[RP commun] Première soirée au resort

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— On ne peut pas dire que le début de ce séjour se passe bien pour moi. A vrai dire, j’étais loin de me douter que Paco serait ici, et maintenant que je l’ai vu et que j’ai accepté la douce ironie d’être dans la même suite que lui, voir des couples partout autour de moi commence à me dégoûter plus que de raison. J’ai hâte d’être à demain, quand chacun sera occupé à ses affaires ; parce que là, l’air commence sérieusement à manquer. Une longue inspiration plus tard, je m’arme de tout le courage et la motivation nécessaires pour ne pas afficher un air plus boudeur que de raison. Je ne suis pas venu ici pour qu’Heidi passe un mauvais moment – ça, ce serait vraiment la cerise sur le gâteau.
Sincèrement navré, je lui adresse un pâle sourire alors qu’on se dirige vers la salle où le repas sera servi et lui tend le bras comme une alternative plus sobre à l’entrelacement de doigts visiblement réglementaire en ces lieux. On est probablement en avance vu ma précipitation à vouloir m’échapper de cette chambre, mais j’ai quand même pris le temps de me changer avant d’y aller. « Pardon pour tout à l’heure. » J’imagine que c’est la moindre des choses de s’excuser, après une arrivée catastrophique comme celle-ci. J’ai l’impression que peu importe les efforts que je fais pour faire en sorte que les choses s’arrangent, rien ne va. « C’est… une longue histoire. » J’essaye de ne pas trop m’étaler là-dessus maintenant, je n’ai pas particulièrement envie de lui couper l’appétit. Je soupire encore une fois et me reprend rapidement quand on arrive dans le restaurant à la lumière tamisée et à la vue sublime. Même si jusqu’ici je ne me suis pas vraiment fait la réflexion, je commence à me demander sérieusement si elle n’aurait pas préféré y aller avec quelqu’un d’autre – quelqu’un qu’elle aime, par exemple. Mais je chasse ces pensées de ma tête et lui accorde un sourire plus franc cette fois. « Donc… on a le choix entre les grandes tables en groupe ou le dîner en tête à tête, si j'ai bien compris. Tu préfères quoi ? » Autant lui poser la question directement, je préférerais qu’elle soit à l’aise – et puis, l’un ou l’autre, ça m’est égal.

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— Le trajet en bus lui a semblé plus long qu’il ne l’était en réalité, et elle en a regretté amèrement de ne pas encore avoir passé son permis. Mais une fois arrivée sur place, elle a pu se réjouir rapidement du luxe qui s’est étalé devant ses yeux. Chose rare, elle a d’abord été un peu incertaine quant à sa décision d’être de la partie. Pas d’amant ou d’amoureux en vue, une aversion prononcée pour ce que la majorité de la gente masculine peut faire, alors… à quoi bon fêter la Saint Valentin dans ces conditions ? Aussi frileuse qu’elle puisse être par rapport à l’amour et aux engagements, elle s’est autorisée cet écart dans sa vie au rythme effréné. Un séjour tous frais payé au paradis ? Impossible à refuser, même quand on a suffisamment d’argent pour l’organiser soi-même. Et puis, qui ne tente rien n’a rien. Dans le pire des cas, même si elle ne rencontre pas son âme sœur, elle aura au moins profité du spa.
Alors après avoir découvert sa suite partagée avec d’autres célibataires, elle s’est installée promptement dans sa chambre. Habituée au confort, elle n’a pas rechigné devant le champagne offert gracieusement. C’est donc le sourire aux lèvres et la tenue parfaitement ajustée qu’elle se rend dans la somptueuse salle où le repas du soir a lieu. Maquillée plus légèrement que d’habitude, elle porte un tailleur fleuri un peu cintré. Toujours sociable et avenante malgré un égocentrisme prononcé, elle choisit la table la plus grande pour s’installer au centre – là où tout le monde la verra et l’entendra. Et pendant ce temps, les places se remplissent petit à petit, de couples et d’autres. Une coupe de champagne délicatement calée entre ses doigts, elle se tourne vers la personne assise à côté d’elle avec un air curieux sur le visage, faisant onduler ses cheveux blonds par la même occasion. « Hallo ! » Elle croise les jambes sous la table et porte l’alcool à ses lèvres.

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— Un peu soulagé qu’elle accepte mon bras avec un sourire, on se dirige vers le restaurant où il y a déjà quelques personnes. Malgré mes sobres excuses, elle ne semble pas vouloir remuer le couteau dans la plaie et me rassure encore une fois. Je lui accorde un faible sourire désolé, conscient que je ne démarre pas très bien mon week-end de rattrapage. « Mh, j’espère. » Les lèvres pincées et la mâchoire contractée, je prie aussi pour que ça ne soit pas grave. J’aurais aimé tout pouvoir lui dire, mais ça implique tellement de choses. Je la regarde avec une certaine distance, une douleur sourde au fond des yeux, sans rien dire de plus. Il faut que je lui parle, à elle. Si ce n’est pas elle, alors qui ? Elle mérite de savoir, de comprendre.
Mais pour l’heure, c’est le dîner qui nous attend. Je jauge un peu la salle avant de lui exposer les choix possibles, et elle propose de s’installer avec d’autres têtes connues. « Ouais, ça me va. » Je hoche doucement, elle a raison. On ne va pas faire bande à part pendant tout le séjour alors même qu’on est un des seuls binômes à ne pas être en couple. D’un rapide mouvement de la tête, j’observe les visages et c’est avec un certain soulagement que je vois celui d’Ana mais pas celui de Paco. J’ai beau le chercher même quand il n’est pas là, éviter un moment comme celui de tout à l’heure me semble plus important.
Heidi toujours à mon bras, je l’emmène vers une table déjà un peu occupée dans l’espoir que ça lui convienne. Même si je sais qu’elle n’est pas du genre à se plaindre ou à refuser une invitation, j’ai toujours peur qu’elle regrette ou de lui imposer des choses qu’elle n’aurait pas envie de faire. « Hallo. » Un petit geste de la main, je salue les personnes déjà présentes à la table et m’installe de sorte à ce qu’Heidi soit entre moi et les éventuelles possibilités de sociabilisation. Les yeux vaguement posés sur la carte au milieu de la table, je me demande si c'est vraiment correct de s'enfiler une bouteille de champagne tout seul.

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— Rapidement rejointe à sa table par son amie et colocataire pour le week-end, elle se réjouit de sa présence à ses côtés. Après quelques banalités échangées, une autre fille vient s’installer en face d’elle ; il ne lui semble pas l’avoir déjà vue à Fredelig ou ailleurs. Pourtant si elle est là, c’est qu’elle doit faire partie du séjour organisé par la maire elle aussi. Plissant un peu les yeux, suspicieuse, elle scrute son visage en sirotant son champagne. Elle aurait pu se vanter de connaître tous les visages de la ville, mais ce n’est visiblement pas le cas.
Elle accorde un sourire en coin à April avant se s’accouder à la table pour entendre ce que la fille en face d’elle dit. Et puis, c’est tout naturellement qu’elle éclate d’un rire clair à la remarque sur les aphrodisiaques dans les boissons. « Ça ne m’étonnerait pas ! » Une main portée sous son menton, elle se donne un de ses airs supérieurs avant de continuer pour exposer le plan diabolique qui vient de germer dans son esprit. « Si tu veux mon avis, autant manger et boire le plus possible. » Elle lève un sourcil provocateur, attend que ses mots fassent leur petit effets avant de continuer. « Comme ça si c'est vraiment le cas, on pourra attaquer le restaurant en justice après. » Une gorgée de ce délicieux champagne vient conclure cette machination machiavélique. Si elle ne trouve pas de Valentin, elle compte au moins rentabiliser le séjour – d'une façon ou d'une autre. Reposant des yeux plus sages qu’il y a quelques instants sur l’inconnue en face d’elle, la couleur de ses cheveux la fascine suffisamment pour qu’elle pense à complimenter quelqu’un d’autre qu’elle-même. « Jolie couleur, au passage. »

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— Et pendant qu’elle répond à la fille aux cheveux roses devant elle, elle voit une ombre du passé se faufiler non loin. Appliquée à ne pas croiser le regard d’Heidi, elle tente de garder la face en sachant pertinemment que tout ce week-end détente sera bien plus compliqué si elle est dans les parages. En plus, l’ancienne amie est accompagnée, et elle non. Elle sait que la compétition sur ce sujet là est futile, mais elle ne peut pas s’empêcher de ressentir ça comme un échec personnel.
La grimace de l’inconnue a un écho bizarre avec son propre vécu et la coïncidence de la présence de la blonde à quelques mètres est un peu trop belle, elle qui est terrifiée par l’idée de tomber enceinte un jour comprend bien cette sensation. Les traits un peu plus durs et le sourire soudainement effacé, elle hoche doucement la tête pour éviter de se vendre comme un livre ouvert. Elle sait qu’eux les norvégiens, ont ce défaut de ne pas se protéger et ça l’effraye autant que ça devrait. « Bah, même si t’as pas de contraception il reste toujours les préservatifs. » Elle fait mine de rien, de ne pas être affectée par cette discussion, et hausse les épaules. « J’en ai dans ma chambre, si tu veux faire des réserves en prévision. » Un clin d’œil insolent à l’attention de son interlocutrice, elle sait qu’il vaut mieux prévenir que guérir – sans se priver pour autant.
« N’est-ce pas ? » Ravie d’entendre quelqu’un qui partage ses idées malsaines basées sur une théorie du complot fumeuse, ça la distrait suffisamment pour ne pas penser au fait qu’elle est seule pendant la saint Valentin et qu’elle n’a eu personne à inviter ici. « Oh, j’espère que c’est une proposition parce que j’ai déjà un milliard d’idées. » Plus par esprit de contradiction que par réel désir de vengeance ou de jalousie, elle a envie de faire en sorte que ce petit séjour ne se passe pas comme prévu pour tous ces couples qui n’ont aucune retenue autour d’elles. Désignant sa colocataire temporaire d'un vague geste de la main, elle reprend. « April et moi on est dans la suite numéro deux, hésite pas à passer ! » Elle n’est pas certaine de savoir dans quoi elle s’embarque, mais elle est toujours partante quand il s’agit de semer le chaos. Tournée soudainement vers la brune, elle reprend une gorgée de son champagne avec un rictus mauvais sur le visage. « Qu’est-ce que t’en penses ? Tu comptais chasser du Valentin ou tu es de la partie ? » Elle lève un sourcil provocateur, bien trop passionnée par ses propres plans diaboliques. Elle a la douce sensation qu’une équipe infernale est en train de se former, et ça n’est pas pour lui déplaire.

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— Quand on s’approche de la table, j’ai l’impression qu’Heidi devient un peu crispée à mon bras. J’ai un regard un peu inquiet, un peu soucieux à son attention, incertain de la démarche à suivre. Est-ce qu’elle regrette d’avoir choisi le groupe et qu’elle n’ose pas me le dire ? Ou alors, elle a vu quelqu’un qu’elle n’apprécie pas. Ce serait carrément déplacé de lui poser la question après tout ce qu’il s’est passé entre nous, mais j’ai du mal à ne pas y penser.
Dans la salle, il y a de plus en plus de têtes connues – certaines désagréables à regarder, d’autres un peu moins. Je laisse Heidi faire les présentations et la conversation, silencieux à côté d’elle tandis que les plats commencent à arriver doucement. Haussant les sourcils à sa remarque, j’étouffe un soupir amusé et me penche pour lire le menu par dessus son épaule. C’est vrai, ça a l’air copieux – déjà que je ne mange pas énormément d’habitude, l’entrée pourrait me servir de repas complet. « C'est ça. En fait, tout est calculé pour nous forcer à sortir de nos chambres. » Je ricane un peu nerveusement en pensant à ce que certains pourraient faire s’il n’y avait pas eu toutes ces possibilités et activités, c’est un peu gênant. Non loin de nous, les conversations vont bon train, mais heureusement on n’a pas l’air entourés de couples. Finalement, je me réinstalle contre le dossier de ma chaise et lui jette un coup d’œil incertain. « Est-ce que t’as déjà réfléchi à ce que tu voulais faire ? »