[RP commun] Première soirée au resort

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— Tout va très vite, rien n’a de sens. C’est comme s’il y avait des mots hurlés au hasard sans que personne ne se fatigue à faire de phrase cohérente, des coups échangés sans raison autre que l’agacement naturel qui flotte entre lui et moi – et entre elle et moi aussi. Je ne comprends pas ce qu’il vient de se passer, mais elle ne l’aurait pas protégé s’ils ne se connaissaient pas un minimum je suppose. Donc quoi, d’abord elle me harcèle et maintenant elle m’envoie la compagnie des chiens enragés ? Ils vont bien ensemble, ça c’est clair ; ils ont déjà une tonne de points communs. Peut-être qu’il devrait lâcher sa rousse qui ne tient pas à l’alcool et se mettre avec elle.
Je déteste cette façon qu’il a de considérer qu’il ne peut pas avoir tort, de me repousser comme si je n’étais rien d’autre qu’une nuisance sur son chemin alors qu’il est celui qui vient constamment me chercher. Il y a un rictus ironique sur le bord de mes lèvres quand il m’ordonne de partir et je soupire sans m’en rendre compte. Comme s’il avait le droit d’exiger quoi que ce soit après que je l’ai suivi jusqu’ici pour… je ne sais pas pourquoi. Pour ne pas embarrasser Heidi et faire une scène au restaurant ? Bah, c’est réussi. C’est même encore mieux, elle doit avoir tellement honte d’être venue avec moi – autant que moi je culpabilise de m’être laissé entraîner là-dedans sans protester plus que ça. Est-ce que c’était ça, son but ? M’afficher en public et me faire perdre le peu de considération que certaines personnes ont encore envers moi ? Si oui, alors je suis tombé dedans comme le dernier des imbéciles.
Il me semble qu’elle a un moment d’absence – ou peut-être que je lui ai vraiment fait mal – je ne saurais pas vraiment dire. Mais avant que je ne puisse réaliser autre chose, elle m’empoigne par le col et me bascule en arrière. J’aurais pu me retrouver les fesses directement par terre si le mur n’avait pas été à quelques centimètres pour absorber une partie de ma chute, mais je suis quand même obligé de me rattraper si je veux glisser plutôt que tomber au sol directement. Les yeux un peu écarquillés, j’encaisse sa réponse autant que la vitesse avec laquelle elle m’a mis hors d’état de nuire. Je fronce les sourcils, l’air soudainement sombre ; il faut que je serre les dents pour ne pas lui cracher ma réponse au visage. « Peut-être que j’aurais du, ça aurait réglé pas mal de mes problèmes. » Je ne suis même pas certain d’en être capable, mais je me surprends à penser que le simple fait de l’avoir envisagé pendant une seconde ne fait pas de moi quelqu’un de très innocent dans cette histoire. Il y a un moment de flottement bizarre où la colère m’empêche de comprendre ce que je peux lire sur son visage, c’est comme si on avait tous les deux découverts une nouvelle émotion ce soir – moi, la colère et elle, ce qu’elle montre brièvement avec ses yeux.
Un autre soupir profondément agacé et je lève les yeux au ciel quand il rouvre la bouche pour en rajouter. « C’est quoi ton putain de... » Mais sans que je n’ai pu le voir venir, il finit lui aussi par se faire mettre au sol. « Problème ? » Je cligne des yeux plusieurs fois, le visage couvert d’une perplexité visible et mon regard passe rapidement de l’un à l’autre. Elle n’a pas l’air très bien, mais lui il a toujours autant une tête d’abruti. Ce n’est pas difficile de réaliser que cette situation est totalement absurde quand elle lui souffle d’arrêter. Et pendant le moment de flottement ou personne ne dit rien, j’en profite pour me relever. D’abord un peu surpris par ses brusques excuses faites à voix basse, je finis par lui rendre un regard noir. « Ouais, je suis sûr que tu l’es. » J'aurais peut-être du m'excuser aussi, parce que mon coup ne lui était pas destiné et que j'ai quand même du lui faire mal sans réellement le vouloir, mais rien de traverse ma gorge serrée. Je la regarde s’éloigner difficilement avec le menton haut, même s’il doit sûrement être couvert de mon sang maintenant. Moi aussi, je m’enfilerais bien un paquet entier de cigarettes. Mais ce serait particulièrement gênant et inapproprié d’aller fumer au même endroit qu’elle à ce moment là, alors ma frustration et mon envie de tout envoyer valser vont devoir attendre quelques heures.
C’est comme si j’avais retrouvé mes esprits, alors je prends le temps de respirer quelques instants avant de lancer un dernier regard dédaigneux à Axl. « Bande de dégénérés. » Les derniers mots lancés avec une voix dangereusement basse se perde dans le brouhaha ambiant du restaurant qui reprend brutalement vie. Et puis, je me dirige vers ma place à la table, en espérant que personne ne m’ait attendu pour commencer le dessert. Je n’ai pas la force de lever la tête pour regarder Heidi dans les yeux ; si j’avais su, jamais je n’aurais suivi cet ahuri. D’un geste presque rageur, encore secoué par les coups, l’adrénaline et la colère, je m’empare de ma serviette en tissu pour la coller sous mon nez et arrêter le saignement, faisant s'entrechoquer ma fourchette avec mon assiette au passage. Mes yeux glissent vers les mains de mon amie qui me tendent du papier pour m’aider, mais j’ignore son attention pourtant délicate après une telle démonstration – par fierté, par honte sûrement aussi. Le regard rivé vers mon plat qui a du refroidir, je constate avec une moue agacée que je n’ai même plus faim. Je tourne et retourne la situation dans tous les sens dans ma tête, mais la seule chose que je trouve à dire c’est que je lui expliquerais plus tard. Elle ne mérite pas ça, je lui ai déjà servi cette excuse tellement de fois que j’en suis moi-même fatigué d’avance. Je soupire bruyamment, renifle un coup et repositionne la serviette près de mes narines. « Désolé de t’avoir foutu la honte devant tout le monde. » Elle va poser des questions auxquelles ça va être compliqué pour moi de trouver une réponse, mais je ne peux plus continuellement repousser le moment où je vais devoir lui parler sérieusement. Surtout après un spectacle pareil, j’imagine que son opinion de moi doit être au plus bas.

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— Son regard pèse sur moi sans que je n’ai à tourner la tête pour la voir. Entre deux reniflements disgracieux, je replace la serviette en tissu de sorte qu’elle continue d’absorber pour ne pas en mettre partout – je crois que ma chemise a suffisamment pris pour le reste. Je saigne beaucoup, j’ai mal à la tête et je suis particulièrement hors de moi ; mais en me touchant un peu le nez rien ne craque excessivement ou semble ne pas être à peu près à sa place. J’ose espérer que ça veut dire que je n’ai rien de cassé. Comme si c’était la moindre des choses après m’être donné en spectacle comme ça, je m’excuse auprès d’Heidi qui a quand même pris la peine de déposer les mouchoirs en papier à ma portée.
Brusquement déstabilisé par sa réponse, je relève la tête vers elle et écarquille les yeux sous la surprise. « Quoi ? » Comment est-ce qu’elle a pu en venir à une conclusion pareille ? L’air profondément confus et une grimace collée au visage, je secoue la tête de droite à gauche en fronçant les sourcils comme si elle venait d’évoquer la chose la plus improbable que j’aurais pu imaginer – et c’est un peu le cas. Si seulement elle savait de qui il était vraiment question, peut-être qu'elle m'aurait regardé avec un air plein de dégoût plutôt que cette inquiète incompréhension. « Non, c’est vraiment pas ça. Oh mon dieu non, surtout pas. » D’un vague geste de la main, j’essaye d’appuyer mes propos mais je ne dois pas être très convainquant avec ma serviette sous le nez et ma tête encore ahurie. Il y a comme un frisson bizarre qui me traverse le dos à l’idée de devoir le confronter pour cette raison là. Encore un peu désorienté, je fais mine de réfléchir à comment m’échapper de cette situation. Mais rien ne vient, je ne peux pas fuir cette fois. « On s’est battu parce que… euh... » L’air perdu, mon regard se met à flotter dans la pièce comme si ça allait me donner une réponse. Avec tout ça, cet imbécile ne m’a même pas dit ce qu’il me voulait, alors je ne sais pas quoi dire à Heidi. « En fait, j’en sais rien. Il m’a pas dit ce qu’il me voulait. » Quitte à être honnête, je soupire et rends les armes en laissant échapper la triste vérité. Se battre et même porter le premier coup pour aucune raison, j’ai bien conscience que ça va me faire passer pour un psychopathe. Alors je prends le peu de courage que j’ai à deux mains, résigné. « Enfin, ça a jamais été l’amour fou entre lui et moi, mais là on s’est surtout insulté et je sais même pas pourquoi. » Les lèvres pincées, je sais ce que j’ai à dire mais ce n’est pas évident – j’ai peur qu’elle pose encore plus de questions, qu’elle remarque ma formulation particulièrement vague. « On en est venu aux mains parce qu’il m’a menacé. Et c’était stupide de ma part de répondre comme ça alors qu’il voulait probablement juste me provoquer avec son chantage à deux balles. » La colère encore présente dans ma voix, je laisse sortir des vulgarités que je n’aurais sûrement pas dites si j’avais été dans une autre situation. Ça me coûte d’admettre que je suis tombé en plein dans le piège qu’il m’a tendu, mais c’est vrai – pathétique, mais pas moins vrai. Je devrais lui dire, tout lui dire, mais pas maintenant ; pas là alors que n’importe qui pourrait laisser traîner ses oreilles et entendre des bribes de notre conversation. Je ferme doucement les yeux, comme pour me concentrer sur ma respiration, pour essayer de me reprendre. Et puis, après un autre long soupir, je la regarde à nouveau dans les yeux et hausse les épaules. « Par contre Moon-jeong, je sais pas ce qu’elle foutait là. Elle et moi on s’entend pas non plus. Et de toute façon, à chaque fois que j’ai des emmerdes, elle est jamais très loin. J'imagine que c'est pour ça qu'ils s'entendent bien tous les deux. » Je lève un sourcil perplexe en terminant mon explication, c'est clair qu'ils se sont bien trouvés – comme si ça allait m'arracher la langue de prononcer son nom, je l'évite comme la peste. Une petite moue boudeuse sur le visage, je réalise petit à petit l’absurdité de ce qui vient de se passer. Décidément, ce n’est pas gagné d’avance pour regagner la confiance d’Heidi.

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— Elle n’a pas l’air de vouloir insister sur cette histoire de triangle amoureux, alors ça me rassure autant que ça peut. Mine de rien, c’est déjà un poids en moins si elle me croit au moins sur ça. Son explication n’est pas bête, mais je crois que je suis profondément heureux que ça ne soit pas le cas. Les regards autour de nous sont lourds, j’aurais aimé pouvoir lui parler en privé ; mais au final, même dans notre suite l’ambiance est tendue. Évidemment, vu comment mes explications doivent sonner, je comprends qu’elle soit confuse. C’était même couru d’avance. Je me tends soudainement quand elle répète mes mots comme pour s’assurer qu’elle a bien entendu. Après un temps de réflexion, je soupire légèrement ; de toute façon, je ne peux pas la laisser complètement dans le flou à propos de ces menaces – même si je ne lui dis pas tout. « C’est… compliqué. » C’est difficile d'improviser, je n’ai jamais été un bon menteur. En désespoir de cause, je lui fais la promesse silencieuse de clarifier toutes les zones d’ombres dans l’histoire, plus tard. « Je t’en parlerais quand je serais sûr que les murs n’ont pas des oreilles. » Le tissu sous mon nez commence à sérieusement rougir, alors je m’empare des serviettes en papier avec une main un peu timide. Il y a un long silence, entrecoupé par mes reniflements, et elle reprend la parole. Son conseil m’apparaît comme dérisoire, mais je comprends ce qu’elle essaye de faire. Passer un week-end tranquille, comme on l’avait prévu. « Ouais, c’est généralement ce que je fais. Mais t’as vu comme moi qu’il m’a pas franchement laissé le choix. » Je hausse les épaules, entre perplexité et résignation. Après cette dérouillée pour nous trois, je ne pense pas que les hostilités reprennent tout de suite. Mais son imbécillité ne semble connaître aucune limite, alors je ne peux pas en être sûr.
Je fronce un peu du nez quand Heidi évoque le fait que Moon-jeong avait l’air de nous séparer – me tirant une grimace à cause de la douleur au passage. Je n’en sais trop rien, mais c’est vrai que son intervention a eu le mérite de nous arrêter. « Peut-être. » Ou alors, elle savait ce qui se passait, ou ce qui allait se passer, pour une raison ou pour une autre. Et cette seconde possibilité me fait froid dans le dos. Avec une pointe de culpabilité, je la regarde jeter des regards tristes à son repas qu’elle ne finira probablement pas. Et puis, elle finit par me proposer de la glace avant de détourner les yeux ; j’imagine que je dois vraiment avoir une sale tête. Je souris faiblement, retiens un rire stupide. « En dessert ? » Une tentative d’humour vaseux pour essayer de dédramatiser, j’espère au moins la faire sourire même si de mon côté c'est raté. La distance qu’il y a brusquement entre nous est évidente, on dirait que malgré tout ce que je fais pour qu’on se rapproche après mon erreur monumentale, l’univers trouve toujours quelque chose à mettre en nous.

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— De nouveau assise sagement à sa place, elle sourit un peu à la remarque d’April. Hochant doucement la tête, elle ne peut pas la contredire, c’est vrai que son passage express du côté de la bagarre pour empêcher une Heidi un peu trop zélée d’intervenir était assez téméraire. Elle hausse les épaules, résignée. « Ouais… il faut bien que quelqu’un empêche les dommages collatéraux. » Si seulement les deux colocataires savaient pourquoi elle est intervenue, peut-être qu’elle serait moins populaire soudainement. Elle balaye ses inquiétudes en même temps qu’elle replace ses cheveux derrière son épaule et sans un regard pour son plat pourtant appétissant, elle attrape entre ses doigts la coupe de champagne la plus proche.
Sous les regards inquisiteurs de Lysandre et April, elle se sent en position de force, mais elle n’a malheureusement pas grand-chose de plus à leur apporter ; elle est plus ébranlée qu'elle n'aimerait l'admettre. « Mh, ce n’était pas très clair pour être honnête. » Elle avoue sans honte, retournant la situation dans sa tête sans en trouver de sens. Leurs suppositions seraient intéressantes, mais vu de là où elle était, ça ne ressemblait pas vraiment à une querelle amoureuse ni à une compétition quelconque. « Mais je ne crois pas qu’ils se battaient pour une fille… ? » Sa voix se fait plus hésitante, elle penche un peu la tête sur le côté en pinçant les lèvres – fait mine de réfléchir. « Désolée de vous décevoir, il va falloir mener l’enquête pour en savoir un peu plus ! » Elle lève un sourcil, parce qu’elle n’est pas du tout désolée. Elle aussi, elle aimerait en savoir plus, et le rictus sur le bord de ses lèvres en dit plus long qu’elle. Est-ce qu’il va vraiment falloir qu’elle et ses nouvelles acolytes enfilent leurs tenues de Sherlock Holmes pour le week-end ? On dirait bien.

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— Avec un regard vague autour de nous, je sens bien que tout le monde laisse un peu trainer ses oreilles pour avoir le fin mot de l’histoire. Comme une promesse que je ne suis pas sûr de tenir, je lui dis que je lui raconterais tout une fois qu’on sera seul – même si les occasions me semblent réduites dans un tel endroit, peut-être que ça devra attendre qu’on rentre. Elle hoche la tête en silence, et finit même par m’accorder qu’Axl est bien celui qui est venu me chercher cette fois. C’est comme si elle essayait de démêler toute cette histoire à ma place, je suis juste là à côté d’elle, à la regarder froncer les sourcils et se triturer les méninges pour trouver un sens à tout ça. Moi, j’ai abandonné. Vu ce qu’il m’a menacé de faire, je penche pour la méchanceté pure en dépit de toute logique. Les choses n’ont jamais été assez sérieuses entre nous pour qu’il puisse envisager ou même avoir une raison de faire ça, alors quoi ? Je ne sais pas. Peut-être qu’Heidi a raison, qu’il s’agit d’un malentendu et que j’étais le coupable idéal pour quelque chose qui lui est arrivé. Je partage sa mine un peu déconfite. « Mh. Je sais pas non plus. » Mais c’est sûr que c’était bizarre ; après, je ne suis ni assez curieux, ni assez intéressé par lui pour aller le chercher par la peau des fesses pour savoir de quoi il était question. Plus loin de lui je serai, mieux je me porterai désormais.
A mon grand soulagement, elle rebondit sur ma blague miteuse. Je ne sais pas si je suis plus amusé par sa réponse horrible ou par la tête des gens en face de nous, mais c’est collector. Sans pouvoir m’empêcher de pouffer, je me rassure en me disant qu’elle espère peut-être encore passer un bon week-end – et je vais tout faire pour que ça soit le cas, malgré l’appréhension naissante dans ma poitrine. Elle finit quand même par demander de la vraie glace au serveur qui n’a pas l’air ravi, même s’il revient avec peu de temps plus tard. Le froid sur le bout du nez, j’ai quand même retrouvé assez d’appétit pour manger mon dessert et le saignement s’est à peu près arrêté. Pour l’heure, les choses s’améliorent – mais pour combien de temps encore.