aimé pouvoir éviter tout ça. Pendant une seconde, je me souviens que je suis venu avec Heidi, et qu’elle doit avoir une bien piètre image de moi maintenant que j’ai démarré une bagarre lors d’un week-end de détente et que j’ai le nez ensanglanté. Si je n’étais pas si hors de moi, j’aurais peut-être repris mes esprits pour tout laisser tomber et l’ignorer. Mais c’est trop tard, je suis embourbé dans une situation dont le contrôle m’échappe.
Dans le temps infime que j’ai pris à répondre à la coréenne, il se défait de ma prise. Mon regard soudainement attiré par ses gestes chaotiques, j’aurais presque pu rire tant la situation n’a aucun sens. Aux premières loges pour voir Axl frapper son acolyte par accident, je m’imagine sans mal la douleur qu’elle ressent puisque je suis passé par là il y a quelques secondes. On dirait qu’elle a l’air sonnée, le petit juron qu’elle lâche me le confirme. Et quand le débile de service passe de la violence à l’inquiétude en trois secondes chronomètre en main, je dois me retenir de ne pas soupirer encore. Tout ça ne mène nulle part. Il se confond en excuse, mais tout ce qu’il trouve à faire, c’est m’accuser pour quelque chose que je n’ai toujours pas fait. S’il avait pu me foudroyer sur place, il l’aurait fait. Mais ce qui me dégoûte dans tout ça, c’est qu’il soit le seul dont le visage est encore immaculé. C’est puérile, ça ne sert à rien. Et pourtant je n’arrive pas à m’arrêter quand je mets toute ma force pour lui casser le nez une bonne fois pour toute. « T’as fait ça tout seul, j’ai rien à voir là-dedans ! » Je lui abois dessus au passage, parce que tant que j’y suis, autant faire les choses à fond. J’en ai marre d’être son passe-temps préféré et je ne comprends rien à ce qu’il se passe, alors il faut que ça s’arrête.
Il y a comme un énorme blanc, un moment de flottement bizarre, quand je réalise ce qu’il vient de se passer. Moon-jeong s’est interposée entre Axl et moi, j’aurais du la voir venir. Pourquoi elle l’a protégé alors qu’il vient de lui mettre un coup ? J’ai les yeux grands ouverts et l’air un peu hagard un instant, j’ai l’impression de revenir brutalement sur terre. Toute la colère et l’aveuglement de tout à l’heure se sont envolés ; il ne reste qu'un mélange indigeste de mépris et de culpabilité, des souvenirs d’une hargne qui ne m’appartient pas, d’une volonté de nuire qui va me hanter pour longtemps. J’ai un mouvement de recul, je m’éloigne légèrement d’eux deux sans trop savoir ce qu’il s’est passé. Est-ce qu’elle s’est pris le coup de plein fouet ? Est-ce qu’elle a esquivé ? Non, j’ai bien senti quelque chose contre mes phalanges. Alors, quoi ? « Mais toi aussi t’es stupide ou quoi ? Pourquoi t’as fait ça ? » Il y a presque plus d’incompréhension que de rage dans ma voix, peut-être une pointe d’inquiétude aussi. Parce que mine de rien, j’en suis venu à vouloir faire du mal à un point qui ne m’est que rarement arrivé ; et contrairement à Axl, je n’attaque pas les gens au hasard comme si ça avait une chance de régler tous mes problèmes. En tout cas, j'essaye de me persuader que ce n'était qu'un accident, une erreur et pas une envie malsaine refoulée. Ce n’est pas comme si je la portais dans mon cœur, mais deux trois photos pas très légales et une attitude désagréable, ce n’est pas assez pour que je lui refasse le portrait. Je fais de mon mieux pour m'en convaincre. Une lueur de malaise me voile le visage, je sens que ma voix perd de sa puissance quand je me rends compte de ce que j’ai fait. « Je sais pas c’est quoi votre problème à tous les deux, mais laissez-moi en dehors de tout ça. » C’est nul, comme dernière défense ; mais c’est la seule chose que je trouve à dire à ce moment là.

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— Derrière elle, les coups pleuvent bizarrement, et devant elle, il y a le visage d’Heidi qu’elle peine à déchiffrer. Pour une fois, c’est difficile de lire en elle. Malgré ses remarques acerbes et moqueuses, ce serait mentir de dire qu’elle ne se doute pas un peu de l’état dans lequel l’ancienne amie est. Les choses entre elles sont pires qu’avant, elle n’aurait pas cru ça possible et pourtant. Tandis que l’autre se perd dans des explications inutiles et inintéressantes, elle lève les yeux au ciel. Elle s’en fiche, Heidi sort avec qui elle veut – ou ne sort pas avec qui elle ne veut pas, en l’occurrence. Son interlocutrice est clairement sur la défensive et nerveuse, mais elle a de toute façon déjà terminé ce qu’elle avait à faire. « Ouais, bien sûr. Si tu le dis. » Mais elle voit bien que malgré ses arguments, elle a semé le doute et le trouble là où il n’y avait vraiment pas besoin d’en avoir. Elle sait qu'elle a raison, et ça fait du bien de voir les autres commencer à s'en rendre compte aussi.
En voyant Heidi porter une main à sa bouche comme si la maire venait de débarquer en maillot de bain, elle se retourne vivement pour constater le désastre elle-même. Pas de bikini, seulement la quatrième colocataire avec le nez en sang à son tour. Super, en plus de ça il va falloir jouer au docteur dans la suite. La voix alarmée de son ancienne amie l’agace plus que de raison, elle soupire entre une fois et la retient avant qu’elle ne puisse bouger. « Non, regarde. » Elle désigne les trois participants à la bagarre improvisée avec un vague geste du menton et ne les quitte pas des yeux. La tension est encore palpable dans l’air, mais il lui semble qu’ils ont décidé de s’arrêter, pour un instant au moins. « Ils ont l’air d’avoir fini leurs bêtises bientôt, tu vas pouvoir demander des explications. » Comme si Heidi allait avoir assez de courage ou de volonté pour le faire, comme si elle allait lui transmettre ce genre d'information pour satisfaire une curiosité inappropriée. Elle a un sourire en coin, peut-être moqueur, peut-être encourageant. Elle-même ne sait pas vraiment. Réalisant soudainement où est encore accrochée sa main, elle lui lâche le bras et s’en retourne à sa place sans demander son reste – avec la sensation amer du devoir à moitié fait. Elle est agacée, elle ne pourra pas afficher ce visage un peu insouciant, un peu chaotique de tout à l’heure, mais revoir ses colocataires lui met du baume au cœur. « Alors, je vous ai manqué ? »